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«Il faut sauver la médecine naturelle»

A l’heure où s’ouvre Mednat, le salon du bien-être et des médecines naturelles, Claude Roggen, le célèbre druide de Domdidier, lance un cri du cœur. Selon celui qui a consacré toute sa vie à la connaissance des herbes médicinales, ce savoir très précieux est menacé de disparition. Interview très nature.

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Claude Roggen, bientôt 80 ans: «L’idée n’est pas d’opposer une médecine à une autre, mais de démontrer leur complémentarité.» Julie de Tribolet

- Trois ans après «Les secrets du druide», vous publiez le tome 2. A bientôt 80 ans, vous êtes toujours aussi intarissable à propos des plantes médicinales…
- Claude Roggen: C’est une passion qui me dévore depuis ma tendre enfance. Depuis que mon père m’emmenait en forêt pour les cueillettes. Il y a tant à dire, tellement de plantes bonnes pour la santé dans nos régions. Du coup, au moment de boucler le premier livre, j’ai ressenti une énorme frustration. Me limiter à 50 plantes, c’était insupportable pour moi (rire). Je tenais aussi à situer la matière dans un cadre historique. Le tome 1 est un voyage de la maison à la montagne. Le 2 déambule à travers le temps, de la Renaissance à nos jours, en suivant les traces de mes maîtres. Présenter ces derniers est une manière de présenter ma philosophie.

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- Le succès du premier livre, traduit en allemand, a dû vous encourager…
- C’est certain. Vous vous rendez compte, 13'000 exemplaires vendus! C’est un succès auquel nous n’osions même pas rêver. Et le deuxième en est déjà à 4000. Mais au-delà de la réussite commerciale, qui n’était pas notre but premier, il y a surtout la satisfaction de voir les gens revenir à des choses plus naturelles, plus authentiques. Ils ont raison. La nature demeure notre meilleure pharmacie.

- C’est le message que vous souhaitez faire passer?

- Absolument. Même si les médecines naturelles sont redevenues tendance, comme on dit aujourd’hui, je pense que ce savoir tend à se perdre, faute de le transmettre. Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre des Asiatiques, des Chinois en particulier, qui ont su perpétuer leur savoir-faire à travers les âges. A l’époque, l’Europe n’avait rien à leur envier. Puis les choses se sont peu à peu diluées et perdues. Il faut donc réagir, sauver cette médecine naturelle menacée de disparition. Par mes livres, je veux démontrer qu’il n’est pas nécessaire d’aller chercher des plantes à l’autre bout de la planète. Nous avons tout chez nous. Si j’osais utiliser un raccourci, je dirais qu’il y a juste à se baisser.

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Claude Roggen a légué son savoir à son fils Emmanuel, qui partage la même passion des plantes. Julie de Tribolet

- Les pharmas ne sont sans doute pas pour rien dans ce déclin...
- Sans doute. Mais pas que. De nos jours, on ne s’accorde plus le temps d’être malade. Du coup, plutôt que de soigner les causes, on agit sur les symptômes. On a de la fièvre? Hop, on la coupe, alors que la fièvre est le meilleur moyen de guérir, de venir à bout du virus. Malheureusement, il est plus facile de prendre une pastille trois fois par jour que de changer ses habitudes.

- Vous combattez la médecine traditionnelle, la médecine médicale, si on peut dire...
- Pas du tout. Nier les progrès de la médecine serait ridicule. Je ne vais pas non plus commencer à dire qu’on soigne un cancer avec des plantes. Rien à voir. L’idée n’est pas d’opposer une médecine à une autre, mais de démontrer leur complémentarité. La médecine naturelle accompagne, limite les effets secondaires, apporte du bien-être, des antioxydants, renforce les fonctions immunitaires. Dès lors, pourquoi s’en passer?

- «Limite les effets secondaires», dites-vous. Par quel processus?
- Pour bien comprendre, il faut savoir qu’une pharma tire d’une plante ou d’une matière naturelle son principe actif. Elle l’isole puis le synthétise et le standardise. Son médicament ne contient donc pas les nombreux autres éléments générés par la plante. Ceux qui, justement, neutralisent les effets secondaires ou les empêchent de survenir. C’est tout simple.

