A «L’illustré», on a l’habitude de donner des roses et des cactus pour souligner des comportements exemplaires et d’autres qui le sont moins de la part de personnalités. Cette semaine, nous offrons donc une sorte de cactus d’or à Christian Lüscher, dont les échanges avec ses camarades de parti ont été révélés par «Blick». Pour dire les choses clairement, les propos du politicien sont atterrants.
Les termes utilisés tiennent de l’insulte: les femmes sont décrites comme des «femelles». Un de ses collègues, à propos duquel M. Lüscher croit comprendre qu’il est Perse, mais qui est en fait d’origine algérienne – à ce stade, on n’est plus à 6000 km près – se voit traité de «bougne» (bougnoule). Quand la bêtise se mêle à la méchanceté, c’est toute l’autorité de l’homme politique qui s’effondre.
La bêtise, c’est que Christian Lüscher, en refusant de s’expliquer sur le fond de ces échanges, ne comprend pas… qu’il ne comprend pas. C’est typiquement le fait des gens qui sont complètement dépassés et ont largué les amarres vis-à-vis de leur époque. Le politicien ne fait pas partie de ce siècle: il trouve très sympa la déco de sa caverne et ne voit pas en quoi il devrait en changer. Ah oui, au fait, pourquoi dénigrer ses camarades pourrait donc poser problème? Comment dire? Le respect, la bienveillance, éviter d’installer des ambiances toxiques, tout ça, cela ne lui a pas été enseigné à un moment ou à un autre?
La méchanceté, ensuite. Le chef de meute ne prend pas en compte sa position. Quand on est tout en haut de l’échelle sociale, on évite d’en profiter pour écrabouiller tous ceux qui se trouvent en dessous. C’est juste une de ces conventions sociales qui nous permettent de tous vivre en paix. En plus, sa séniorité devrait même lui dicter d’élever le niveau de jeu, pas de se vautrer dans le caniveau. «Sois inspirant, Christian!» comme on dit sur les réseaux sociaux. Ne pas se rendre compte qu’après toutes ces années de présence politique au plus haut niveau, on tient forcément un rôle de patriarche, c’est signifier que l’on a un problème avec le temps qui passe. D’où peut-être cette agressivité avec ses plus jeunes comparses. Christian Lüscher doit se rappeler qu’il travaille à Berne pour ceux qui votent pour lui plutôt que de se comporter en ado agité. Allez, encore un petit bout de législature et ensuite il sera grand temps de ranger le scooter.
>> Lire le papier du Blick et les échanges en question: Christian Lüscher dérape... et ça ne passe pas (blick.ch)