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Les secrets de grand-mère de Germaine pour garder la forme

A l’approche de son centenaire, l’alerte herboriste de Saint-Martin (VS) est l’exemple vivant des bienfaits de la médecine naturelle, dont elle s’efforce de transmettre le savoir et le savoir-faire. Portrait d’une battante qui croit dur comme fer aux remèdes de grand-mère.

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Julie de Tribolet

Tout a commencé en 1937. Un banal accident de luge et, à en croire la Faculté, la cause était perdue. Huitième d’une fratrie de quatorze, Germaine a 12 ans. Son dos est inerte. Elle ne marche plus. On l’allonge sur une planche, elle y restera deux ans. Rien n’y fait. Jusqu’au jour où sa mère prend les choses en main, la masse deux fois par jour avec des huiles tirées des plantes de la région.

Jour après jour, la gamine progresse, lutte de toutes ses forces, ne lâche rien. Un combat féroce qu’elle a maintes fois failli abandonner. «Quand j’essayais de me lever, je tombais. Je hurlais «je n’y arriverai jamais!» en pleurant toutes les larmes de mon corps. Un jour, ma mère m’a empoignée, a serré les dents et m’a dit: «Si j’entends encore une fois cela, je ne m’occupe plus de toi.» Quelques semaines plus tard, je recommençais à marcher.» C’est le début de sa croisade en faveur des médicaments naturels, des remèdes de grand-mère, comme on dit.

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Germaine et Raymond Cousin utilisent plus de 80 plantes de la région pour leurs préparations. «A l’époque, les gens du village en connaissaient au moins 40 par cœur», se souvient Germaine. Julie de Tribolet

Bientôt un centre de santé

Huitante ans plus tard, celle qu’on surnomme «la fée de l’or vert» est toujours solidement ancrée sur ses jambes. Et plus déterminée que jamais à défendre ce savoir et ce savoir-faire ancestral. Les médecins qui ont soigné sa tumeur sur un rein il y a quinze ans et posé une prothèse de hanche plus récemment en savent quelque chose. «Ils disent que je fais ma sale tête parce que je ne prends pas les médicaments et que je n’observe pas le repos qu’ils m’imposent. Mais à la fin, qu’est-ce qu’ils en savent, de ce qui est bon pour moi?» tonne l’explosive nonagénaire, en joignant le geste à la parole. Ses multiples recettes de sirops, cataplasmes, vins bienfaisants et autres huiles essentielles, tirées d’une centaine de plantes de la région, Germaine, désormais secondée par Raymond, son fils unique, les égraine depuis quarante ans dans des livres, des émissions de télévision et lors de conférences, dans son mayen de Saint-Martin, au fond du val d’Hérens.

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Mère et fils en route pour le mayen familial, au cœur du val d’Hérens, atteignable uniquement au moyen d’un transporteur. C’est là-haut, dans de vastes prairies, que Germaine et Raymond cueillent leurs matières premières. Julie de Tribolet

Des cadeaux de la nature transmis de génération en génération par la tradition orale, mais qu’elle souhaite pérenniser en construisant un centre de santé dans son village. «Le dossier est prêt. Les terrains sont achetés et payés. Reste à trouver un ou deux partenaires avant de mettre le projet à l’enquête publique», confie l’incroyable «doctoresse» de la montagne.
Internet: www.santissa.com ou www.editions-santissa.ch
E-mail: info@santissa.com - Tél: 027 283 22 77 – 079 386 33 04


Les 10 recettes de grand-mère de Germaine Cousin-Zermatten pour rester en bonne santé 


1. Pour bien digérer
Si le repas a été un peu lourd ou qu’il «peine à descendre» comme dit Germaine, rien de plus simple. Remplacer le café par une tisane aux graines de fenouil ou aux graines d’anis. Ou alors, prendre 20 à 25 gouttes d’ammoniaque anisée dans un verre d’eau. Si rien n’y fait, vous référer à la recette pour soigner la gueule de bois.


2. Pour bien dormir
Qui ne souffre pas d’insomnie, qu’elle soit passagère ou chronique? «La dame aux plantes» en connaît un rayon sur la question. Son secret? Le lotier corniculé, son antidote préféré, appelé aussi le sabot du petit Jésus. Il suffit d’en mettre une bonne pincée dans une tasse et de verser du lait chaud par-dessus. Laisser ensuite infuser jusqu’à ce que le lait devienne tiède, filtrer, ajouter une cuillère de miel et boire tranquillement.


