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Comment aider les enfants à faire un deuil

Pour les enfants aussi, la mort fait partie de la vie. Avec l’aide des adultes, ils parviennent à digérer un décès. Notre questions-réponses pour agir avec au mieux lors de la disparition d'un proche.

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Comment aider les enfants à faire un deuil

Image d'illustration.

Shutterstock

La petite Léa, 5 ans, et Marc, 10 ans, sont stupéfaits: tous leurs oncles et tantes sont venus en visite, même le frère de grand-maman est là. Pourtant, que l’on sache, il n’y a pas d’anniversaire ce jour-là. Et d’ailleurs, les adultes se comportent bizarrement. En captant des bouts de phrase ici et là, les enfants comprennent que grand-maman n’est plus de ce monde. Ils veulent tout savoir mais personne n’est assez patient en ce moment pour leur expliquer.

C’est une situation typique. Envahis par la douleur, souvent, les adultes ne perçoivent pas les enfants comme des personnes en deuil au même titre qu’eux. Peut-être veulent-ils les protéger, les mettre tant bien que mal à l’abri pour que ça ne leur pèse pas trop. Or il est indispensable de faire son deuil. Et c’est le devoir des adultes d’accompagner les enfants à travers ce processus et de répondre à leurs questions. Car les expériences de deuil dans l’enfance permettront, plus tard, de mieux gérer les disparitions.

Comment annoncer un décès?

Les enfants ont le droit d’apprendre ce qui s’est passé. Mais une communication trop brusque peut créer un choc. Il importe donc de les informer dans un cadre paisible. S’ils se pétrifient intérieurement et refusent d’admettre la nouvelle, ce n’est pas par bravade. Une telle réaction leur sert à se protéger. Des troubles du sommeil et des cauchemars peuvent survenir. Il peut aussi y avoir des régressions dans le comportement, comme se remettre à sucer son pouce. Si s’installe la peur qu’un autre être aimé pourrait encore mourir, les parents doivent d’autant plus s’investir.

Les parents doivent-ils cacher leur chagrin?

Non. Les enfants se modèlent d’après leurs parents. Il peut être utile de pleurer ensemble et de mettre des mots sur les sentiments d’un enfant. Exemple: «Cela te rend très triste que grand-maman soit partie et il est normal que tu pleures. Moi aussi, je suis très triste et je pleure.» Les enfants apprennent ainsi qu’il est convenable de pleurer.

Les enfants doivent-ils voir une dernière fois la personne décédée?

Parents et enfants doivent en décider ensemble. Si les enfants sont bien préparés et qu’on leur explique que les défunts reposent dans un cercueil et que leur peau est cireuse, il est plus facile de prendre congé. Les enfants comprennent alors que grand-maman ne reviendra pas.

Les enfants doivent-ils prendre part aux obsèques?

Cela dépend des circonstances et de l’âge des enfants. Les spécialistes sont d’accord sur un point: plus les enfants sont intégrés à l’ensemble du processus de deuil, mieux ils peuvent prendre congé et digérer leur chagrin par des gestes et des rituels. Si l’enfant désire participer aux obsèques et qu’il est accompagné par une personne de confiance, il n’y a pas de raison de l’en empêcher. Mais ce qui importe, c’est qu’aucun enfant ne soit forcé d’assister à la cérémonie contre son gré.

Un deuil vécu très jeune peut-il déclencher un traumatisme?

Quand on ne nomme pas les choses par leur nom, les enfants fantasment sur ce qui pourrait arriver. Si les adultes occultent la mort, cela peut se répercuter sur l’enfant: il sent qu’il s’est produit quelque chose de très grave et il a peur. Si un enfant peut prendre congé en étant accompagné, le risque d’un traumatisme déclenché par un sentiment de culpabilité s’amoindrit notablement.

Qu’est-ce qui aide les enfants en deuil?

La proximité, le temps, de l’espace pour des jeux en rapport avec la mort et la cérémonie des obsèques sont nécessaires. Des rituels adaptés aux enfants soutiennent également le processus de deuil. Ils permettent aux enfants d’exprimer individuellement leur chagrin. Exemples: déposer des fleurs sur la tombe, organiser un repas en souvenir de la grand-mère avec des photos et des anecdotes, refaire la promenade préférée du grand-père et de la grand-mère et penser fortement à eux.

Que faire si les enfants n’arrivent plus à se sortir de leur chagrin?

Il est parfaitement possible que les enfants, surtout s’ils sont déjà assez grands, gardent en eux leur chagrin, leur colère et leur solitude et en deviennent muets. Cette réaction est envisageable pour un certain temps. Mais si elle devait durer, il peut s’agir d’une dépression qui rend nécessaire l’intervention d’un professionnel.

Les parents doivent-ils réagir différemment si ce n’est pas une personne qui meurt, mais l’animal domestique adoré?

Les parents doivent avant tout prendre au sérieux les émotions des enfants et ne pas couper court par des mots tels que: «Finalement, ce n’était qu’un animal.» Là aussi, les rituels sont utiles, par exemple une cérémonie d’enterrement. Au fil d’un dialogue, des idées peuvent se faire jour sur la manière de conserver le souvenir du chat ou du chien qu’on aimait tant.


La mort pour les enfants

Nourrissons jusqu’à 10 mois. Ils ressentent déjà quelque chose d’inhabituel dans leur environnement. La présence assidue d’un familier et beaucoup de proximité vont aider.

Petits enfants entre 10 mois et 2 ans. Ils peuvent déjà nommer la mort, mais pas la comprendre. Ils sont encore très dépendants de leurs personnes de référence et craignent d’être abandonnés. Des mots simples comme «Grand-maman n’est plus là» sont de nature
à consoler. Beaucoup d’attention et de proximité s’imposent.

Enfants de 2 à 6 ans. Le mot «mort» est, chez eux, devenu courant, mais ils tablent sur le retour du défunt. C’est pourquoi, en cas de dispute, ils peuvent proférer: «Tu devrais être mort», mais veulent dire simplement: «Tu devrais disparaître.» Ils rapportent tout à eux et se sentiront éventuellement coupables en cas de décès d’un proche. Il faut que les parents répondent patiemment aux questions répétées comme: «Pourquoi grand-maman est-elle morte?» S’ils expliquent à chaque fois que le corps de grand-maman a cessé de fonctionner, les enfants comprennent mieux qu’elle ne reviendra pas.

Enfants de 6 à 12 ans. La signification de la mort est claire. Les enfants ont une compréhension factuelle, terre à terre: ils veulent savoir comment le corps des morts se transforme, mais ne le comprennent pas entièrement. Des angoisses de perte et de séparation peuvent survenir, notamment parce qu’ils ont compris que tout le monde est mortel. Les parents doivent veiller attentivement à de tels sentiments et beaucoup parler de ces hantises.

Adolescents. Ils ont la même représentation de la mort que les adultes. Ils sont surtout préoccupés par les douleurs de la fin de vie et de ce qui se passe après la mort. Les adolescents sont vulnérables et préfèrent ne pas être confrontés à ces sentiments. Il faut tolérer des moments d’agressivité, aller au fond des choses avec eux et les impliquer dans tous les rituels.


Deux livres recommandés

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>> «Accompagner l'enfant en deuil», par la Fondation As'trame, Editions Favre.

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>> «Grand-père est mort», collection des Max & Lili, de Serge Bloch et Dominique Martin, Editions Calligram.


Par Gabriele Herfort (Beobachter) publié le 6 mai 2019 - 16:53, modifié 18 janvier 2021 - 21:08