- La médecine traditionnelle a-t-elle l’ouverture nécessaire pour faire un pas dans ce sens, est-elle seulement consciente des avantages et des bienfaits de la médecine naturelle?
- Je crois que oui. Certains signes réjouissants commencent à apparaître. De plus en plus de médecins et d’étudiants en médecine et en pharmacie participent à nos balades botaniques, par exemple, et montrent une réelle volonté de s’informer ou même de pratiquer. Mais les deux mondes ne se parlent pas encore suffisamment. Les choses bougent, mais trop lentement à mes yeux. C’est une perte de temps et, peut-être, de savoir...


A bas la fatigue! Vive le printemps!

Alors que les jours s’allongent, que la nature s’éveille, nous voilà raplapla au sortir d’un hiver épuisant. Heureusement, avec dame Nature, les fortifiants sont à portée de main. 10 astuces pour retrouver du peps et de l’énergie.

1. Le romarin: quelques brins et ça repart!

Le romarin est connu pour son action stimulante pour le corps et l’esprit. Il active la circulation du sang et les fonctions digestives, dynamise les personnes anémiques, fatiguées, maussades ou sans entrain. Les bains au romarin sont réputés pour leur effet vivifiant. Si le temps manque, on peut simplement s’en frotter les tempes.

Tisane: pour une tasse, verser de l’eau bouillante sur une cuillère à café de romarin séché. Infuser 5 minutes.

Vin de romarin: faire macérer une semaine une bonne poignée de romarin frais dans 1 l de vin doux, puis filtrer. Boire une à deux fois par jour un verre à liqueur.

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Claude Roggen consigne ses informations et ses plantes dans un précieux herbier. Julie de Tribolet


2. L’ortie: cette piquante amie

L’ortie a le pouvoir de nettoyer et de minéraliser le sol. Et ce qu’elle fait pour la terre, elle le fait aussi dans notre corps. Excellent dépuratif, riche en fer, elle débarrasse l’organisme des toxines et de l’acide urique. Elle contient aussi de la vitamine A et C notamment, ainsi qu’une série de minéraux. «Outre sa vertu nettoyante, l’ortie est aussi une plante fortifiante», décrit Claude Roggen.

Tisane: une cuillerée à soupe de feuilles séchées dans un quart de litre d’eau. Infuser 5 minutes, filtrer. Boire 2 à 3 tasses par jour, entre les repas.

3. Les baies de genièvre: un mur de protection

«Depuis la nuit des temps, le genièvre est reconnu pour ses vertus protectrices et stimulantes pour le métabolisme», assure le druide de Domdidier. Renfermant tanin, sucre, résine, principe amer et huiles essentielles, ses baies, petites boules bleues foncées, sont antiseptiques et dépuratives. Excellentes pour nettoyer son organisme au printemps.

Utilisation: cure de 21 jours. Le premier jour, on mâchouille 5 baies avant de les avaler. Puis on ajoute une baie par jour jusqu’à atteindre 15. Ensuite, on diminue de la même manière jusqu’à 5 baies.

Tisane: verser de l’eau cuite sur 5 baies. Infuser 5 minutes à couvert. Ne pas sucrer. Boire après les repas par petites gorgées en mâchant les baies, à raison de 2 ou 3 tasses par jour.

4. L’ail des ours: fort comme un ours

«Celui qui le consomme aura une force d’ours», assure l’herboriste fribourgeois. C’est en tout cas le pouvoir qu’attribuaient les peuples germaniques à l’ail des ours. En fait, après l’hibernation, les plantigrades déterrent et mangent les bulbes d’ail des ours et broutent leurs feuilles pour se fortifier et se purger. L’ail des ours est utilisé depuis l’Antiquité pour ses propriétés thérapeutiques. Il désinfecte aussi le tube digestif, abaisse la pression et combat l’artériosclérose.

Tisane: prendre un mélange estomac-intestin ou digestion et l’enrichir avec quelques feuilles fraîches d’ail des ours. Boire cette tisane avec modération.

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De g. à dr.: bleuet, tilleul, curcuma, fleurs de souci, hibiscus, ortie, verveine, monarde, écorce de chêne. Julie de Tribolet

5. La dent-de-lion, le pissenlit: bien plus qu’une salade

«Que serait le mois de mai sans nos prairies constellées de taches jaunes?» se demande Claude Roggen. Avant la floraison, on cueille déjà les jeunes rosettes feuillues afin de les apprêter en salade. Excellente idée, car ces pousses printanières regorgent de vertus dépuratives. Plus de 50 principes actifs ont été répertoriés dans le pissenlit. Son nom scientifique, issu du grec, signifie «je guéris». Le pissenlit active le métabolisme et stimule l’élimination des toxines.

