Intervention en médecine esthétique à la clinique Matignon
Photo: Blaise Kormann
Photo: Blaise Kormann
Avoir l’éternité dans la peau

Depuis quelques années, les procédés pour ralentir le vieillissement de l’épiderme se multiplient. La médecine esthétique innove pour trouver la meilleure cure de Jouvence. La Clinique Matignon, à Monthey, nous dévoile les dessous de trois traitements de réjuvénation. Autrement dit: la jeunesse «retrouvée».


Thermage: coup de chaud pour un coup de frais.
Botox: nerf bloqué, muscle reposé.
Vampire lift: boost sanguin à la Dracula.

«La science trouvera un jour la clé pour la jeunesse éternelle», nous lance Patricia Delarive, cofondatrice des Cliniques Matignon et médecin dermatologue, afin de résumer les avancées vertigineuses de la médecine esthétique. Pour la spécialiste, les scientifiques auront très prochainement la capacité de déprogrammer la sénescence, la lente dégradation des fonctions des cellules qui est à l’origine du vieillissement des organismes. En tout cas en ce qui concerne l’épiderme. «Ce n’est pas de la science-fiction. Mais le veut-on vraiment?» tacle l’experte.

Patricia Delarive, cofondatrice des Cliniques Matignon et médecin dermatologue, pose devant une lampe UV qui permet de faire un diagnostic de la peau.

Patricia Delarive, cofondatrice des Cliniques Matignon et médecin dermatologue, pose devant une lampe UV qui permet de faire un diagnostic de la peau.

Blaise Kormann

Elle revient notamment sur la quête démesurée des milliardaires comme l’Américain Jeff Bezos qui rêvent de percer le secret de la vie éternelle. Ils investissent des sommes colossales sur des recherches autour des télomères, les extrémités des chromosomes dans l’ADN qui raccourcissent avec l’âge. «Il faudrait vraiment mettre en place des lois médicales avant que les technologies supplantent la réalité, ce qui arrive hélas trop souvent», nous dit-elle encore. Si l’immortalité était décryptée, ne serait-elle quand même pas tentée? «Personnellement, j’aimerais avoir le courage de dire non. Ne pas être celle qui vit plus longtemps que la moyenne en pionnière, ni celle qui part avant tout les autres», condense Patricia Delarive. Car évidemment, si une solution pour prolonger la vie se découvre, elle ciblera d’abord le 1% d’ultra-privilégiés.

Ce que Patricia Delarive prône, en revanche, c’est le droit pour une plus grande partie de la population d’avoir une «jolie peau» jusqu’à la fin de sa vie. La solution pour conserver l’élasticité et l’éclat de l’épiderme passerait par la biostimulation. Le but? Pousser les cellules à produire de nouveau du collagène – protéine qui raffermit la peau et qui se raréfie après l’âge de 35 ans. «Je fais souvent une analogie avec le pilates. C’est important d’associer le cardio, la souplesse et le renforcement. C’est pareil pour la gymnastique de sa peau. Le mieux, c’est de combiner les soins qui sont complémentaires», précise la cofondatrice des Cliniques Matignon. Il faut aussi travailler la détente des muscles du visage qui se contractent au fil des ans. «Le botox va permettre de les relâcher», nous précise-t-elle à titre d’exemple.

Intervention en médecine esthétique à la clinique Matignon

Une piqûre de botox millimétrée pour bloquer le nerf et décrisper le muscle responsable de la ride.

Blaise Kormann

La dermatologue tient à rappeler les dangers de traitements réalisés en express, promettant des résultats surréalistes. Pour la Romande, les rides d’expression font partie de la beauté d’un individu. Elles racontent son histoire. «Chez nous, on insiste pour améliorer l’équilibre entre le ressenti et le visuel. Mais il faut accepter le temps qui passe! C’est vital de respecter les proportions d’un faciès, car notre cerveau reptilien s’attarde sur des détails. Et décèle facilement les incohérences.» C’est pourquoi tous les soins – et surtout la chirurgie esthétique – sont à réaliser avec précaution. «La nouvelle génération s’intéresse beaucoup aux innovations et aux soins préventifs, je trouve cela très bien. Car plus tu commences tôt, meilleures sont tes chances de garder une belle peau. A condition de miser au début sur les procédures qui ciblent la qualité de la peau de manière globale et pas trop vite sur les injections», avertit Patricia Delarive devant un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Pour mieux comprendre cet engouement, nous avons eu la possibilité de suivre trois interventions qui promettent en 2023 une jeunesse non pas encore éternelle, mais à portée de seringues (ou d’ondes électromagnétiques).

