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Dossier santé

Cancer: distinguons le vrai du faux!

Le neuro-oncologue Andreas Hottinger répond aux questions les plus courantes. L’occasion de tordre le cou à quelques lieux communs.

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© Fred Merz | lundi13

L’utilisation du téléphone portable augmente-t-elle le risque de cancer?

Non. Les dernières études démontrent clairement que l’utilisation du téléphone portable n’a pas d’incidence sur l’augmentation du nombre de cancers du cerveau. Celle-ci est essentiellement liée au vieillissement de la population. Vu que les téléphones portables se sont démocratisés vers la fin des années 1990, on peut à ce jour dire qu’il n’y a pas de risque puisqu’on les utilise depuis plus de vingt ans.

Vivre près d’une ligne à haute tension peut-il provoquer des cancers?

A ce jour, aucune étude sérieuse ne le démontre.

Vivre à proximité d’une centrale nucléaire augmente-t-il le risque d’être atteint d’un cancer?

Non. Je ne parle pas de Tchernobyl, bien sûr, mais d’une centrale 100% sécurisée.

La radiofréquence, cette technique utilisant les ondes électromagnétiques pour traiter le relâchement cutané du visage et de la peau en général, représente-t-elle un danger?

Non. A ce jour, il n’existe aucune donnée allant dans ce sens.

On dit que l’aspirine protégerait de certains cancers...

Nous n’en savons rien. Pas mal d’études tentent de le démontrer, sans pour l’instant apporter de certitude définitive.

Le cannabis est-il cancérigène?

Oui et non. Le THC, son principe actif, ne l’est pas, mais la combustion des feuilles de cannabis libère plus de 1000 substances dont certaines sont cancérigènes, y compris du goudron, des nitrosamines et autres. Il est important aussi de rappeler que le tabac est l’un des principaux facteurs de risque pour développer un cancer du poumon.

Les compléments alimentaires présentent-ils un risque lié aux cancers?

C’est une question difficile, nous manquons de données objectives. La plus aboutie concerne la vitamine E, à l’effet antioxydant qu’on présente comme un rempart contre le cancer. Malheureusement, les résultats d’une étude réalisée auprès de 15 000 infirmières britanniques n’ont pas confirmé cette hypothèse. Pire, le groupe sous vitamine E a même présenté une incidence au cancer légèrement supérieure.

Le cancer est-il une maladie contagieuse?

Non. Le cancer n’est pas une maladie contagieuse. Certains cancers se développent cependant à la suite de maladies virales infectieuses. Ainsi, par exemple, le cancer du col de l’utérus est lié au papillomavirus (HPV), qui se transmet en ayant des rapports sexuels. Cela est la raison des programmes de vaccination contre le HPV. De même, certains cancers du foie peuvent se développer à la suite de certaines hépatites virales.

Certains modes de cuisson augmentent-ils le risque de cancer? On pense à la friture, aux grillades, au barbecue…

Oui. Les cuissons intenses et prolongées (fritures, grillades) peuvent entraîner la formation de substances cancérigènes. Mais en respectant les conditions de cuisson, le risque reste tout de même très modéré.

Les perturbateurs endocriniens favorisent-ils certains cancers?

C’est possible, mais cela n’a pas encore été démontré. Il est en effet très difficile de mesurer avec fiabilité la nature et les quantités des composés chimiques environnementaux qui ont pu déclencher le développement de cancers.

Les pesticides dans l’alimentation peuvent-ils favoriser des cancers?

De nouveau, c’est une question à laquelle il est difficile de répondre brièvement. Les taux autorisés de pesticides sont établis, entre autres, pour assurer la sécurité des consommateurs quant au risque de développer des cancers. Même pour des expositions plus importantes (par exemple pour les agriculteurs qui les répandent), nous n’avons pas de lien clair entre les pesticides et les cancers.

Le cancer peut-il être dû au stress ou à un choc psychologique?

A un choc psychologique, certainement pas. S’agissant du stress, c’est plus compliqué, car il n’y a pas de lien direct; mais on peut imaginer qu’un stress chronique puisse diminuer les défenses immunitaires de l’organisme.

Plus on est jeune, plus le cancer est agressif?

Plutôt oui. Un organisme jeune est certes plus à même de lutter contre la maladie mais, a contrario, il favorise une mutation qui rend les cellules atteintes plus agressives. La bonne nouvelle, c’est que les énormes progrès de l’oncologie tendent à réduire la portée de ce postulat.

Par Rappaz Christian publié le 15 février 2018 - 00:00, modifié 15 mai 2018 - 10:30