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Celeste Barber, la comédienne qui tourne en dérision les codes du star system

Quand il s’agit de rire, Celeste Barber ne connaît aucune limite. Aucun bikini n’est trop petit, aucune pose n’est trop ridicule. Dans la série Netflix «Wellmania», cette prêtresse du mauvais goût s’en prend à l’obsession du bien-être.

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Celeste Barber prend la pose sexy de Beyoncé

Mère de quatre enfants, la comédienne sait faire de la place à son enfant intérieur. «Cette attitude m’ouvre des perspectives sur autre chose que mon apparence.» L'Australienne dans la pose sexy de Beyoncé. «Le business du bien-être vaut des milliards de dollars et nous ment impitoyablement.»

Instagram

L’anti-«it-girl». Voilà comment le personnage de Celeste Barber se présente sur les réseaux. L’Australienne joue de son corps de femme ordinaire comme si c’était celui d’une top-modèle aux mensurations standard. Depuis 2015, l’humoriste parodie sur Instagram les photos surréalistes des stars et des influenceuses. Un créneau qui l’a propulsée parmi les comédiennes les plus influentes du monde. Le plus percutant dans ses mises en scène, c’est l’acuité de son regard. En effet, qui fait du yoga sur une plage balinaise coiffée comme une jeune mariée en sirotant une bouteille d’eau à 100 dollars? Ou embrasse son amoureux au réveil en faisant le poirier, tout en évitant de froisser sa lingerie? «Au saut du lit, la plupart d’entre nous mangent du muesli dans un t-shirt pourri», dit la quadragénaire qui vit entre Sydney et New York avec son mari, Api Robin (son compte Instagram est @HotHusband_), ses fils Lou et Buddy et ses filles adoptives Kyah et Sarah.

Le couple est marié depuis vingt ans. Celeste Barber se souvient encore du regard interrogatif de son mari lorsqu’elle a quitté la maison à moitié nue, vêtue d’un trench-coat et de bas résille, pour mettre en scène son premier post Instagram. Elle relate: «Abasourdi, il a demandé: «Où vas-tu?» J’ai répondu: «Au tas de boue au bout de la rue pour prendre une photo.» Le projet était une parodie d’une photo de Kim Kardashian. Il a mis le feu aux poudres. La publication a fait l’effet d’une bombe: du jour au lendemain, elle avait 50 000 followers de plus.

Ses fans sont désormais 9,5 millions. Ils adorent sa critique ironique de l’obsession de la beauté. Et aussi sa façon de tourner en dérision la quête d’attention des Rihanna, Paris Hilton, Jennifer Lopez & Co. Celeste Barber est culte. Même pour les célébrités, qui la prient désormais de les parodier. Il est rare qu’elle soit bloquée sur les médias sociaux, comme elle l’a été par Emily Ratajkowski. Cette dernière aurait été horrifié par la manière dont Barber s’est moqué d’un shooting sexy.

Cette réussite est le résultat d’un patient travail. Celeste Barber affirme: «Je ne me suis pas retrouvée là par hasard parce que je faisais le pitre. J’ai toujours su qu’il y avait quelque chose de pertinent à dire sur ce monde de l’apparence et que mon approche avait du potentiel.»

Reine de l’autodérision
 

Aujourd’hui, la «Queen of Comedy» provoque les fous rires partout, lors de ses nombreuses prestations sur scène. L’Australienne se montre délicieusement détendue et pleine d’autodérision. Tout ce qui concerne l’apparence physique n’a aucune prise sur elle. «Je n’ai jamais été sexy et cool. Mais maintenant que je suis super sexy et super cool, je suis devenue une ambassadrice pour ces femmes qui ont longtemps été transparentes. Elles deviennent invisibles parce que leur corps ne correspond pas à l’image que les médias, la publicité et la société renvoient en permanence.» L’humoriste revendique un message militant: «Les femmes ne sont pas des objets et n’ont pas à être parfaites. Il est primordial de le dire. Nous sommes constamment abreuvées d’idéaux inaccessibles mais considérés comme la norme. Il nous faut refuser ce lavage de cerveau et dire stop.»

Celeste Barber est exactement la personne que l’on rêve de rencontrer quand tout va mal. Son humour est revigorant. Les limites du bon goût ne la concernent pas, comme en témoigne la nouvelle série phénomène «Wellmania» sur Netflix. Celeste Barber y joue Liv, une auteure culinaire déjantée. Après un problème de santé, cette fêtarde doit passer des cafés et de la cocaïne aux lavements intestinaux et aux ventouses.

Le bien-être, religion des temps modernes
 

Dès le premier des huit épisodes, Celeste Barber est une tornade humaine. Dans un studio de fitness, des femmes transpirent sur des vélos de spinning au son d’une musique assourdissante. L’entraîneur hurle: «Les seules que vous devez vaincre, c’est vous-mêmes!» Toutes acquiescent, sauf Liv. Les cheveux défaits, elle porte toujours, impassible, le string à paillettes de la nuit précédente. Le rythme s’accélère mais Liv est déjà à bout de forces. Cette obsession du dépassement de soi la rend – littéralement – malade. Elle vomit donc au milieu de la troupe, stupéfaite. La scène est tellement gênante qu’elle en devient géniale. Du burlesque pas très ragoûtant mais magnifiquement mis en scène.

«Wellmania» est basée sur un roman de Brigid Delaney. C’est l’histoire d’une femme normale dans la force de l’âge qui, à un moment donné, se distancie de la folie du bien-être car l’odyssée pourrait lui être fatale. Celeste Barber fait elle-même du yoga dans sa vie privée et boit volontiers un verre ou deux. En fait, elle joue son propre rôle. Elle s’exclame: «Je suis mon meilleur public.»

Son prochain objectif: animer un show de fin de soirée à la télévision américaine. «Ensuite, je serai candidate à la présidence. Comme nous le savons maintenant, n’importe quel crétin peut le faire. Alors pourquoi pas moi?»

>> Dans le top 10 de 38 pays, «Wellmania» cartonne actuellement sur Netflix.

Par Caroline Micaela Hauger publié le 16 mai 2023 - 09:49