«Nous nous sommes apprivoisés»
Eve Savelli, 33 ans. Actrice à Genève, elle accompagne Amir, handicapé mental, lors d’activités diverses et variées pour le compte de l’association AGIS.
C’était il y a deux ans. Eve Savelli, jeune comédienne et metteuse en scène genevoise, veut donner de son temps pour les autres, «pour ceux qui ont eu moins de chance dans la vie». Sur internet, elle tombe sur un appel de l’association genevoise AGIS, qui cherche des référents bénévoles pour des personnes handicapées. «j’avais toujours eu envie de le faire, mais, par manque d’organisation, je ne pensais pas avoir le temps, ce qui était faux», explique la jeune femme de 33 ans.
En mai 2016, elle rencontre donc Amir, un handicapé mental de 35 ans. Après un temps d’apprivoisement nécessaire, la relation bénévole-handicapé se transforme en un roman d’amitié. Balades en Gruyère, pique-niques, pièces de théâtre ou encore concerts au Victoria Hall, Eve et Amir se voient régulièrement. «Mais ce que préfère Amir, c’est nager! Nous avons fait presque toutes les plages du bassin genevois», raconte Eve, rieuse. Et ce sont des moments que la jeune femme vit pleinement.
En effet, pas question d’être ailleurs: «A chaque rencontre, je me dois d’être avec Amir à 100%, j’essaie de lui faire oublier son handicap et je l’encourage à vivre le moment présent.» Deux ans après leur rencontre, Eve fait le bilan: «Je me sens utile. Avec Amir, nous avons vécu tellement de moments de rire! Si je venais à ne plus le revoir, il me manquerait terriblement.»
«j'avais l'impression de ne rien savoir faire»
Kevin Sanchez, 26 ans. En deuxième année de master d’études de genre à l’Université de Genève, il a passé une semaine dans une famille de paysans au Noirmont (JU).
Tout commence par une histoire de militantisme. Kevin Sanchez, 26 ans, membre de SolidaritéS Genève, un mouvement anticapitaliste, féministe et écologique, veut «du concret». «Je fais du militantisme à l’université ou en politique, mais tout est très abstrait, je n’avais pas de réel contact avec les gens, ce dont j’avais besoin pour confronter mes idées à la réalité des autres.»
L’année dernière, un ami lui parle de Caritas-Montagnards, un programme pour aider les familles paysannes suisses vivant dans la précarité. Kevin s’inscrit et est contacté peu après par une famille du Noirmont, dans le Jura. Il y passera une semaine. C’est la saison des foins; nourri et logé, le jeune homme moissonne et andaine sans relâche pendant une semaine. A la ferme, il découvre un travail harassant et sans horaires, «car la journée de travail ne se termine pas avant que tout soit fait, peu importe l’heure, peu importe le jour», mais surtout dépaysant. «Quand j’y suis arrivé, le premier soir, je ne comprenais rien du tout et j’avais l’impression de ne rien savoir faire. Finalement, un Genevois est plus proche d’un New-Yorkais que d’un paysan de son propre pays.»
Mais Kevin s’accroche, s’attache à la famille, avec qui il s’entend tous les jours un peu mieux, et confronte ses idées de citadin à la réalité d’une exploitation agricole. «Nous vivons dans le même pays mais nos façons de vivre sont si éloignées, je voulais vivre et comprendre leur réalité pour peut-être, dans le futur, apporter des réponses élaborées à leurs problèmes et pouvoir les aider au mieux.» Une semaine plus tard, le jeune homme quitte la famille avec regret et une envie: «Recommencer l’année prochaine!»
«Cela m’aide à relativiser»
Jonathan Montavon, 24 ans. Apprenti restaurateur et bénévole au centre Rencontres pour personnes traumatisées cérébrales de Courfaivre (JU).
«Il y a un peu plus d’un an, je feuilletais une brochure et je me suis rendu compte qu’à seulement quelques kilomètres de chez moi un centre de rééducation pour traumatisés cérébraux cherchait des bénévoles.» Sans hésiter une seconde, le jeune homme s’y présente. Après une journée d’essai, il intègre l’équipe. Sur place, il rencontre Yvan.
