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Faut-il interdire la vape?

A la suite d’une vague de décès aux Etats-Unis et d’un cas isolé récemment en Belgique, on parle de plus en plus d’interdire la cigarette électronique. Quid de la Suisse? Réponses d'experts.

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Le vapotage en question. AP/Keystone

Les principaux spécialistes suisses sont d’accord. Que ce soient Jean-François Etter (expert en santé publique), le professeur Laurent Nicod (chef du service de pneumologie du CHUV), le professeur Jacques Cornuz (directeur général d’Unisanté et spécialiste du tabagisme) ou Jean-Paul Humair (médecin aux HUG), ils sont unanimes: interdire le vapotage à cause de ce qui s’est passé récemment aux Etats-Unis ou en Belgique serait une erreur. D’abord parce que nombre d’études scientifiques (dont une parue dans le très sérieux New England Journal of Medicine) ont confirmé que, depuis une dizaine d’années, le passage à la vape a permis à de nombreux fumeurs d’arrêter une pratique qui tue encore 7 millions de personnes par an dans le monde: le vapotage est en gros deux fois plus efficace pour arrêter de fumer que les patchs à la nicotine.

Précipitation?

Interdire le vapotage, comme l’ont fait un peu précipitamment certains Etats ou villes américains, risquerait d’amener des utilisateurs à refumer. Or, si le vapotage présente des dangers pour la santé, la plupart des tabacologues les estiment à 5% de ceux encourus en grillant une cigarette. Cette interdiction, qui n’est heureusement pas d’actualité en Suisse, aurait une autre conséquence néfaste en favorisant le marché noir. Marché noir qui est justement à l’origine de «l’épidémie» de décès aux Etats-Unis puisque, même si l’enquête est toujours en cours, les produits incriminés contiendraient de l’huile de cannabis et de la vitamine E, ajoutées à des liquides du commerce. Idem pour le cas isolé en Belgique où ce même mélange est incriminé. Les graves problèmes pulmonaires constatés qui ont pu, dans certains cas, aboutir à un décès, sont vraisemblablement liés à l’aérosolisation de ces huiles dans les poumons.

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«Interdire le vapotage, c’est se tirer une balle dans le pied», selon Jean-François Etter, expert en santé publique. AP / Julien Gregorio

Un autre argument souvent employé par les adversaires de la vape, en particulier par le couple Trump – que l’on ne savait pas si préoccupé par la santé pulmonaire de ses concitoyens – c’est que le vapotage pourrait pousser des jeunes à se mettre à fumer. Avec un fabricant en ligne de mire, Juul, que l’on a accusé de cibler délibérément les jeunes dans ses campagnes marketing et qui a ainsi changé de direction en septembre dernier. Un argument en partie contredit par une récente étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui démontre que seul un jeune de 17 ans sur sept vapote et que 90% de ces vapoteurs avaient déjà fumé du tabac auparavant.

Précautions d'usage

Les mêmes spécialistes qui s’élèvent contre une possible prohibition du vapotage profitent de cette polémique pour recommander l’interdiction de cette pratique aux mineurs (déjà effective dans certains cantons romands), ainsi qu’un renforcement des contrôles de qualité, en particulier sur les quelque 7000 additifs alimentaires utilisés pour aromatiser les liquides.

Quant aux utilisateurs, il n’est pas inutile de leur rappeler ces trois précautions d’usage: acheter sa vapoteuse et ses liquides dans un commerce agréé, changer la résistance régulièrement et ne jamais allumer l’appareil lorsqu’il ne contient pas de liquide. Ajoutons que continuer à fumer tout en vapotant n’a aucun sens...


Par Busson François publié le 20 novembre 2019 - 08:37, modifié 18 janvier 2021 - 21:07