LE THERMAGE


Coup de chaud pour un coup de frais 
«Ça va raffermir l’ovale du visage et relever les joues. Au final, on tonifie l’ensemble», énonce Anne Baré, technicienne et conseillère en médecine esthétique, quand elle décrit les effets du thermage, un soin par pulsations thermiques. La patiente du jour aura le droit à 450 pulsations de chaque côté du visage, dessiné par un quadrillage. Avec une chaleur qui monte jusqu’à 55°C. C’est comparable à une sensation de brûlure de cigarette sur certaines zones où il y a plus de terminaisons nerveuses. «Les premiers tirs sont un peu douloureux, mais après, je ne sais pas si c’est de l’abnégation, mais je ne sentais plus autant», témoigne la quadragénaire à la fin du soin. Avec la répétition des impulsions, les fibroblastes – les cellules épithéliales – se remettent à produire du collagène, responsable de la fermeté de la peau. Une protéine qui, après l’âge de 35 ans, décline. «Avec le thermage, c’est comme si les cellules étaient de nouveau entraînées après un bon échauffement.» Les effets se voient après quelques jours et durent plusieurs mois. Car à ce stade de cette technologie, le néo-collagène n’est pas éternel et finit par se détériorer. Il faut donc réitérer le soin tous les un à deux ans. Un coût estimé à 3400 francs la première fois, puis 2300 francs pour les séances d’entretien.

Technique du thermage à la clinique Matignon

Avec la technique du thermage, on pulvérise de la chaleur pour réenclencher la production de collagène, responsable de la fermeté de la peau.

Blaise Kormann

LE BOTOX


Nerf bloqué, muscle reposé 
«Les stars en abusent et c’est pour ça que le botox est encore diabolisé aujourd’hui alors que c’est moins dangereux que l’acide hyaluronique», commence le Dr Xavier Vandermeersch, dermatologue de la Clinique Matignon. Le botox contient de la toxine botulique, utilisée également pour soigner certaines pathologies comme les spasmes ou les migraines. Aujourd’hui, ce soin du visage qui paralyse le nerf et décrispe le muscle ciblé attire de plus en plus de personnes, hommes et femmes confondus. Il faut dire qu’il reste plus abordable que d’autres traitements esthétiques. Comptez 300 francs pour une zone, à renouveler tous les six mois. Le patient du jour n’en est pas à son premier rodéo. Il vante les mérites du produit (une poudre qu’on mélange ensuite à du sérum physiologique) sur la fameuse ride du lion (front) et les pattes d’oie (contour des yeux). La piqûre est millimétrée pour éviter les veinules afin de ne pas laisser de petits hématomes après l’intervention. Quel âge avez-vous en fait, Monsieur? «Plus de 200 ans, et ce, grâce au botox », répond-il, taquin.

VAMPIRE LIFT


Boost sanguin à la Dracula 
«Rajeunir avec son sang», on dirait une phrase tout droit sortie d’un film du comte Dracula; mais non, il s’agit de la technique du PRP, pour «plasma riche en plaquettes». Cette formule est surnommée «vampire lift» par les Américains, qui ont le sens du marketing, parce qu’il s’agit de notre propre hémoglobine que l’on réinjecte sous les premières couches de l’épiderme. Le sang a préalablement été centrifugé pour séparer les plaquettes qui réparent la peau. «Comme c’est naturel, qu’il n’y a aucune forme de rejet dans le corps, ce soin plaît beaucoup. Tout en rafraîchissant le teint et en le rendant plus lumineux, il va booster la production de collagène», nous explique Patricia Delarive, médecin dermatologue et cofondatrice des Cliniques Matignon. A noter qu’il faut 10 ml de sang pour une zone, donc deux tubes pour deux zones (visage et cou). La procédure, qui dure environ une heure et coûte 550 francs, impressionne visuellement par la formation de petites bosses sous-cutanées (qui disparaissent en un jour). Et, comme pour les vampires, une seule dose de sang ne suffit pas. Pour bénéficier des bienfaits sur la durée, il faut renouveler la pratique tous les six à douze mois.

Vampire lift à la clinique Matignon

L’injection de plasma riche en plaquettes, plus communément appelée «vampire lift», est un traitement «rajeunissant» à base de son propre sang.

Blaise Kormann

Texte: Jade Albasini

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