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L'édito

Comme une lueur d’espoir 

Quelles sont les origines de la violence? La violence est-elle inhérente à l'homme ? Dans le magazine disponible dès ce mercredi 10 janvier en kiosque, «L'illustré» a rencontré Boris Cyrulnik, le père de la résilience. Le neuropsychiatre milite pour un enseignement de l’empathie dès le plus jeune âge, ce qui éviterait guerres et violences. Editorial.

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Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik

«Toutes les guerres finissent par se terminer un jour ou l’autre.» Père de la résilience, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik milite pour un enseignement de l’empathie, ce qui éviterait, selon lui, guerres et violences.

Julie de Tribolet

Petit, Boris Cyrulnik a vécu isolé, caché par des justes pour éviter d’être déporté comme ses parents. A la fin de la guerre, avant de retrouver une tante à Paris, l’orphelin est placé dans une institution où les enfants sont là pour obéir. Alors, de son propre aveu, pour ne pas sombrer dans la violence ou la neurasthénie, le garçonnet se lance dans l’observation des animaux. Sans le savoir, le futur neuropsychiatre pratique l’éthologie, en clair, l’étude scientifique du comportement des espèces animales. Ce qui, comme il le confesse dans son dernier livre, «Quarante voleurs en carence affective», l’aidera tout au long de son parcours professionnel et émotionnel à mieux comprendre la condition humaine. Son essai sorti en librairie en septembre 2023 est probablement, parmi ses écrits, le plus éclairant sur la violence et ses origines. Pour en savoir plus, nous sommes allés à sa rencontre chez lui, à La Seyne-sur-Mer, dans le sud de la France, et trois affirmations essentielles ressortent de cet entretien.

La première, c’est que l’amour, l’échange, la parole sont les seuls engrais qui permettent aux enfants de se développer harmonieusement. La deuxième, c’est que tout n’est pas perdu si on développe, dès les petites classes comme en Finlande ou au Danemark, la pédagogie de l’empathie. Il en résulte une drastique diminution des comportements agressifs au quotidien. Enfin, la troisième assertion est la fameuse constatation que le médecin a faite tout au long de sa carrière: si un petit garçon (contrairement aux petites filles qui maîtrisent mieux la parole et contrôlent mieux leurs émotions, probablement grâce au chromosome X) passe les mille premiers jours de son existence coupé en grande partie de relations affectives et d’interactions avec les autres, il y a de forts risques que sa haine et sa violence soient multipliées par dix dans son parcours d’adulte. Ce qui corroborerait le fait qu’en Europe 70% des criminels hommes ont subi de mauvais traitements dans leur enfance.

Alors que va-t-il se passer avec tous ces enfants de Gaza qui vivent depuis trois mois sous les bombes, entourés d’hostilité? Un Romand, Samuel Crettenand, s’indigne du sort réservé à ces êtres innocents et, à travers une grève de la faim, milite pour la paix. Pour éveiller les consciences et pour que ces gamins en souffrance ne reproduisent pas le modèle pitoyable que leur offrent les adultes. Cette démarche peut paraître illusoire, mais elle a au moins le mérite d’exister et permet de continuer à nous faire croire en l’humanité.


Au menu de «L'illustré-TV8» disponible dès ce mercredi 10 janvier en kiosque:


- A la une: Boris Cyrulnik, le célèbre neuropsychiatre, décortique les mécanismes de la violence et propose des solutions
- Patinage artistique: Kimmy Repond en piste pour un nouvel exploit aux Européens
Témoignage: Le pacifiste Samuel Crettenand fait une grève de la faim pour dénoncer la guerre menée par Israël
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Reportage: Aux côtés d’un médecin de la Rega

Boris Cyrulnik à la une de L'illustré, n°2

«L'illustré» a rencontré chez lui Boris Cyrulnik, le père de la résilience. Le neuropsychiatre milite pour un enseignement de l’empathie, ce qui éviterait, selon lui, guerres et violences.

Photo de couverture: Julie de Tribolet
Par Laurence Desbordes publié le 10 janvier 2024 - 10:29