Elle dit qu’elle a écrit ce livre parce que son statut de sexagénaire, au début, elle ne l’assumait pas. «J’avais décidé depuis longtemps de m’en tenir à 32 ans et puis le 14 juillet dernier, jour de mes 60 ans, je trouvais que ce 6 et ce 0, ça ne marchait plus!» Il fallait faire quelque chose.
Et comme Nicole Castioni est une battante, sa façon à elle de battre en brèche le temps qui passe, c’est ce rectangle rose pétant qu’on tient dans nos mains: Balance ton âge. Si l’obsolescence est inscrite au cœur de nos appareils ménagers, il n’en est rien chez cette débutante sexagénaire hyperactive. «Comme il nous reste grosso modo vingt ans avant la déchéance, autant en profiter!» «Vous allez devenir la Marco Polo de la sexualité, vous allez découvrir de nouveaux horizons», assure-t-elle à ses lectrices grâce à toute une liste de suggestions mi-sérieuses, mi-loufoques dans lesquelles picorer. Un guide anti-déprime, un peu fourre-tout parfois, où elle aborde tous les sujets, de la sécheresse vaginale aux adresses où s’offrir le meilleur chocolat pour booster son moral.
Même si elle est née le jour de la prise de la Bastille, c’est la prise d’un amant, aujourd’hui, que Nicole vous conseille, à moins qu’on ne préfère un chat pour des séances de calinothérapie. On peut aussi s’essayer à la cryothérapie, excellent contre les bouffées de chaleur (elle a des adresses), ou tenter la séance photo au studio Harcourt (photographe des stars) pour regonfler son ego.
Juge et scénariste
Bref, dans ce livre, chacune devrait trouver de quoi vieillir avec plus ou moins de sérénité ou à tout le moins avec le sourire. «Si vous devez acheter un paquet de serviettes anti-fuites urinaires, mettez avec un paquet de préservatifs. Ne gardez que le rhum du baba au rhum, acceptez toutes les invitations de vos amis, il y a parfois des solitaires en bout de table, prenez des cours de cuisine, les hommes y sont de plus en plus nombreux.» Piquant, culotté, ce bouquin, surtout lorsqu’on sait que la Genevoise est toujours juge assesseur au tribunal quand elle n’écrit pas des scénarios de séries pour les chaînes de télévision suisse ou française (Port d’attache, Parents mode d’emploi).
Sa vie ressemble au jeu de l’oie, mais elle a toujours réussi à remonter plus haut. Elle fut finaliste de Miss Suisse en 1979, puis a connu pendant deux ans l’enfer de la prostitution à Paris sous le nom de Gilda, avant un retour salvateur à Genève. Des études, deux mariages, deux filles, un veuvage, deux petits-enfants, un passage comme députée socialiste et une carrière d’écrivain entamée en 1998 avec un livre retraçant son parcours. Elle planche d’ailleurs sur une série qui s’inspirera de cette vie aux mille facettes dont elle ne renie rien. Il y a toujours de l’humour et de la malice rangés au fond de son sac. «Ce qui ne tue pas rend plus fort», rappelle-t-elle avec Nietzsche à la fin de son livre. Et pour celles qui n’assument pas les méfaits de l’âge, un dernier conseil: faire un spa dans le noir, avec des massages effectués par une personne non voyante dans l’obscurité. L’adresse est à la page 109.