Tisane: mettre deux cuillerées à café de racine de pissenlit dans un quart de litre d’eau froide. Bouillir 1 minute puis infuser 5 minutes à couvert. Filtrer et boire à petites gorgées, trois fois par jour après les repas.

6. L’aubépine: Madame muscle

Selon Claude Roggen, tous les fruits de la famille des rosacées sont d’excellents toniques pour le cœur. Mais l’aubépine est le plus puissant d’entre eux. Excellent fortifiant du muscle cardiaque, mais pas que. L’aubépine donne de l’énergie, calme le stress et l’insomnie. Son nom botanique, Crataegus, dérivé du grec, signifie «fort». Dans l’Antiquité déjà, des médecins l’appelaient ainsi, en référence à cette qualité.

Tisane: mettre 1 cuillerée à soupe de fleurs et de feuilles d’aubépine séchées par quart de litre d’eau. Verser l’eau bouillante dessus, couvrir, infuser 5 minutes, filtrer. Boire 2 à 3 tasses entre les repas, par petites gorgées.

Vin d’aubépine: 2 à 3 bonnes poignées de fruits d’aubépine et les faire macérer dans un vin doux, idéalement un malaga. Agiter chaque jour, filtrer après 3 semaines. Boire quotidiennement un petit verre à liqueur.

7. L’impératoire: l’effet EPO

Son nom ne vous dit pas grand-chose? Dommage. Car l’impératoire, sa racine en particulier, a un effet tonifiant reconnu. Elle améliore la capacité d’oxygénation du sang et stimule l’immunité. Une sorte d’EPO naturelle, en somme. A la Renaissance, des médecins conseillaient de garder sur soi un bout de cette racine pour se protéger de toutes sortes de maladies. Une tradition qui a perduré dans les Grisons, où l’on trouve encore de nos jours des vins et des liqueurs à base d’impératoire. Antidouleur, anti-inflammatoire, la racine est bourrée d’huiles essentielles, de tanins et de saponines. Notamment.

Utilisation: comme les anciens, on peut respirer la racine de temps en temps.

Vin d’impératoire: 1 à 2 poignées de racines fraîches ou sèches pour 1 l d’un bon vin blanc ou vin doux. Macérer 2 semaines, filtrer et boire 1 à 2 verres à liqueur par jour.

8. L’angélique: la plante qui tombe à pic

«Avec ses principes actifs aromatiques amers, l’angélique a un effet fortifiant sur les voies digestives. C’est une excellente plante immunitaire utilisée pour traiter les états de fatigue et de faiblesse. Elle fortifie le corps et l’esprit», écrit le druide. Autant dire qu’à cette période de l’année l’angélique tombe à pic! On raconte que, en 1759, un homme est décédé à Marseille à l’âge de... 121 ans. Son incroyable longévité a été attribuée à son habitude de mâcher tous les matins une racine d’angélique.

Tisane: verser 1 l d’eau bouillante sur 15 à 20 g de racine d’angélique, de jeunes tiges fraîches ou séchées ou de graines. Infuser 10 minutes à couvert, filtrer et boire après les repas.

9. La sauge: le vin énergisant

Celle que les anciens appelaient «l’herbe sacrée» est considérée comme la reine des plantes médicinales. Au Moyen Age déjà, la sauge accède au rang de panacée, c’est-à-dire de remède universel. Entre autres vertus, on la dit stimulante et tonique. «Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin de médecin», résume le dicton. Elle agit sur le système nerveux, stimule les fonctions stomachiques et celles du foie et est recommandée contre l’asthénie nerveuse (comprenez un affaiblissement de l’état général). Face à la sauge, la fatigue du printemps n’a qu’à bien se tenir.

Tisane: verser 1 l d’eau bouillante sur 15 g de feuilles séchées ou sur 25 g de feuilles fraîches. Infuser à couvert 10 minutes, filtrer. Sucrer avec un peu de miel, boire durant la journée.

Vin médicinal de sauge, pour se refaire une santé: 5 cuillerées à soupe de la plante séchée sur laquelle on verse 1 l de vin rouge ou blanc, préalablement chauffé. Laisser tirer 15 minutes. Filtrer, laisser refroidir et boire 2 à 3 cuillerées à soupe après les repas comme tonique.

