L'éditorial: une jeune, saine et légitime colère
Par Philippe Clot
Avoir grandi avec les années 2000 n’est pas un cadeau. Même ici, dans cette Suisse bien lotie. Même dans cette Europe en paix depuis 75 ans. Non, il n’y a rien d’enviable à avoir 20 ans aujourd’hui, ici ou ailleurs dans le monde, face à cet horizon masqué par des gigatonnes de CO2 et de méthane, face à des océans recouverts de plastique, de terres souillées, face à une nature vidée de sa vie, de forêts mitées, de glaciers rabougris.
Comment vivre sereinement ses «belles années» quand le thermomètre grimpe inéluctablement, annonçant une planète étuve, balayée par les ouragans, parcheminée par les sécheresses ou noyée sous la montée des eaux, une planète à bout de souffle sur laquelle 8 milliards d’êtres humains se disputent des ressources toujours plus rares, toujours plus altérées?
Désespérante complicité
Si seulement les vieux leaders politiques et économiques sonnaient le tocsin et dressaient tous ensemble des plans de bataille, il y aurait de quoi se sentir moins abandonné. Mais la génération 2000 ne peut que constater la désespérante complicité de l’impuissance politique et du cynisme économique.
Ces jeunes en ont donc marre et vont de nouveau faire grève ce 15 mars, soutenus par une frange toujours plus large de leurs aînés. Ils vont crier de nouveau que le temps est venu de faire des choix politiques courageux, d’imaginer de nouvelles solidarités, d’implémenter une économie écologique, une finance responsable, une industrie propre, un partage du travail équitable, une justice sociale garante de stabilité, de savoir et de bien-être.
Cette génération climatique revendique pacifiquement son droit à la survie. Ni plus ni moins. Combien de temps encore la méprisera-t-on?
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