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Covid-19

Covid placentaire: grossesses sous haute surveillance

Identifié depuis peu, le «covid placentaire foudroyant» est un phénomène rare, mais très dangereux: il entraîne souvent la mort du bébé in utero. Plusieurs cas ont été signalés en Suisse romande. Le canton de Vaud déploie des mesures de suivi à domicile pour les futures mères. Témoignages.

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covid placentaire foudroyant

Rhea Cellier: «Contrairement à d’autres pays, les femmes enceintes n’étaient pas considérées comme étant à risque en Suisse».

 

GABRIEL MONNET

«Lors de mes échographies, j’ai décidé de ne pas me laisser envahir par l’angoisse autour de cette nouvelle»

Rhea Cellier, 30 ans Enseignante en sciences dans le canton de Vaud, 38e semaine de grossesse

«Je comprends que les futures mamans soient en colère car il y a quelques mois, c’était un vrai chemin de croix pour se faire vacciner pendant sa grossesse. Contrairement à d’autres pays, les femmes enceintes n’étaient pas prioritaires car elles n’étaient pas considérées comme étant à risque en Suisse. On expliquait alors que le covid était inoffensif pour les bébés mais je pressentais que le virus pouvait impacter le fœtus, ce qui est confirmé aujourd’hui avec cette récente étude sur le covid placentaire.

Lorsque j’ai appris que j’attendais mon deuxième enfant, les vaccins étaient finalement accessibles à toute la population. Par contre, c’était interdit de le faire pendant le premier trimestre. La prudence était le maître-mot chez un grand nombre de gynécologues. Personnellement, j’ai même dû me battre, demander une dérogation écrite, pour être vaccinée dès la 14e semaine. Vous savez, on a fait beaucoup de bruit sur les effets secondaires mais à mon avis, les conséquences de la maladie avant la fin du terme étaient plus grandes. J’ai vite fait le calcul. Je ne blâme aucune mère qui a décidé d’attendre car face au doute, on ne les encourageait pas du tout à choisir cette voie. Je me souviens encore de la décharge à signer et des avertissements répétitifs.

Malgré le climat anxiogène, j’ai finalement obtenu mes deux doses. Et lors de mes échographies, j’ai décidé de ne pas me laisser envahir par l’angoisse autour de cette nouvelle. Maintenant, je dois éviter Omicron car j’accouche dans deux semaines et le risque de complications liées au covid plane jusqu’au bout. Parmi mes proches, une amie testée positive a accouché de manière prématurée à 32 semaines, quelques jours avant la fin de sa quarantaine. Une autre, à peine guérie, a fait une hémorragie importante. Heureusement, tout le monde se porte bien. On ne peut évidemment pas prouver que ces éléments sont reliés mais cela interroge. En tout cas, j’attends de voir les autres analyses scientifiques qui vont sortir sur les liens de cause à effet entre le virus et la grossesse.

Ce que je peux vous dire encore? C’est qu’à notre dernier rendez-vous, mon gynécologue m’a soufflé qu’il était finalement soulagé que je l’aie fait. Même si je peux demander un arrêt depuis plusieurs semaines, j’ai décidé de retourner travailler quelques jours le plus sereinement possible avec ma classe pour terminer le semestre avec elle. La vie sociale s’éteint déjà un peu à l’arrivée d’un nouveau-né alors j’ai besoin de me charger en contacts, de voir du monde, même de loin. Je n’ai pas peur. Et je ferai attention.» J. A.


«Certaines femmes ont autant peur du vaccin que du virus»

Marie-Pierre Beck-Krähenbühl Présidente du groupement des sages-femmes indépendantes du canton de Vaud

«Nous enregistrons en ce moment une demande croissante pour la prise en charge à domicile des futures mamans testées positives au Covid-19. Notre mission première est de les rassurer, mais ce n’est pas toujours facile car, en arrivant chez elles, nous devons respecter des mesures de protection et de distanciation qui ont plutôt tendance à les stresser. Beaucoup de femmes enceintes ont peur du vaccin. Sans pouvoir donner de chiffres, je dirais qu’il y en a tout de même pas mal qui ont décidé de se faire vacciner. Celles qui ne le font pas sont conscientes de devoir limiter leurs contacts sociaux et il me semble qu’elles jouent le jeu; en fait, elles ont autant peur du vaccin que du virus. L’élément le plus susceptible de les inciter à se faire vacciner est la présence d’un enfant plus âgé à la maison: elles se disent qu’il pourrait ramener le virus à la maison. Quand il s’agit d’une première grossesse, elles peuvent être tentées de privilégier la solution de l’isolement social pour se protéger.» F. S.


«J’ai réalisé que même en faisant très attention, je serais forcément un jour en contact avec le virus»

Raphaëlle S., 34 ans 5e mois de grossesse

«J’avoue que je me suis posé beaucoup de questions au sujet de la sécurité du vaccin. Avec le recul, je dirais que j’ai eu la «chance» de me faire vacciner avant de tomber enceinte, parce que ça m’a permis de me tranquilliser quant au risque de contracter le virus au début de ma grossesse. Il me semble qu’à cette époque déjà, les médecins recommandaient aux femmes enceintes de se faire vacciner à partir du deuxième trimestre. Par la suite, j’ai beaucoup réfléchi avant de me décider à recevoir une dose de rappel.

C’était en fait une double question, car on ne prend pas cette décision seulement pour soi-même, mais aussi pour l’enfant. J’en ai discuté avec mon médecin et ce qu’il en est ressorti, c’est que la vaccination constitue une bonne protection contre les formes graves de Covid-19. Il y a une quantité d’études en faveur de la vaccination chez les femmes enceintes. De plus, quand j’ai vu que les cas augmentaient partout et que le variant Omicron arrivait en Suisse, j’ai pris conscience que même en faisant très attention, je serais forcément un jour en contact avec le virus. Donc je me suis dit que dans la balance, la vaccination emportait l’avantage.» F. S.

Par Jade Albasini et Francesca Sacco publié le 12 janvier 2022 - 08:49