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La fugue, l’art de se retrouver au féminin

Quand le quotidien s’emballe, il faut s’échapper pour mieux revenir. C’est ce que nous démontre Alice Cheron, une communicante parisienne qui travaillait dans une grande agence de pub et qui, du jour au lendemain, s’est s’installée en Italie.

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Avez-vous déjà eu l’impression d’être en asphyxie dans votre vie? De ne pas trouver votre juste place? C’est ce qui est arrivé à Alice Cheron, blogueuse française installée à Florence. Peu après la naissance de son premier enfant, elle a décidé de partir seule quelques jours à Venise, pour retrouver ses repères. Elle a tellement aimé cette expérience et ses bienfaits qu’elle en a tiré un véritable art de vivre: la fugue. Elle a affiné le concept et propose désormais des «fugues italiennes» pour d’autres femmes.

La fugue n’est pas une fuite. Il s’agit de prendre du temps hors de son cadre de vie pour se retrouver seule avec soi-même, se faire du bien en écoutant ses envies et se poser sereinement les questions essentielles. «Fuguer, c’est donc faire face à soi-même, faire face à nos faiblesses, à nos aspirations, à nos secrets. C’est se sentir de nouveau responsable de notre personne, de notre chemin.»

Pour que ce bain révélateur soit efficace, Alice Cheron expose plusieurs méthodes éprouvées: la solitude, la beauté des arts ou de la nature propice à faire remonter les émotions, une destination riche en souvenirs ou au contraire que l’on se réjouit de découvrir... Elle préconise aussi la pratique d’une activité créative (dessin, écriture...) ou sportive. Le principal reste d’être le seul maître à bord. «Avoir cette oreille attentive pour suivre son plaisir, c’est la possibilité́ de créer des instants de joie qui vont se multiplier sur un laps de temps très court et produire une intensité́ positive.» C’est dans ce contexte d’écoute de soi que l’on peut faire face, de manière douce, aux «nœuds» qui pèsent au quotidien.

Chaque femme a des raisons de fuguer. «C’est un incroyable cri, puissant et féminin.» Et si les nœuds qui poussent à faire ce pas de côté varient beaucoup d’une personne à l’autre, ce sont souvent des situations caractéristiques aux femmes. «La thématique de la charge mentale n’est pas nouvelle, les femmes sont soumises à des listes infinies de choses à faire, qui n’ont souvent rien à voir avec elles-mêmes.» Trop-plein, regrets, impression de tourner en rond, phase de vie, voilà autant de bonnes raisons d’appuyer sur «pause» et de se donner rendez-vous à soi-même.

Mais fuguer n’est pas facile. Il faut faire face à une certaine pression sociale et familiale, à sa propre culpabilité de tout laisser en plan, mais aussi à la peur de se retrouver seule face à soi-même. Pourtant, c’est précisément au moment où l’on sent qu’on n’a plus le temps pour soi qu’il est urgent de s’en accorder! «Une fugue, c’est se créer un vie à soi et lui trouver un sens», témoigne une participante aux fugues italiennes d’Alice Cheron. Et comme le dit cette dernière, les effets de ces brèves parenthèses sont appelés à durer: «C’est une sorte de déclic très profond: j’ai eu la confirmation que je suis ma propre solution, que je suis suffisante, que j’ai du courage.»


>> L’appel de la fugue, d’Alice Cheron, est paru aux Editions Leduc.s.


Par Noriane Rapin publié le 5 novembre 2020 - 11:27, modifié 18 janvier 2021 - 21:15