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«Le choix d’un métier n’est plus définitif»

Tout à la fois entrepreneur et homme politique, Jean-François Rime, le président de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), connaît bien le marché du travail. Nous avons notamment parlé avec lui des vertus du système suisse d’apprentissage.

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Entrepreneur, il a été à la tête de trois entreprises à Bulle, dont il est toujours président du conseil d’administration. Né en 1950, ce Fribourgeois de Charmey a fait une belle carrière politique, notamment comme conseiller national UDC. Il est président de l’USAM, l’organisation faîtière des PME, qui en représente environ 500 000 dans toute la Suisse. Blaise Kormann

Par ces temps de Covid-19, comment se portent les PME de Suisse romande?
Jean-François Rime: La situation varie d’une branche à l’autre, et même au sein d’une même branche, il y a des différences. Là où ça va le plus mal, c’est dans l’hôtellerie et la gastronomie. L’horlogerie semble en mauvaise posture, surtout chez les sous-traitants. Il y a une différence entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. En Suisse alémanique, par exemple, le travail n’a pratiquement jamais cessé dans la construction. En Suisse romande, on a bloqué l’activité à une certaine période, ce qui à mon avis était une erreur.

Les mesures prises ont-elles desservi les PME?
J’ai fait partie du groupe de travail qui a régulièrement rencontré le Conseil fédéral ce printemps et je peux affirmer que celui-ci a bien travaillé, vu le peu de connaissances que nous avions sur le Covid-19. Aujourd’hui, face à la deuxième vague, on peut agir de manière plus ciblée.

A-t-on, à un moment donné, sacrifié l’économie à la santé?
Non, pas du tout. En Allemagne non plus, mais en France, oui. La Suisse a su tirer son épingle du jeu, on a plutôt bien agi.

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Jean-François Rime a longtemps dirigé la scierie Despond, à Bulle, qui emploie environ 45 personnes et forme des apprentis. Blaise Kormann

Parlons maintenant de notre système d’apprentissage…
Nous sommes pratiquement les seuls, en Europe, à avoir un système de formation dual (en entreprise et en cours, ndlr). Ce système est extraordinaire, tout le monde le reconnaît. Et s’il existe et fonctionne, c’est en grande partie grâce aux PME, dont les patrons s’occupent de former tous ces apprentis.

On vante le système de l’apprentissage suisse, mais en même temps on a l’impression que de plus en plus de parents encouragent plutôt leurs enfants à faire des études...
C’est vrai. Pour moi, ça a été l’inverse. Mon père, qui était typographe, m’avait découragé d’aller à l’université et conseillé de faire un apprentissage. J’ai quand même fait des études supérieures, mes trois fils aussi.

Ne devrait-on pas plus encourager les jeunes à faire des apprentissages?
On le fait! Mais ça varie d’un canton à l’autre. Dans les cantons de Thurgovie et de Saint-Gall, par exemple, 60% des jeunes font un apprentissage, tandis qu’à Genève ils sont 20%. L’apprentissage ne sert pas qu’à apprendre un métier, c’est aussi la transition entre la vie scolaire et la vie pratique et professionnelle. Ce qui est important, avec le système suisse, c’est la possibilité de faire des ponts. De commencer par un apprentissage de maçon pour finir directeur d’une entreprise, comme celui de Grisoni-Zaugg, à Bulle.

Parmi les demandeurs d’emploi qui nous envoient leurs profils, il y a très peu de manuels, beaucoup de «chargés de projets», d’assistantes de direction…
Les orienteurs professionnels devraient expliquer aux jeunes dans quels métiers ils ont le plus de chances de trouver du travail. Leur expliquer que s’ils font un apprentissage, ils auront ensuite une solide formation et pourront toujours changer de voie. Et il faut reconnaître que tout le monde n’est pas fait pour les études.

Avez-vous un conseil à donner à un jeune qui termine son école obligatoire? Vers quel secteur doit-il s’orienter?
C’est impossible de répondre à cette question. Ça dépend quand même des capacités et des goûts du jeune. Ce que je peux dire, c’est que les métiers ne cessent d’évoluer. Il faut faire une bonne formation, tout en sachant qu’aujourd’hui le choix d’un métier n’est plus définitif.


Par Patrick Morier-Genoud publié le 2 novembre 2020 - 09:03, modifié 18 janvier 2021 - 21:15