Il y a deux ans, Yvan a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Jonathan s’attache à celui «qui pourrait être mon père». «C’était un peu froid au début, mais les choses ont vite changé et nous avons presque une relation de père à fils aujourd’hui.» Jonathan rend visite à Yvan deux heures par semaine. Ensemble, ils discutent, jouent aux échecs, aux cartes ou à la pétanque. «Nous avons tellement à apprendre des autres, notamment de ceux qui ont eu moins de chance que nous dans la vie.
Celui qui dit qu’il n’a pas le temps n’a simplement pas envie et, personnellement, je n’ai jamais eu l’impression de perdre le mien.» Aujourd’hui, Jonathan a commencé un apprentissage dans la restauration mais, aussi longtemps qu’il le pourra, il continuera à voir Yvan. «Ces rencontres m’aident aussi à relativiser; je ne sais pas si je suis devenu plus humain mais, en tout cas, définitivement plus empathique et j’arrive à me mettre à la place des autres, ce qui est essentiel.»
«C’est L’histoire d’une passion»
Jean-Marc Egger, 59 ans. Bénévole pour le Service archéologique de l’Etat de Fribourg.
«J’ai acheté un détecteur de métaux, un appareil photo, et voilà comment tout a commencé!» Il y a quelques années, Jean-Marc Egger connaît de graves ennuis de santé. Il doit arrêter son activité de ferronnier d’art, mais pour lui «pas question de rester couché toute la journée»! Passionné d’histoire, il part à la découverte de son canton, détecteur de métaux à la main.
«Je me baladais près de la muraille d’Avenches, à Villarepos (FR), et là je tombe sur des monnaies romaines. J’ai commencé à paniquer et ai pris contact avec le service archéologique, je venais de tomber sur ce qu’on présume être une nécropole, vous imaginez?» Le service cantonal lui délivre une autorisation* et Jean-Marc commence à participer aux fouilles.
Aujourd’hui, il participe aussi à la formation des étudiants en archéologie de l’Université de Lausanne, à qui il apprend à utiliser des détecteurs de métaux. «Je suis devenu une espèce d’archéologue autodidacte.» Une activité bénévole, puisque Jean-Marc n’est pas rémunéré. Mais qu’importe, car tout cela est une histoire de passion et d’amour pour son canton, auquel il se consacre aujourd’hui: «Pas besoin d’aller en Egypte pour découvrir des merveilles!»
* La prospection au moyen d’un détecteur de métaux est interdite sur l’ensemble du territoire fribourgeois sans autorisation du Service archéologique de l’Etat de Fribourg.
«Aider les autres, c’est dans mon ADN»
Catherine Meuter, 72 ans. Enseignante à la retraite et bénévole pour Pro Senectute à Ecublens (VD).
Un vendredi par mois, Catherine Meuter, enseignante à la retraite, passe son heure de midi au Café Vaudois à Ecublens. Ces «tables au bistrot» organisées par l’association Pro Senectute Vaud permettent aux personnes âgées ou isolées «de partager un moment chaleureux et de se rencontrer». Depuis deux ans et demi, la bénévole anime le repas avec bonne humeur et énergie. «C’est quelque chose de très naturel. Aider les autres, c’est dans mon ADN», s’exclame celle qui est aussi bénévole pour les «quartiers solidaires» d’Ecublens.
«Un jardin donne toujours trop»
Ariane Davet. Educatrice spécialisée et bénévole pour la fondation ProSpecieRara à Siviriez (FR).
Pas facile pour une Genevoise pure souche de débarquer à Siviriez, petit village du canton de Fribourg. Pourtant, aujourd’hui, Ariane Davet ne quitterait la Glâne pour rien au monde. Sur place, elle se met au jardinage et découvre ce qui deviendra sa passion: produire ses propres graines. Plus tard, elle rejoint la fondation ProSpecieRara, qui défend la culture des anciennes espèces, et, depuis, son potager regorge de tomates jaunes ou de haricots nains. Et puis, quoi de mieux qu’un jardin pour interagir? «Il nous donne toujours trop, alors nous aussi nous donnons beaucoup!»