Les symptômes évoqués peuvent être très concrets: baisse de libido, diminution des érections nocturnes ou matinales, dysfonction érectile (érections laborieuses et parfois fugaces). Si tous peuvent bel et bien s’expliquer par l’andropause, la cause peut être tout autre. Conséquence: le diagnostic se hasarde parfois sur la mauvaise piste. «Il est par exemple fréquent de partir sur la voie d’une dépression sous-jacente alors que le problème est purement hormonal ou, à l’inverse, d’évoquer l’andropause alors que l’homme en question est en réalité en proie à une crise existentielle, celle-ci influençant tout naturellement sa santé sexuelle», indique le Pr Francesco Bianchi-Demicheli, responsable de l’Unité de médecine sexuelle et sexologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
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Et d’insister: «Il est important de ne pas tomber dans l’écueil d’une vision monoculaire de la situation ou, pire, de résumer la sexualité masculine à une question d’hormones.» Le seul moyen d’identifier le problème? Oser consulter, même si les symptômes sont intimes et parfois délicats à évoquer. «L’entretien avec le médecin, complété si besoin d’un questionnaire spécifique (lire ci-dessous) peut constituer une première étape. Un bilan sanguin, comprenant notamment la quantification du taux de testostérone, sera ensuite envisagé pour affiner le diagnostic et exclure une autre cause biologique, un problème d’hypothyroïdie par exemple», détaille l’expert.
Qu’en est-il si la situation d’andropause se confirme? «Des taux de testostérone anormalement bas, associés à des symptômes nouveaux mais s’étant installés de façon progressive, peuvent justifier une substitution en testostérone, indique le Pr Bianchi-Demicheli. Celle-ci est à mettre en place dans le cadre d’un suivi médical régulier. A noter que si le traitement est généralement bien toléré, il existe trois contre-indications majeures: cancer de la prostate, cancer du sein (rare chez l’homme, mais il existe) et antécédents de délits sexuels. Mais attention, pour le cancer de la prostate, une controverse existe, puisque les recommandations de l’American Urological Association (AUA) par exemple reconnaissent une insuffisance de preuves liant le traitement de substitution androgénique avec le développement du cancer de la prostate. Pour l’heure, le principe de précaution prévaut donc.»
Et si c’était ça? Un test pour commencer…
Lorsque des symptômes physiques, psychiques ou sexuels mettent sur la voie de l’andropause, une consultation médicale peut être précieuse. L’entretien avec le médecin et l’examen clinique peuvent se doubler d’un questionnaire spécifique. Parmi eux, le questionnaire d’ADAM* (androgen deficiency in aging males ou déficience en androgènes chez les hommes vieillissants), souvent utilisé dans les consultations médicales.
Ce test est considéré positif si un «oui» est apporté à la question 1 et/ou 7 ou à au moins trois des autres questions. Attention, il ne permet pas à lui seul de poser un diagnostic: un bilan sanguin pourra confirmer le déficit hormonal (en testostérone en particulier).
- Avez-vous constaté une diminution de votre libido (désir d’avoir des rapports sexuels)? Oui/Non
- Sentez-vous un manque d’énergie? Oui/Non
- Avez-vous constaté une diminution de force musculaire et d’endurance à l’effort? Oui/Non
- Avez-vous remarqué que vous avez rapetissé? Oui/Non
- Avez-vous remarqué une diminution de votre joie de vivre? Oui/Non
- Vous sentez-vous triste ou grincheux? Oui/Non
- Vos érections sont-elles moins fortes? Oui/Non
- Avez-vous remarqué une diminution de votre capacité de «faire du sport»? Oui/Non
- Tombez-vous endormi après les repas? Oui/Non
- Avez-vous remarqué une diminution récente de votre capacité de travail? Oui/Non