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Camille & Julie riment avec Paris

Fortes de leur succès, les sœurs Berthollet, 19 et 21 ans, violoncelliste et violoniste classiques, se sont offert leur tout premier appartement dans la Ville-Lumière. Visite privée en exclusivité.

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Sacrées sœurs  Mercredi 2 mai, Camille et Julie Bethollet se sont octroyé une parenthèse, près de chez elles, à Montmartre, au pied de la basilique du Sacré-Cœur. Manuel Braun

Avec ces deux-là, ça déménage en permanence.

Fraîches comme le printemps, les multi-instrumentistes Julie et Camille Berthollet, 21 et 19 ans, violon et violoncelle, ont pris possession depuis le 11 avril de leur pied-à-terre parisien, déniché sur mesure et en un mois et demi par l’énergique Stéphane Plaza dans l’émission Recherche appartement ou maison sur M6. A deux arrêts de RER de la gare de Lyon, dans un quartier cosmopolite du IXe arrondissement, elles éprouvent enfin le sentiment d’être chez elles, entre deux avions, deux hôtels, deux galas. «Ici, on peut poser nos valises, souffler, vivre, travailler et inviter des amis.» Pourquoi Paris? «C’était une évidence. On adore la ville, nous sommes à 700 m du Sacré-Cœur. Notre producteur et notre label sont ici, notre pianiste aussi.»

Bruxelles, où elles sont actuellement en résidence artistique, à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, n’est pas loin non plus. Sans oublier le shopping. «Paris est la capitale de la mode. On freine les dépenses, on ne veut pas être interdites bancaires», glousse la cadette. Sur leur boîte aux lettres, un rectangle de papier scotché indique leur nom de famille au stylo. Une voisine admiratrice a glissé un mot de bienvenue. Un autre a sonné pour leur demander de mettre une sourdine. Elles jouent entre trois et six heures par jour. «On va renforcer la porte d’entrée pour mieux insonoriser.»

Il faut grimper deux étages avant de pénétrer dans leur lumineux logement de 55 mètres carrés refait à neuf, murs blancs, cheminée et parquet en bois naturel. Dans le salon où trône un piano électrique, les rideaux Ikea n’ont pas encore été posés. Nos virtuoses attendent encore leur baby-foot et des armoires. «Le dressing ne ferme déjà plus, les filles!» constate Monique Berthollet-Montavon. La maman, originaire de Delémont et installée du côté d’Annecy, est en visite. Elle gère toute l’intendance.

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Un amour de maman. A chaque visite de Monique Berthollet-Montavon, leur maman, Julie et Camille sont comme des coqs en pâte. Ces trois-là, inséparables, forment un accord parfait. Manuel Braun

​Un amour de maman. A chaque visite de Monique Berthollet-Montavon, leur maman, Julie et Camille sont comme des coqs en pâte. Ces trois-là, inséparables, forment un accord parfait. Photo-Manuel Braun

Chacune a sa chambre. Un poster de Céline Dion sur le mur de Camille, des dessins au crayon réalisés par elle-même sur celui de Julie. Une cuisinette ouverte, une salle de bains et un WC complètent le tableau dans lequel elles évoluent, libres et pieds nus.

Avec leur chevelure rousse, on dirait deux feux follets. Rien ne semble altérer leur bonne humeur ni entamer l’énergie qui les porte. En quatre ans, Camille et Julie se sont imposées. Leurs productions sont systématiquement disque d’or. Le troisième opus caracole en tête des ventes. «Ils ont oublié le «t» final à notre nom de famille», souligne la plus jeune en déplaçant le cadre du dernier disque certifiant plus de 50 000 exemplaires écoulés.

Agenda jusqu’en 2019

«On a conscience du côté éphémère du succès. On ne veut pas d’une carrière coup d’éclat.» Leur rêve? «Remplir un stade, comme pour un concert de rock.» Dans le sillage de leur ascension, elles ont emprunté les quelque 600 000 euros nécessaires à l’achat du logis. Un investissement. Le précédent, une location dans le Marais, n’était pas commode, avec ses mansardes. Un obstacle physique au mouvement de l’archet du violon. Ici, aucune entrave. Elles peuvent bosser d’arrache-pied. Leur agenda affiche complet jusqu’en mai 2019. «On prépare le quatrième disque pour la fin de l’année. Il sera crossover.» Lorsqu’on évoque Michael Jackson, souvenir d’une partition qui trônait sur le piano familial, elles opinent et ajoutent: «Le cinquième, à l’horizon 2019, sera très classique, en revanche.»

