Il a ce regard azur coquin qui accroche les filles, cette assurance qui fascine les mecs, cette hardiesse qui plaît aux enfants. Grand (1,90 m), sympa, élégant en toutes circonstances, il bouffe la lumière, comme on dit au cinéma. Chris Hemsworth est bien le «man of today» vanté dans la pub Hugo Boss qu’il incarne.
Il y a douze ans, pourtant, en Australie, il attendait sa vague, en brave surfeur. Selon le magazine Forbes, il est aujourd’hui le deuxième acteur le mieux payé du monde, derrière Dwayne Johnson. Cachet? Entre 15 et 20 millions par film. Merci Thor, le dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique, merci à la franchise Avengers surtout dont l’ultime chapitre, «Endgame», sorti l’an passé, est devenu le plus gros succès de l’histoire du cinéma, devant «Avatar».
Loin des plateaux de tournage, Chris Hemsworth est un père attentionné et discret, parfois trahi sur Instagram par sa propre épouse, l’Espagnole Elsa Pataky, une actrice elle aussi, fille d’un biochimiste et d’une journaliste. Leurs agents respectifs les ont présentés fin 2009. Précédemment liée à l’acteur comique français Michaël Youn notamment, la jolie Madrilène a cette fois franchi le pas: le 26 décembre 2010, soit un an plus tard, elle épousait son bellâtre, de sept ans son cadet. Trois enfants – India Rose (2012) et les jumeaux Tristan et Sasha (2014) – sont nés depuis lors.
Héroïque à l’écran, papa poule sous son toit, l’acteur n’en reste pas moins humain. En 2016, il avait suivi sa femme dans l’Himalaya pour une émission type «Rendez-vous en terre inconnue» produite par une chaîne espagnole. Aventure périlleuse. Lors d’une ascension a priori à sa mesure, à 4000 mètres, l’acteur flanche. Asphyxie, propos délirants, toux: il est évacué sans délai et la séquence sera conservée au montage.
Venu au monde à Melbourne, Chris Hemsworth est pourtant un compétiteur né. Il appartient à une fratrie d’acteurs, comme les Baldwin, les Wilson ou les Affleck. Luke, son frère aîné, joue dans la série Westworld. Quant à Liam, le cadet, on l’a vu dans Hunger Games. Rien ne les prédestinait pourtant à Hollywood. Craig Hemsworth, le père, est conseiller en services sociaux et Leonie (née Os), la maman, prof d’anglais. Détail biographique cocasse: leur tante Joanne a été mariée à Rod Ansell, le baroudeur qui inspira le personnage de «Crocodile Dundee».
Chris a grandi entre Melbourne, la capitale, et Bulman, trou perdu du Territoire du Nord. «Mes plus lointains souvenirs sont liés à l’Outback, aux crocodiles et aux buffles.» Dans sa bouche d’enfant, Christopher, son prénom, devient Kiptader. On le surnommera Kip. Les garçons se chamaillent sans cesse. Un jour qu’ils se disputent dans la cuisine, le cadet, Liam, se saisit d’un couteau et le lance au visage de Chris! C’est le manche qui l’atteint…
Après sa formation d’acteur à la Screenwise Film & TV School, à Sydney, il s’improvise maçon, barman et même vendeur dans une boutique de surf avant d’avoir sa chance. A 19 ans, il devient le roi Arthur dans deux épisodes de la série australo-canadienne «Guenièvre Jones», puis on le retrouve dans «Neighbours», un feuilleton mythique. Il rejoint ensuite pour 171 épisodes le générique de «Home and Away» (rebaptisée ici «Summer Bay»), la série qui révélera aussi Naomi Watts et Simon «Mentalist» Baker.
A l’été 2007, il se sent mûr pour Hollywood. Coup de bol: à la suite du refus de Matt Damon, il est recruté par J.J. Abrams dans «Star Trek». Lorsque les auditions pour «Thor», réalisé par Kenneth Branagh, débutent, Chris Hemsworth y emmène son frère Liam et… se plante. Joss Whedon, créateur de la série «Buffy contre les vampires», qui ébauche en parallèle le premier «Avengers», convainc Branagh de le rappeler.
Pour incarner le guerrier asgardien, il prend 10 kilos de muscles! Le film cartonne. L’année suivante, Thor est de retour dans Avengers, premier du nom. Jackpot. «Je ne voudrais pas parler trop vite, mais ce rôle pourrait bien être mon Oscar», subodore l’acteur.
Dans «Thor 2: le monde des ténèbres», la star féminine du film, Natalie Portman, s’absente un jour où une scène de baiser est finalement planifiée. Venue en observatrice, l’épouse de Chris Hemsworth, Elsa Pataky, enfile une perruque… et le tour est joué! Si l’on excepte «House Soldiers» (2018), film de guerre qu’ils ont tourné en couple, ce langoureux French kiss constitue leur unique contribution commune au septième art!
Depuis dix ans, l’acteur australien a considérablement élargi son répertoire, mais jamais il ne sera plus convaincant que sous les traits de l’ancien pilote de formule 1 James Hunt dans «Rush» (2013), injustement boudé au box-office. Signalons que Netflix diffuse ces jours-ci «Tyler Rake», un film d’action efficace dans lequel il incarne un mercenaire dépressif en mission suicide au Bangladesh.
L'an dernier, Chris Hemsworth n’a pas tourné. Il s’est isolé en famille dans sa somptueuse propriété, acquise en 2015 pour 20 millions de dollars, à Byron Bay (Nouvelle-Galles du Sud), cernée par Seven Mile Beach. Un paradis. La villa, divisée en deux bâtiments, possède une énorme piscine à débordement, dix salles de bains, une salle de sport, un salon de jeu, un hammam et, pour madame, un dressing de 28 mètres carrés!
Le confinement s’est donc bien passé pour les Hemsworth. L’acteur ne craint qu’une chose: que ses enfants gâtés ne développent une mentalité de parvenus. «Ça m’effraie parce que moi, j’ai grandi sans argent, avoue-t-il dans GQ Australia. Travailler pour quelque chose, c’est si gratifiant. Je ne voudrais pas que mes enfants soient privés de ce plaisir.»
Pas sûr qu’il insiste autant sur la récente déconvenue de Centr, l’appli distillant conseils en nutrition, fitness et méditation qu’il a lui-même créée. L’essai gratuit de six semaines offert à ses utilisateurs confinés s’est transformé en prélèvement automatique de 99 dollars! Thor se débat maintenant avec une cascade de plaintes… et son marteau risque bien de finir dans la main d’un juge!