10. Le houx: comment «maté» la fatigue

Dans la longue liste d’effets thérapeutiques énumérées par le druide, on retiendra avant tout que le houx est utilisé comme fortifiant en cas d’épuisement. Les feuilles vertes de son cousin d’Amérique, le maté, donnent d’ailleurs une boisson énergisante très appréciée sur tout le continent sud-américain, où il se boit à tout moment de la journée. Riche en caféine, le maté peut remplacer aisément le café et le thé, avec l’avantage de stimuler sans altérer le sommeil. Il fortifie le travail du cerveau, les nerfs et la moelle épinière et influence favorablement la mémoire. Dans l’univers chrétien, le houx représente le renouveau. Tout un symbole.

Tisane: faire une décoction de 30 g de feuilles séchées par litre d’eau. Boire deux verres par jour.


Un slogan pour sa cuisine

Pour Claude et Emmanuel Roggen, une nourriture saine constitue la meilleure prévention qui soit contre les maladies. Explications par le menu!

«Déjeuner comme un roi, dîner comme un prince et souper comme un pauvre.» Tel est le slogan que le druide de Domdidier et son fils Emmanuel ont virtuellement affiché dans leur cuisine respective. «Mais attention, nous ne sommes pas des extrémistes», protestent-ils lorsqu’on leur oppose l’image de l’ascète se nourrissant de petites graines et de pommes. «Soigner sa nutrition ne signifie pas se priver de cochonnaille à la Saint-Martin, d’un bon menu bien gras de Bénichon, d’une bonne fondue ou d’une bonne foire avec des potes. Au contraire, mieux vaut exagérer de temps à autre mais s’alimenter sainement la majeure partie du temps. Ce n’est ni compliqué ni cher, comme on l’entend trop souvent.
C’est juste une question de volonté et de conviction», estime Emmanuel Roggen, en proposant les trois repas d’une journée type.

Déjeuner

Un bon muesli à base d’avoine concassée. Râper une pomme, un fruit de saison ou pourquoi pas une orange et, de temps en temps, une mangue ou de l’ananas. Parsemer de quelques graines à choix, sésame, courge, tournesol ou lin, fraîchement concassées. Ajouter du yaourt nature ou même de la crème double une fois ou l’autre. «Avec un thé de menthe, je vous promets que ça tient jusqu’à midi», assure Claude, qui varie les plaisirs en s’accordant une fois ou deux par semaine un déjeuner avec café, pain de seigle valaisan ou pain d’épeautre, beurre et confiture.

Dîner

«Si l’on a déjeuné correctement, pas besoin d’un gros repas à midi. Des salades, crudités puis un riz complet et des légumes de saison feront l’affaire», selon Emmanuel, qui adhère sans autre à l’idée d’un bon coup de rouge. «La viande? Deux à trois fois par semaine suffisent. Pour assurer un bon métabolisme, notre corps a besoin de 0,5 à 1 g de protéine par jour par kilo de poids corporel», détaille-t-il, en rappelant avec une pointe d’ironie qu’une gazelle ou une antilope se nourrissant d’herbe, de fruits, de céréales et d’eau court toute la journée alors qu’un lion, qui ne mange que de la viande, dort toute la journée.

Souper

Comme un pauvre. Le duo propose par exemple un bouillon clair de légumes ou une soupe. «Se gaver le soir, avant de se coucher, est d’autant plus inutile que nous ne consommons pas cette énergie ingérée pendant la nuit et qu’elle nous prive d’appétit et donc de déjeuner le lendemain.»


«La Rhodiola rosea, on pourrait l’appeler la plante magique»

L’herboriste Andrée Fauchère est catégorique. La «Rhodiola rosea», ou racine d’or, originaire de Sibérie, qu’elle cultive depuis quinze ans dans les montagnes valaisannes, sera la plante du XXIe siècle, tant ses vertus sont apparemment magiques.

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«La rhodiole est devenue l’amie de pas mal de concurrents de la Patrouille des glaciers.»

Andrée Fauchère est aussi diserte sur la Rhodiola rosea que Claude Roggen lorsqu’il nous convie dans son herbier. Il faut l’entendre s’enthousiasmer pour la plante dont elle a découvert les bienfaits en 2006, grâce à une amie d’origine russe «biberonnée» à la rhodiole, comme on la nomme, dans son enfance. Car c’est en Sibérie puis en Scandinavie que la Rhodiola rosea, aussi appelée orpin rose ou encore racine d’or, a gagné sa réputation de plante médicinale aux vertus adaptogènes.