3. Comment gérer le stress et les angoisses
La réponse fuse. «Rien de mieux que le vin de millepertuis!» Et, tant qu’à faire, autant en préparer une bonne dose, qui servira une grande partie de l’année. La recette: hacher une bonne quantité de sommités fleuries de millepertuis (la partie aérienne de la plante) et remplir aux 2/3 un bocal en verre transparent de 1,5 l. Couvrir avec de l’eau-de-vie de fruits à pépins (cette dernière réchauffe, tandis que l’eau-de-vie de fruits à noyau refroidit le métabolisme). Laisser macérer 3 semaines au soleil. Filtrer et, dans une dame-jeanne, ajouter 2 l de vin rouge et 750 g de sucre candi ou de miel. Boire 1 dl avant le repas de midi et 1 dl avant le repas du soir ou avant d’aller au lit.


4. Dynamiser sa vie sexuelle
Vaste sujet que Germaine a exploré, et plutôt trois fois qu’une. De l’aphrodisiaque au vin euphorisant, en passant par la recette de laquelle «on retire l’un des ingrédients chez les moines» rigole-t-elle, les succédanés des traitements pharmaceutiques ne manquent pas. Exemples.
Mélanger le fameux ingrédient (la sarriette de montagne) avec du romarin et de la sauge dans 1 litre d’eau-de-vie de fruits à pépins, «20 g des trois plantes sous forme séchée». Laisser macérer le tout de 3 semaines à 2 mois au soleil, «mais également la nuit, précise-t-elle, car la lune dynamise aussi les mélanges». Filtrer et mettre 3 dl de cet alcoolat dans 1 l de vin rouge. Sucrer avec 2 cuillères à café de miel ou de sucre candi par dl et boire le mélange.
L’aphrodisiaque maintenant: dans un bocal de 1,5 l ,placer 1 l de grappa ou d’une eau-de-vie de fruits à pépins, 200 g de miel, un céleri pomme bio d’environ 250 g, avec sa pelure bien lavée et râpé grossièrement, 150 g de racines de gingembre râpées, un bouquet de sarriette fraîche et une poignée de semences de berce séchée. Laisser reposer 2 à 3 mois, filtrer et presser. Prendre un verre tous les soirs de septembre à fin mai.
Quant à la recette du vin euphorisant, assez longue à préparer, elle se trouve dans le livre Les remèdes de grand’mère ne se perdront pas...


5. Combattre la gueule de bois
Comment effacer un lendemain d’hier? «On me pose souvent cette question, je me demande bien pourquoi», s’amuse l’emblématique ambassadrice des remèdes de grand-mère. Retrouver la mine du vainqueur n’est pas très compliqué, d’après elle. Dans une main, un verre avec un fond d’eau tiède (environ 2 cm) contenant une demi-cuillère à café de bicarbonate de soude et, dans l’autre, le jus d’un citron légèrement dilué avec un peu d’eau. «On ne peut pas les mélanger les deux, ça mousse trop.» Boire d’abord le bicarbonate puis tout de suite le jus de citron. «Trente minutes plus tard, le tour est joué et le foie dégorgé.» Dont acte…


6. Chasser les idées noires
Il existe une recette de teinture mère à base de lotier corniculé, de millepertuis et de passiflore. Mais sa préparation est longue et un peu compliquée. Germaine et Raymond Cousin ont donc décidé de faire un complexe pur d’huiles essentielles, le Complexe Réconfort. Un mélange subtil extrait du pain de Sibérie, du ciste, de l’immortelle d’Italie, du géranium rosat et de la camomille romaine.
Comme son nom l’indique, ce produit apporte un certain réconfort en cas de choc émotionnel, de stress ou d’état d’excitation (colère, chagrin, frustration, solitude, abandon). En le respirant profondément, et/ou en frictionnant une goutte sur un centre nerveux (plexus solaire, gorge, front), ou encore en appliquant une goutte directement sur la langue.


