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Lueur d'espoir pour le gorille des montagnes 

Les gorilles des montagnes, pour lesquels la primatologue Dian Fossey a donné sa vie, ont gagné une bouffée d’oxygène: sur la liste rouge des espèces menacées, ils viennent de passer d’espèce en danger critique d’extinction à espèce en danger. Notamment grâce au tourisme!

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Assis à la frontière du Parc national des volcans, ce dos argenté contemple son futur domaine: les terres cultivées qui seront bientôt rendues à la forêt et aux gorilles. © Christophe Courteau / Naturagency

Les grands singes, nos plus proches cousins, n’ont eu droit à aucun traitement de faveur de notre part. Du bonobo au chimpanzé, du gorille à l’orang-outan, le seul membre de la famille à ne pas figurer aujourd’hui au rang des espèces menacées est l’espèce menaçante: Homo sapiens. Mais il y a des nuances dans la déconfiture, certains s’accrochant aux branches mieux que d’autres. Et c’est ainsi que l’on vient d’apprendre la bonne nouvelle: le gorille des montagnes, celui-là même auquel la célèbre anthropologue américaine Dian Fossey a consacré sa vie, vient de voir le couteau s’éloigner un peu de sa gorge. Au cours de sa dernière actualisation, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales, créée en 1964 et basée à Gland, a mis à jour le statut du primate, passant d’«en danger d’extinction critique» à «espèce en danger».

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Cette femelle pensive appartient au groupe du dos argenté Bwenge, signifiant «sagesse» en kinyarwanda, qui tient la vedette du film «Gorilles dans la brume». © Christophe Courteau / Naturagency

De pire à moins pire
En clair, les quelque 680 individus recensés il y a une décennie étaient confrontés à un «risque extrêmement élevé d’extinction à l’état sauvage» qui s’est mué, pour les 1004 individus aujourd’hui en vie, à un «risque très élevé d’extinction à l’état sauvage».

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Ayant abusé des jeunes pousses de bambou, que la fermentation a transformées en alcool dans son estomac, Akarevuro est un peu gris: il va frapper le photographe pour l’écarter de son chemin. © Christophe Courteau / Naturagency
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Confisqué par les rangers, ce type de piège sert à capturer des antilopes mais peut blesser grièvement, voire mortellement, un jeune gorille trop curieux. © Christophe Courteau / Naturagency

Pas de quoi pavoiser. Si ce n’est l’exception faite dans le flot des mauvaises nouvelles sur le front animal.
Ironiquement, nous apprend Wikipédia, c’est un chasseur de gros gibier, l’Américain Carl Akeley, revenant bredouille d’un safari dans les années 20, qui eut d’abord l’idée de protéger les gorilles dans la chaîne des monts Virunga, entre Rwanda, République démocratique du Congo (RDC) et Ouganda. Il parvint à créer un premier parc au Congo, le Parc Albert, grâce à l’aide de son royal ami Albert 1er de Belgique. De quoi protéger les gorilles des chasseurs, guerres, maladies, destruction de leurs habitats et capture d’individus pour le commerce illégal d’animaux de compagnie.Mais il faut rendre à Dian Fossey ce qui est à Dian. Dans les années 60, la primatologue étudie les gorilles et dénonce le braconnage. «Les propriétaires du parc, le lendemain d’une capture de gorilles, les proposent aux zoos. Les têtes et les mains coupées des gorilles sont également vendues comme trophées et cendriers géants sur le marché aux touristes. Et comme les gorilles se battent jusqu’à la mort pour protéger leurs petits, les enlèvements se traduisent souvent par la mort d’une dizaine de gorilles adultes.» Elle est tuée en 1985, meurtre irrésolu à ce jour. Mais son combat se poursuit.

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Ranger est un métier à risques. Ces vingt dernières années, 176 d’entre eux ont perdu la vie dans les trois parcs nationaux, au Rwanda, en Ouganda et en RDC, où vit le gorille des montagnes. © Christophe Courteau / Naturagency
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Pour que les populations locales puissent s’approvisionner en charbon de bois sans couper les arbres sous les pieds des gorilles, des plantations – notamment d’eucalyptus – ont été faites autour des parcs. © Christophe Courteau / Naturagency

1500 dollars pour voir un gorille
Des organisations comme le WWF s’engagent pour protéger l’habitat du gorille des montagnes de la déforestation, limiter l’emprise des terres cultivées, offrir d’autres combustibles que ces forêts à la fabrication de charbon. Et récemment, les pays concernés réalisent que ces quadrumanes peuvent leur rapporter plus d’argent vivants que morts. Ainsi le Rwanda, qui abrite aujourd’hui avec l’Ouganda et la République démocratique du Congo les reliques de la population de gorilles des montagnes, vient de faire passer le prix du permis d’observation des gorilles de 750 à 1500 dollars. Donnant droit à une heure de présence à une distance minimale de 7 mètres, en portant un masque et des vêtements propres. De quoi récolter beaucoup d’argent, 440 millions de dollars en 2017 pour le seul Parc des volcans! En RDC et en Ouganda, les permis restent hélas plus abordables, aux dépens de la survie des gorilles des montagnes.

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Le groupe Hirwa, qui signifie «le chanceux», est mené par le dos argenté Munyinia: il fréquente les contreforts du volcan Sabyinyo dont le sommet, à 3645 m, marque la frontière entre la RDC, l’Ouganda et le Rwanda. © Christophe Courteau / Naturagency
Par Mireille Monnier publié le 12 janvier 2019 - 07:13, modifié 18 janvier 2021 - 21:02