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Depuis quatre ans, un appareil suisse tourne en orbite autour de la planète Mars pour la photographier. Presque 30'000 clichés ont déjà été récoltés. Le concepteur du projet, Nicolas Thomas, physicien à l'Université de Berne, en a sorti un livre: «Images de Mars» qui réunit 180 photos commentées par le scientifique.
Bertrand Cottet
Swiss made: Voici le système d’imagerie CaSSIS, posé sur la table du laboratoire de l’Université de Berne. A droite, la partie noire constitue le téléobjectif, entourée par sa structure de support qui est dorée.Celle-ci contient le mécanisme de rotation qui permet d’obtenir des images en 3D.La boîte de gauche, rouge et doré, contient toute la partie électronique. Pour les connaisseurs, précisons que l’appareil est muni d’un téléobjectif d’une focale de 880 mm et possède une ouverture de f/6,52. Sa masse totale ne dépasse pas 5,5 kg.
DRDepuis quatre ans, une petite merveille de technologie suisse gravite inlassablement autour de la planète Mars. Ces 5,5 kilos de savoir-faire évoluent à 76 millions de kilomètres de leur lieu de naissance, l’Université de Berne. Propulsé dans l’espace en mars 2016 avec la sonde ExoMars Trace Gas Orbiter, cet appareil travaille sans relâche depuis sa mise en fonction, le 21 avril 2018, au terme de deux ans de voyage dans le vide sidéral. Nommé CaSSIS, pour Color and Stereo Surface Imaging System (système d’imagerie de surface en couleur et en stéréo), ce petit bijou est l’œuvre de Nicolas Thomas, directeur de l'Institut de physique de l'Université de Berne, et de son équipe de chercheurs.
Chaque jour, les scientifiques bernois reçoivent de l’espace une vingtaine d’images de la surface de Mars. Faites le calcul: près de 30 000 photos ont déjà été rassemblées. Ces clichés, dont environ 60 à 70% sont utilisables scientifiquement, couvrent déjà 3% de la surface de la planète rouge. CaSSIS a aussi été conçu pour pouvoir prendre des images en 3D: l’appareil peut pivoter pour photographier le même endroit sous deux perspectives différentes, grâce à un système de rotation complexe. Relativement gourmande en énergie, cette technique n’est utilisée qu’avec parcimonie afin de sauvegarder les batteries.
CaSSIS a observé Mars sous toutes les coutures, depuis les anciens paysages érodés, les cratères et les volcans de toutes tailles jusqu’aux lacs asséchés et aux dunes de sable colossales, en passant par les amoncellements de glace, les tornades de poussières ou encore les avalanches. Il faut préciser que les images ne montrent pas tout à fait les vraies couleurs de la planète rouge. Une fois arrivés au sol, les fichiers bruts sont traités et enrichis pour mettre en valeur la diversité de la surface martienne. Guidé par les codes de l’analyse scientifiques, ce processus accentue les tonalités qui révèlent les différents types de minéraux et met en évidence la grande variabilité spectrale de la surface. Tous les géologues sur Terre peuvent alors étudier ces documents en termes de minéralogie et de lithologie de la croûte martienne. Créées pour la science, ces images, aux motifs presque abstraits, produisent pourtant des tableaux d’une beauté saisissante!
«Images de Mars», de Nicolas Thomas et sa CaSSIS-Team,440 pages, édité par Weber Verlag.
DRZoom sur les bords du cratère Rabe, dans la région de Noachis Terra. La zone en bleu représente des champs de dunes, typiques des abords des cratères de cette région. L’image montre des ravines dans le mur du cratère. Les débris qui s’en écoulent (à gauche) interagissent avec le sable des dunes.
ESA/Roscosmos/CaSSISLa région de Promethei Terra est couverte de traces de tornades de poussières. Ces tornades se développent lorsque l’air chaud proche de la surface s’élève rapidement à travers l’air plus frais en altitude. Ce mouvement soulève des poussières qui, le temps passant, forment ces traces sombres et aléatoires.
ESA/Roscosmos/CaSSISCe cratère est situé à l’intérieur d’un cratère plus grand, dans une région appelée Arabia Terra. Il a parfaitement conservé sa forme en bol, contrairement à son grand frère. La technique photographique utilisée par l’appareil CaSSIS parvient à mettre en évidence la structure des sols. Les environs des cratères présentent des dépôts sédimentaires stratifiés et fracturés de cendres volcaniques. On ignore en revanchesi le processus de sédimentation est éolien ou aqueux.
ESA/Roscosmos/CaSSISLes dunes du cratère Russell. L’aspect brillant provient de la glace saisonnière de dioxyde de carbone qui recouvre la surface des dunes pendant l’hiver austral.
ESA/Roscosmos/CaSSISProche du lieu où s’est posé le rover Opportunity de la NASA, ce cratère possède deux niveaux. Cette caractéristique assez inhabituelle peut être due à la différence de dureté des roches qui le composent.
ESA/Roscosmos/CaSSISCe delta a été formé par l’écoulement d’eau dans un lac au fond d’un cratère. Ce site a été présélectionné pour de futures missions, car les roches qui le composent pourraient conserver des traces de vie.
ESA/Roscosmos/CaSSISVoici le système d’imagerie CaSSIS, posé sur la table du laboratoire de l’Université de Berne. A droite, la partie noire constitue le téléobjectif, entourée par sa structure de support qui est dorée. Celle-ci contient le mécanisme de rotation qui permet d’obtenir des images en 3D. La boîte de gauche, rouge et doré, contient toute la partie électronique. Pour les connaisseurs, précisons que l’appareil est muni d’un téléobjectif d’une focale de 880 mm et possède une ouverture de f/6,52. Sa masse totale ne dépasse pas 5,5 kg.
DR«Images de Mars», de Nicolas Thomas et sa CaSSIS-Team, 440 pages, édité par Weber Verlag.
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