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Lorsqu’un concert est en vue, Camille et Julie bossent à fond. Elles travaillent leur instrument entre trois et six heures, tous les jours. Manuel Braun

​Lorsqu’un concert est en vue, Camille et Julie bossent à fond. Elles travaillent leur instrument entre trois et six heures, tous les jours. Photo-Manuel Braun

Leur spontanéité met tout le monde à l’aise. Dans le métier, les occasions de faire des rencontres se multiplient. «Le chanteur lausannois Nicolas Fraissinet est devenu un ami. Nous avons enregistré en session acoustique son titre La mémoire de nos pères et on prévoit un concert l’an prochain. On a collaboré avec le duo Madame Monsieur, retenu pour représenter la France à l’Eurovision.»

Pour elles, l’été ne sera pas synonyme de vacances mais de festivals. Le 22 juillet, Camille et Julie sont à l’affiche du Paléo, étiquetées «Rock stars de l’archet». «On jouera en trio avec piano», précise Julie. Ses changements capillaires rendent dingues les attachés de presse de Warner Classics. «On vient de faire des photos pour la promo, personne ne va te reconnaître!» Elle rigole lorsqu’on la sermonne. Ce côté poil de carotte leur laisse peu de chances de passer inaperçues en public. «Les lunettes noires, c’est pire. Reste à essayer les perruques. On nous repère surtout grâce aux étuis de nos instruments.» Elles renchérissent: «C’est assez sympa la notoriété, les compliments, mais gênant lorsque la pharmacienne s’exclame: «Ah, c’est vous! Vous avez un rhume?»

Maman veille farouchement sur leur tranquillité et ne transige pas avec les importuns. «J’ai déjà dû déposer des mains courantes.» A Paris, elles ont des stratégies pour se fondre dans l’anonymat. «On rentre les épaules, on regarde droit devant, on marche deux fois plus vite que les autres. Et surtout, on fait la gueule: ici, c’est très important!»

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Ames d’enfants. Chacune a sa chambre mais Julie et Camille aiment se retrouver pour faire les folles. Comme deux enfants. Manuel Braun


Projet pour le cinéma

Cette vie au pas de charge est l’expression d’une passion. En mars dernier, les «Berthollettes» se sont pourtant offert une parenthèse valaisanne. «Une semaine sans rien faire.» Ou presque. «On a initié Hervé Epitaux du FC Sion au violon.» L’arrière droit avait des bases en percussions. «Il a le sens du rythme, mais nous, on n’a pas le sens du sport.»

Et la plage? Monique répond: «J’ai décidé de retourner à l’île Maurice. Il faudrait que Julie découvre le pays où elle est née.» Elle ajoute en contemplant ses deux princesses: «J’ai fait mon devoir. J’aspire désormais à trouver un job dans une maison d’édition.» Lectrice compulsive, elle a acheté 50 bouquins au dernier Salon du livre. «J’en lis un par jour.» Son coup de cœur printanier: Un océan, deux mers, trois continents, de Wilfried N’Sondé. Ses romans, elle les partage avec Julie, comme le cinéma. Camille, elle, aime les ouvrages et les films plus réalistes.

Le 7e art leur ferait-il de l’œil? «Oui. Nous avons deux projets en cours. L’un contemporain, l’autre en costume. En rapport avec la musique, même si nous ne jouerons pas forcément de nos instruments.»

Julie a été sollicitée pour accompagner une cérémonie à l’invitation d’Emmanuel Macron. «Enfin un président qui connaît la musique. Il a été troisième prix de piano au conservatoire d’Amiens. Pas comme François Hollande qui nous disait: «Le concert était très bien, mais je ne l’ai pas écouté.» Et les garçons, les amoureux? Hilares, elles bottent en touche. «Ils sont enterrés dans la cave dans un état de décomposition avancée !»

Par Dana Didier publié le 8 mai 2018 - 00:00, modifié 17 mai 2018 - 11:10