Bio-impression de cartilage formant une oreille dans le laboratoire de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Photo: Blaise Kormann
Photo: Blaise Kormann
La magie de la bio-impression

Dans un laboratoire spécialisé en ingénierie des tissus et biofabrication dans les locaux de l’ETH de Zurich, on teste l’impression en 3D de cartilage à partir de nos propres cellules souches. Dans un futur probable, on pourrait imaginer remodeler des parties «irréparables» du corps, comme nos articulations abîmées avec l’âge.


Saviez-vous que nos oreilles grandissent jusqu’à notre mort? C’est fascinant, mais ce n’est qu'un des mystères qui concernent le cartilage. Ces tissus de notre organisme, très présents dans nos articulations, passionnent l’équipe de scientifiques de la professeure Marcy Zenobi-Wong. Elle travaille depuis dix ans dans ce laboratoire consacré à la recherche fondamentale. «Nous inventons des choses mais nous n’avons pas de buts cliniques. Nous sommes des chercheurs et chercheuses et peut-être que, au bout de la route, nous pourrons aider. Mais dans notre mission, nous réfléchissons uniquement à la science pure, aux possibles», explicite l’experte.

La professeure Marcy Zenobi-Wong, responsable du laboratoire de recherche fondamentale en ingénierie des tissus et biofabrication à l’ETH de Zurich.

La professeure Marcy Zenobi-Wong, responsable du laboratoire de recherche fondamentale en ingénierie des tissus et biofabrication à l’ETH de Zurich.

Blaise Kormann

Aujourd’hui, elle s’attarde sur les outils pour améliorer l’impression 3D avec de la bio-matière. «On pourrait devenir notre propre donneur en prélevant des cellules souches d’un cartilage sain pour façonner le cartilage dont on a besoin», donne-t-elle en exemple. Cela réduirait les risques de rejet lors d’une greffe de tissus. Si c’était réalisable à terme, ce serait une avancée spectaculaire de la médecine, car notre cartilage, contrairement à celui de nos amies les salamandres, ne se régénère pas. Une fois cassé, comme il n’est pas approvisionné en sang, il ne se répare pas. Il faut donc le remplacer. La bio-impression personnalisable permettrait de moduler la forme idéale pour chaque patient.

Devant la dernière imprimante à projection lumineuse de l’entreprise Readily 3D (réalisée par des ingénieurs de l’EPFL), Marcy Zenobi-Wong regarde l’appareil appliquer de la bio-matière pour réaliser un bout d’oreille. «C’est de la magie, la structure émerge du rien», sourit-elle. Une technologie prometteuse à suivre.

Texte: Jade Albasini

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