Secret-défense

On lui attribuait en effet le pouvoir d’accroître l’endurance, la longévité, la vigueur sexuelle, la mémoire et d’autres facultés cognitives. Aujourd’hui encore, en Sibérie, on offre aux jeunes mariés de la racine de rhodiole afin qu’ils donnent naissance à des enfants sains. Il faut dire qu’une plante reconnue adaptogène augmente la résistance face aux agressions physiques et psychiques.

Pas étonnant que les témoignages à propos de ses bénéfices foisonnent dans la littérature. Celle-ci rapporte que les médecins de Mongolie la prescrivaient pour combattre la grippe, la tuberculose et le cancer. En Suède, on affirme que les Vikings lui devaient leur légendaire force physique et leur endurance.

Enfin, on assure que les empereurs chinois envoyaient en Sibérie des expéditions chargées de ramener la précieuse racine. «Ce qui est sûr, c’est que pendant la Seconde Guerre mondiale, les vertus de la rhodiole étaient classées secret-défense par les autorités russes, qui l’administraient à leurs soldats. La résistance et la vaillance de ces derniers étaient telles que les Américains s’y sont intéressés à leur tour», détaille Andrée Fauchère.

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«Rhodiola rosea» Une plante pleine de vertus, à utiliser à bon escient.

Les essais d’Agroscope

Malgré cela, ce n’est qu’à la fin des années 1960 que les premières études scientifiques confirmeront le pouvoir de la rhodiole de renforcer la résistance de l’organisme face au stress et à la fatigue.

Des études menées au début des années 2000 sur des médecins surmenés, des étudiants en période d’examens et des volontaires placés en situation de stress et de fatigue ont démontré que leur concentration, leur bien-être, leur forme physique, leur fatigue et leurs capacités intellectuelles s’amélioraient de manière significative après une cure.

Plus récemment, en 2009, après l’avoir testée sur des athlètes, des chercheurs italiens sont, eux aussi, arrivés à la conclusion que la plante augmentait la capacité de l’organisme à s’adapter à l’effort. «Ce n’est pas un produit dopant, bien sûr, mais des sportifs l’utilisent comme booster. La rhodiole est d’ailleurs devenue l’amie de pas mal de concurrents de la Patrouille des glaciers», expose l’herboriste d’Evolène, qui cultive cette plante de montagne à plus de 2000 m d’altitude.

«Après avoir effectué d’innombrables croisements, la station fédérale Agroscope de Conthey a conclu que c’est dans la région de Mattmark (Haut-Valais) que le terroir est le plus propice à son éclosion. Les semis proposés par l’institution portent d’ailleurs le nom de Mattmark. Il faut sept ans pour que la plante atteigne sa pleine maturité.»

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«Rhodiola rosea» Une plante pleine de vertus, à utiliser à bon escient.

Gare aux arnaques!

Un autre événement incitera la Valaisanne à intensifier cette culture. «A l’époque, l’état de santé de mon mari n’était pas brillant. Comme il souffre d’insuffisance cardiaque, il était souvent hospitalisé. Après une cure intensive de rhodiole, on a remarqué que son état s’améliorait.» «Je me sens moins stressé, moins fatigué et mes séjours hospitaliers sont beaucoup moins fréquents», témoigne ce dernier.

Selon Andrée Fauchère, la racine d’or n’est ni préventive ni curative. Elle soutient l’organisme en lui donnant les moyens de se défendre. Attention cependant à l’utiliser à bon escient, prévient-elle. Pas après 14 heures par exemple, afin de ne pas perturber le sommeil.

Par manque de données toxicologiques, la racine de rhodiole est également contre-indiquée pour les femmes enceintes et allaitantes. La plante, dont on dit qu’elle combat aussi l’infertilité, les symptômes du trouble de l’anxiété et qu’elle stimule les fonctions érectiles et la réponse immunitaire, doit bien être étiquetée «Rhodiola rosea». Dans leurs préparations, des herboristes chinois la remplacent souvent par d’autres espèces de rhodiole. Une pratique qui se répand en Occident, où des fabricants proposent des suppléments intitulés «Rhodiola», sans aucune précision sur le nom de l’espèce. «Or seule la rosea contient en plus de la rosavine, de la rosine et de la rosarine, des substances qui contribuent aux effets de la plante», précise Andrée Fauchère. «Moi, je l’appelle ma plante amour, ma plante miracle», confie-t-elle, dans un sourire entendu…


Par Rappaz Christian publié le 9 avril 2019 - 12:06, modifié 18 janvier 2021 - 21:08