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Interview

Christa Rigozzi: «Je ne serais jamais sortie avec un macho»

Christa Rigozzi, élue Miss Suisse il y a dix-sept ans, est devenue une animatrice très sollicitée. Celle qui a aussi étudié la criminologie vient de fêter ses 40 ans, lance une nouvelle émission TV et raconte sa vie de femme d’affaires, de mère et d’épouse.

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Femme d’affaires: même durant les shootings, Christa Rigozzi répond à ses e-mails.

Femme d’affaires: même durant les shootings, Christa Rigozzi répond à ses e-mails. «Au travail, je me donne toujours à 200%.»

Oliver Rust

Christa Rigozzi a deux raisons de se réjouir. Elle vient de célébrer ses 40 ans et sa nouvelle émission a débuté sur la télévision alémanique (Sat.1 Schweiz). Dans «Fashion Taxi», elle accompagne des personnes qui souhaitent s’habiller pour une occasion particulière. Elle peut faire briller ses compétences clés: sa facilité de contact avec les gens et son sens de la mise en scène. 

- Christa Rigozzi, comment vous décririez-vous à quelqu’un qui ne vous connaît pas? 
- Christa Rigozzi: 
Je suis naturelle et terre à terre. Une femme mûre qui a vécu beaucoup de choses ces dernières années. Une mère heureuse, une Suissesse et une Tessinoise fière de l’être. Je suis ouverte à beaucoup de choses et toujours curieuse. C’est ça, Christa.  

- Et d’un autre côté, où êtes-vous vulnérable? 
- Je suis très honnête et émotive. Avec des partenaires de longue date, des amitiés se nouent. Si, après de nombreuses années, quelqu’un se comporte soudain de manière injuste, par exemple en mettant fin à la collaboration sans autre explication, cela me blesse.  

- Comment gérez-vous cette frustration? 
- Je suis en colère et je pleure. Dans ces moments-là, mon mari, Gio, m’aide. Je lui raconte tout et il me dit: «Ne pense plus à ça. Suis ton chemin, tu réussiras quoi qu’il arrive.» Et Raffy, mon manager, mise sur la rationalité. Il me dit alors: «Tu es trop gentille. Ce n’est qu’un travail, n’oublie pas que cette réaction n’est pas méchante.» Je dois encore apprendre à rester calme dans ce genre de situation.

- Et qu’est-ce qui vous motive? 
- Je veux divertir. J’aime le contact avec le public, j’aime interagir avec les gens. Mais j’aime aussi être seule. Après un spectacle devant des centaines de personnes, je n’écoute ni radio, ni musique à la maison. J’aspire simplement à être seule, au calme.

- En tant qu’ambassadrice, vous représentez plusieurs partenaires en même temps: une marque de voitures, une pizzeria, des bijoux, des chaussures. Parfois trop de choses à la fois? 
- Je reçois des demandes tous les jours et j’en refuse 50%. Je dois pouvoir croire en un produit, sinon je ne peux pas faire mon travail. En outre, je fais attention à ne pas mener plusieurs grandes campagnes en même temps. Avant, c’était parfois différent. Alors les gens ont dit à un moment donné: «Waouh, Christa en fait trop.»  

- Cette critique vous a-t-elle dérangée? 
- Non, c’était vrai sur le moment. 

- A la base, vous avez étudié les sciences de la communication à Fribourg... 
- Oui, ainsi que le droit pénal et la criminologie en branches secondaires, et les sciences politiques en français. Au départ, je voulais devenir porte-parole de la police. J’ai terminé mes études et je me suis inscrite à l’élection de Miss Suisse. C’est alors que j’ai découvert ma passion pour la présentation et aussi que j’avais un peu de talent pour cela (rires). 

- Lorsque vous montez sur scène aujourd’hui, vous êtes annoncée comme ancienne Miss Suisse et non comme politologue. Cela vous dérange-t-il? 
- Si quelqu’un me réduit exclusivement à Miss Suisse, cela m’agace. Comme si je n’avais rien fait d’autre en dix-sept ans. Mais l’élection de Miss Suisse a été un tremplin pour moi. En même temps, je suis ravie de pouvoir mettre en pratique mes études à l’université, même aujourd’hui.  

- Dans quelle mesure est-ce le cas? 
- Mon ancien professeur de relations publiques, Othmar Baeriswyl, m’a par exemple appris un principe que je respecte encore aujourd’hui. Il conseillait également des conseillers fédéraux et disait toujours: «Si vous avez un problème avec la presse, ne donnez plus d’interviews, ne vous justifiez pas. Dites simplement: «No comment!» C’est tout. Sinon, on ne fait qu’alimenter la polémique.» 

- Quelles crises médiatiques avez-vous dû surmonter? 
- La toute première – c’est tellement drôle, en tout cas a posteriori – s’est produite juste après que j’ai rendu ma couronne. Nous étions à Zermatt pour une manifestation. Je ne parlais pas encore très bien l’allemand et j’ai confondu quelques mots lors de l’interview. A la question «Que penses-tu du dialecte valaisan?», je voulais répondre: «Difficile.» Bêtement, j’ai dit: «Horrible.» Et en plus en direct à la télévision. Le lendemain, tout le monde a écrit: «Christa insulte les Valaisans.» Je me suis sentie terriblement mal et j’ai voulu me défendre. Mais j’ai alors pensé à Othmar Baeriswyl. Je me suis donc excusée, puis je n’ai plus rien dit. Au bout de trois jours, tout était oublié. Plus tard, j’ai même reçu une demande et j’ai fait de la publicité pour le Valais en tant que Tessinoise.

