1. Home
  2. Actu
  3. Pas si désert que Chat

Animaux 

Pas si désert que Chat

Evoluant en manteau de fourrure dans la fournaise du Sahara, le chat des sables est l’un des plus petits félins du monde, l’un des plus méconnus, et le mieux adapté aux milieux désertiques.

Partager

Conserver

Partager cet article

file72uii4rhj2rdlce433f
Invisible en fourrure couleur sable, ce chat tapi dans l’herbe sèche du désert de Tin-Toumma, au Niger, n’est trahi que par le vert de son œil. Thomas Rabeil / NaturePL

Pour vivre heureux, vivons cachés! Telle est la devise du chat des sables. Repéré pour la première fois en 1857 par un naturaliste français lors d’une expédition au Sahara algérien, et baptisé Felis margarita en l’honneur du général Jean-Auguste Margueritte, qui menait l’expédition, le discret petit félin a réussi à passer ensuite sous le radar, éclipsé sans doute par le charisme de ses cousins, lions, léopards et autres gros matous. Jusqu’à ce jour d’avril 2017 où une équipe de chercheurs internationale, le Sand Cat Sahara Team, a fait et filmé LA rencontre, dans le Sahara marocain: trois chatons des sables de 6 à 8 mois, tapis dans l’herbe sèche, six grands yeux verts luisant dans l’obscurité, hypnotisés par les mouvements d’une gerboise invisible à l’image, mais dont on devine la présence à voir l’un des bébés chasseurs bondir de sa cachette… pour y revenir bredouille!

file72uii4mkih2tz81aa2n
  (c) Xavier Eichaker / Biosphoto

Stars du web, rois du désert
La vidéo, diffusée en septembre 2017, est vite devenue virale, et l’équipe conduite par Grégory Breton, directeur général de l’association Panthera France, qui milite pour la protection des félins, a récidivé en novembre dernier. Pour le plaisir des fans qui trouvent ces minous «trop mignons», mais surtout pour les besoins de la recherche entreprise en 2013, qui a déjà permis de lever un peu le voile sur la vie et les œuvres de ces petits fantômes qui hantent les déserts d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie centrale.
Appartenant au genre Felis comme notre matou de canapé, le chat des sables s’en distingue de bien des manières. Il est plus léger – 1,5 à 3,5 kg – et sa tête est plus plate. Ses oreilles plus grandes (5 à 7 cm), pour évacuer la chaleur, sont implantées plus bas et dotées de conduits et de bulles auditifs XXL, qui rendent son ouïe très fine et lui permettent de localiser ses proies sous le sable. Enfin, ses pattes sont plus courtes et empoilées jusque sous les coussinets et entre les orteils, afin de le protéger des températures extrêmes, variant de -5 à 52°C, voire 124°C sur le sable, mais aussi pour rendre sa démarche encore plus silencieuse, faciliter ses déplacements sur des sables mous et brouiller ses traces.
Mais ce qui fait vraiment de lui le félin le plus adapté aux habitats désertiques, c’est qu’il est capable de vivre en se contentant de l’humidité contenue dans ses proies.

file72uii4j1f1ywsacx6nl
  (c) Xavier Eichaker / Biosphoto

Félin contre serpent
Etant chat, forcément, il trouve les rongeurs, gerboises et gerbilles à croquer. Mais dans le désert, toute chair est bonne à prendre. Les lézards, les insectes et même les vipères, qu’il affronte au péril de sa vie, car il n’est pas immunisé contre leur venin. Coups de pattes pour assommer, coups de griffes pour entailler, coups de dents pour briser la nuque et décapiter: le petit minet mignon est le plus souvent vainqueur!
Considéré aujourd’hui comme une espèce de préoccupation mineure par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le chat des sables est surtout et paradoxalement menacé par la désertification! Si elle étend son territoire, elle le rend invivable.

file72uii4m5cw91gzdg26nm
  (c) Xavier Eichaker / Biosphoto
file72uii4o231zz5z8e28c
Grand comme un petit chat domestique, le chat des sables n’hésite pas à chasser la vipère et, le plus souvent, c’est lui qui l’emporte. (c) Alain Dragesco-Joffé / Biosphoto
file72uii4n0p77r3zuk6nj
Au terme d’un combat périlleux, le petit chat décapite la vipère des sables, histoire de s’assurer qu’il peut se mettre à table sans danger. (c) Alain Dragesco-Joffé / Biosphoto
Par Mireille Monnier publié le 23 novembre 2018 - 10:09, modifié 18 janvier 2021 - 21:01