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Printemps de la poésie

Frédérique Nierlé: «Un poème à vie, c’est très fort»

Elles affûtent leur plume et présentent leurs mots. Les poétesses romandes sont à l’honneur du Printemps de la poésie. En marge du festival, elles sont nombreuses à exercer leur art sous diverses formes. Tatouages, gravures ou simples textes disséminés dans des carnets, les poèmes prennent plusieurs visages. Rencontre avec Frédérique Nierlé, tatoueuse de 33 ans vivant à Genève.

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Frédérique Nierlé

Frédérique Nierlé, alias Fifille, est poétesse et tatoueuse à Genève: «Savoir que quelqu’un porte mes mots, c’est l’apogée de l’écriture.» 

Magali Girardin

Les Amazones, nom inspiré de la mythologie grecque, est un studio de tatouage un peu particulier. D’abord, la couleur. Pas de noir sur les murs ou le mobilier, ici tout est jaune, bleu, rose ou blanc. Puis, au fond de la salle, une maxime: «La poésie est partout.» Cette poésie est celle de Frédérique Nierlé, que l’on nomme aussi Fifille, poétesse et tatoueuse genevoise de 33 ans. «J’écris partout, dans des carnets ou sur des bouts de papier dès que les mots surviennent», confirme-t-elle.

Depuis ses premiers pas dans la poésie, Fifille a toujours utilisé des carnets. Aujourd’hui, elle en arrache les pages pour les réunir dans des «flash-books», des classeurs à spirale où elle répertorie les textes proposés à ses clients. Elle utilise alors le corps humain comme support et le tatouage comme moyen d’expression. «Marquer un poème à vie, c’est quelque chose d’extrêmement fort. Savoir que quelqu’un porte mes mots, c’est l’apogée de l’écriture.»

La pratique du tatouage implique aussi un échange. Chaleureuse, Frédérique Nierlé apprécie ces moments. «Cela crée une sensation de communauté. Ce sont souvent des personnes dont la sensibilité me ressemble.» Les poèmes qu’elle tatoue sont inspirés par des émotions fortes. Les yeux dans le vague, elle évoque par exemple des deuils, des traumas et des dépressions. «Mais il y a aussi des choses joyeuses, comme des naissances ou des guérisons. C’est un panel d’émotions qui construisent nos vies», insiste-t-elle.

Frédérique Nierlé

L'essentiel aux yeux de Frédérique Nierlé, ce sont les mots.

Magali Girardin

Elle-même hypersensible, Fifille a commencé à écrire des poèmes pour cracher les émotions qui l’auraient, sans cela, étouffée. «Je garde tout en moi jusqu’à l’implosion d’émotions. Les mots nus me permettent d’exprimer avec facilité des non-dits ou des questionnements existentiels.» Cette écriture spontanée, intime a progressivement laissé la place au tatouage. Une pratique que Frédérique Nierlé envisage de compléter en développant la poésie sur d’autres supports. «Je me rends compte qu’avec le tattoo mon écriture se formate un peu. Aujourd’hui, j’aimerais aller vers quelque chose de plus naturel. Revenir à quelque chose qui vibre plus avec ce qui me parle en ce moment», conclut-elle en soulignant l’essentiel à ses yeux: les mots.

Le «matrimoine poétique» lance le printemps


Les femmes sont la tête d’affiche de la 8e édition du Printemps de la poésie, qui se déroule dans toute la Suisse romande. Deux semaines s’articulant autour de la thématique «L’élémentaire au féminin», une métaphore assignant l’eau, la terre, le feu et l’air à des poétesses. «Les femmes sont des éléments essentiels pour l’alchimie poétique et pour la construction de base de la littérature romande», argumente Laurence Iseli, cheffe de projet du festival. Lors des événements phares, les spectateurs pourront découvrir, notamment, des poèmes en musique lors de «Libertés, elles chantent ton nom» le 31 mars au Locle. Un brunch et des conférences prendront place notamment lors d’«Où sont les femmes? Brunch matrimoine» le 26 mars à Sion.

>> Programme complet sur printempspoesie.ch

>> «L'illustré» est parti à la rencontre de quatre poétesses romandes à l'occasion du Printemps de la poésie. Retrouvez d'autres portraits: 

Par Sandrine Spycher publié le 8 mars 2023 - 09:20