- Vous vous montrez sur les médias sociaux, et régulièrement aussi avec votre famille. Pourquoi? 
- Lorsque je suis devenue mère, cela a été clair dès le début. Je suis une personne publique, je m’expose, mes enfants seront aussi automatiquement exposés, qu’ils le veuillent ou non. Au début, on me l’a reproché: «Tu montres tes enfants!» Oui, mais même si je ne les montre pas, la presse viendra les photographier sans mon autorisation.  

- Dans quelles situations? 
- Quand les filles n’avaient que quelques mois, j’ai fait un show à Bellinzone. Giovanni est passé avec elles. Les photographes ont pris des photos dans la voiture. Nous avons été choqués. Et nous avons alors décidé de montrer de temps en temps des photos d’elles sur nos médias sociaux. Cela nous permet de mieux contrôler les choses. Mais pour le reste, nous les tenons systématiquement à l’écart des médias. Le fait que nous ouvrions l’album de famille pour cet article et que nous montrions des photos très privées est une exception. 

- Dans vos posts, vous montrez une famille sans histoire.  
- J’essaie d’être authentique, je me montre sans maquillage, je cuisine et je dévoile notre vie privée. Mais il y a des limites. Je ne pense absolument pas qu’il faille poster des moments difficiles, par exemple un séjour à l’hôpital, un pied blessé, comment je perce un bouton ou me dispute avec quelqu’un. Cela va trop loin. Je dévoile tellement de choses sur moi. Une partie doit aussi rester secrète. 

- Ne donnez-vous pas en partie une image trop lisse, celle d’une vie trop parfaite? 
- Chez nous, tout n’est pas toujours parfait. Il y a des moments difficiles quand, par exemple, des personnes de mon entourage proche ne vont pas bien. J’ai alors envie de me retirer complètement et de ne plus donner de nouvelles. Néanmoins, je ne parlerais pas de mes problèmes en public. Mon rôle est de divertir les gens, pas de les accabler. Je peux vivre avec une image publique qui fait dire: «Ah, chez Christa, tout va toujours bien. Je ne la vois que sur le tapis rouge et de bonne humeur.» Tout le monde n’est pas obligé de m’aimer. 

- Vous êtes avec le même homme depuis vingt-trois ans... 
- Oui, et je ne m’y attendais pas. Cela s’est fait comme ça, et c’est merveilleux. Nous nous sommes mis ensemble très jeunes. Nous avons fait exprès de ne pas emménager ensemble tout de suite. Et le plus important: nous nous sommes rencontrés avant l’élection de Miss Suisse. Notre relation n’est pas née parce que l’un de nous voulait devenir célèbre. Gio m’a toujours soutenue. Il n’a jamais été un homme jaloux. Avec ou sans Miss Suisse, je ne serais jamais sortie avec un macho. J’aime les hommes sensibles, qui se montrent tels qu’ils sont, et qui pleurent aussi de temps en temps. 

- Comment votre relation a-t-elle évolué? 
- Tout d’abord, il y a l’amour, puis bien sûr la chance que nous avons eue de nous trouver. La confiance, le soutien et le respect se sont développés au fil des années. Cela ne signifie pas que Christa et Gio forment un couple parfait. Pas du tout, ce serait ennuyeux. Maintenir une relation en vie, rester un couple, c’est du travail. Je suis Taureau, Giovanni est Poissons. Nous nous disputons. Mais nous nous querellons aujourd’hui sur d’autres sujets qu’il y a vingt ans. Avant, nous étions très émotifs. Aujourd’hui nous sommes plus rationnels, nous discutons de tout, de l’école, des enfants, des amis, de la famille. Nous parlons jusqu’à ce que nous trouvions une solution. Il se peut que nous ne soyons pas d’accord, mais au moins nous essayons. Nous sommes aussi tous les deux plus calmes et plus généreux. 

- Qu’appréciez-vous particulièrement chez Giovanni? 
- Il est encore aujourd’hui mon plus grand fan, mais aussi le plus honnête. Il me dit toujours: «Ici, tu as été bonne», ou: «Là, tu n’as pas été bonne du tout» même si d’autres me félicitent. Il m’a aussi soutenue dès le début en tant que mère. J’ai toujours voulu avoir des enfants, mais pour une femme, la décision peut être difficile; en tout cas, pour moi, elle l’a été. Je voulais aussi faire carrière, j’avais peur de ne pas pouvoir faire les deux, cela m’a freinée. Giovanni m’a encouragée, il m’a dit: «Non, fais-le, tu peux le faire. Je veux être père à 100%.» 

- A quelle question n’aimez-vous plus répondre? 
- «Quel est le secret de ton amour ou de ton succès?» Il n’y a pas de recette! Et il n’y a pas non plus de réponses claires à ces questions préfabriquées. Je préfère qu’on me demande: «Comment vas-tu, qu’est-ce qui te passionne?» 

Silvia Binggeli
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Par Silvia Binggeli publié le 2 juillet 2023 - 07:53