7. Pour avoir la voix claire
Voilà un bon substitut au thé de thym et autres mélanges de sel, miel, jus de citron et même eau oxygénée. «Avec ça, vos cordes vocales redeviendront neuves et vous chanterez comme le coq au matin», plaisante Germaine en livrant sa recette.
Dans un bocal transparent, faire macérer 2 à 3 jours, sans tasser, de la sauge fraîche (plein le bocal), ou sèche (la moitié du bocal), dans 1 l d’eau-de-vie de lie. Laisser reposer le mélange à l’intérieur pendant au moins 3 semaines de soleil (ajoutez chaque jour sans soleil au délai). Ensuite, filtrer. Frictionner le cou avec le liquide et gargariser une fois par jour. Avaler ou cracher.

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Les abricots secs pour une grande forme Julie de Tribolet

8. À fond la forme
Qui refuserait de se doper naturellement et sans risque de se faire attraper par la patrouille? Germaine a la solution. Simple et peu onéreuse de surcroît. Mettre dans un grand verre d’eau 3 à 6 moitiés d’abricots secs et 5 à 6 amandes. Laisser tremper 24 heures, puis manger les fruits et boire l’eau de trempage le matin à jeun. Cure de 3 semaines au minimum «et même tout l’hiver», insiste Germaine, en assurant que cela donne une pêche incroyable. «De plus, l’amande est un anti-cancer avéré.»


9. Raffermir sa mémoire
Un traitement au long cours que Germaine expérimente avec succès depuis une décennie. Du lundi au vendredi, durant 4 à 6 mois, boire à jeun un verre d’eau dans lequel on a dilué un sachet de 125 mg de safran acheté en grande surface. «Et ça marche! s’enthousiasme-t-elle. En parallèle, vous essayez de mémoriser le plus possible de numéros de téléphone comme entraînement. Aujourd’hui, mon fils a plus vite fait de me demander un numéro que de consulter son répertoire. J’en ai au moins cinquante en tête», assure la nonagénaire avec une légitime pointe de fierté.


10. Renforcer sa flore intestinale
C’est tout simple, selon Germaine: il suffit d’avaler chaque matin, à jeun, durant une dizaine de jours, le jus d’un citron mélangé à une cuillère à soupe d’huile d’olive vierge pressée à froid.



«C’est l’heure de la cure d’automne»

Mieux vaut prévenir que guérir. Germaine Cousin, dont le désir est de mourir en bonne santé, a fait du proverbe son slogan.
«Aujourd’hui, les gens attendent d’être malades et exigent des produits miracles pour se soigner. C’est l’envers du bon sens. C’est la santé qu’il faut soigner, pas la maladie», martèle Germaine avec une fougue et une vitalité qui ne peuvent pas lui donner tort. Son secret? Elle est restée toute sa vie fidèle aux méthodes de soins et de prévention utilisées par ses ancêtres. «Jusqu’au début des années 30, nous avions droit à nos purges annuelles, au lait et à l’huile de ricin, aux cures d’ail et à l’huile de foie de morue. On soignait pratiquement tous les maux avec des tisanes, des teintures mères, des sirops, des cataplasmes, des huiles de plantes, des liniments, des ventouses, des sangsues, etc. Les cures préventives de printemps et d’automne étaient sacrées. Elles ne vous préservaient pas de tout mais, grâce à elles, quand vous aviez une grippe ou une angine, le virus était beaucoup moins agressif car il se heurtait à un système immunitaire renforcé.»


Les cures préventives se font quand la sève monte, au printemps, et quand elle redescend, à l’automne.


Pour Germaine, l’heure de la cure d’automne a donc sonné. «L’idéal est de la suivre avant décembre», conseille-t-elle, avant de détailler:

«D’abord, drainer le foie. Une pré-cure dépurative de trois semaines, à base de tisane (1 l par jour) ou de teinture mère (20 à 25 gouttes dans de l’eau trois fois par jour, de préférence avant les repas). On a le choix entre des plantes d’artichaut, de boldo, de chardon marie, de chicorée sauvage, de pissenlit et de romarin, utilisées seules ou mélangées. Tout droguiste digne de ce nom pourra vous conseiller.

Cette première étape terminée, commencer sans attendre la cure proprement dite, selon le même principe mais avec d’autres plantes – lapacho, ortie, astragale pois chiche, échinacée, thym ou serpolet. Autant de tisanes que vous pouvez compléter avec du pollen, de la propolis, du miel, de la gelée royale et des oligo-éléments cuivre-or-argent», précise la druide.

Par Rappaz Christian publié le 18 septembre 2018 - 10:53, modifié 18 janvier 2021 - 21:00