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Gérer sa respiration comme un apnéiste, pour le bien de l'âme

En respirant consciemment, on se fabrique une vie plus sereine. Et (qui sait?) on arrive à retenir sa respiration plus de vingt minutes...

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L'apnéiste Peter Colat. DR

Cela vous fait peut-être l’effet d’un cauchemar. Ou ça vous donne au contraire un immense sentiment de liberté: retenir son souffle et plonger. Sans bouteille d’air comprimé. Et pas pendant une minute, ni trois, ni cinq, mais plus de vingt et une minutes, record du monde 2011.

Mais pour Peter Colat, ça ne suffisait toujours pas. C’est pourquoi en 2013, deux ans après ce record, il ne se contenta pas de retenir son souffle dans une pataugeoire, mais plongea à 150 mètres de profondeur sous une épaisse couche de glace. Nouveau record du monde. «Cela me passionne de contrôler mon corps au point qu’il se débrouille avec ce qu’il a», raconte le plongeur suisse. Quand on plonge en apnée, il n’y a pas de bouteille d’air comprimé: on se contente d’inspirer profondément, puis on garde l’air dans ses poumons aussi longtemps que possible.

Avoir le contrôle

Voilà près de vingt-cinq ans que ce Zurichois, chef de projet dans le bâtiment, plonge et bat régulièrement des records. Selon lui, il n’y parvient pas parce que son organisme a des capacités extraordinaires mais bien parce qu’il le contrôle. «Il faut oublier tous les soucis, les fâcheries au travail, les problèmes relationnels, l’anxiété face au lendemain. Et se concentrer sur de belles pensées.» Il a en outre appris à interpréter avec précision les réactions de son corps: «Lorsque, l’estomac vide, le taux de glycémie diminue, on le sent bien sûr mais on apprend à s’en accommoder.» Et c’est pareil pour le stimulus de la respiration. L’entraînement de rétention du souffle ressemble à celui qu’il faut pour courir un marathon: exercer, exercer, exercer et devenir plus endurant.

Les adultes respirent en moyenne quinze fois par minute, soit près de vingt-deux mille fois par jour. Si nous trimbalons de lourds cabas de courses, rédigeons une épreuve d’examen ou nous vautrons sur le canapé, la respiration n’est pas la même. Si nous sommes stressés, nous respirons plus vite et de manière superficielle. Si nous avons peur, la respiration se fait moins profonde. Si nous sommes soudain effrayés, la respiration se bloque. Ces réactions sont commandées par le système neurovégétatif en fonction de notre état psychique et physique.

Corps et psyché

La respiration est ainsi une passerelle entre le corps et la psyché. «La respiration est la seule fonction vitale que l’homme peut volontairement influencer. Ce n’est pas possible pour la pression sanguine ou les battements du cœur», explique Thomas Rothe, médecin-chef à l’Hôpital cantonal des Grisons et membre du comité de la Société suisse de pneumologie. A l’inverse, cela signifie que le stress et la peur peuvent être atténués de façon ciblée par une respiration paisible. «La respiration consciente est un moyen auxiliaire permettant de retrouver la sérénité.» Cela dit, ce n’est pas toujours nécessaire car, de manière générale, l’être humain respire correctement sans en prendre conscience. Mais il y a du sens à exercer les techniques respiratoires, à entreprendre éventuellement une thérapie ou un cours de respiration. «Il faut du temps et une bonne compréhension pour utiliser judicieusement ces techniques de respiration. En outre, il faut entraîner la prise de conscience de soi pour mieux reconnaître les situations critiques et réagir de manière adéquate», complète le Dr Rothe.

L’apnéiste Peter Colat recourt aussi à sa capacité de contrôler son souffle, et pas seulement quand il plonge sous une couche de glace. «Mon patron me dit souvent qu’il aimerait avoir ma sérénité.» Le fait est qu’à 47 ans, il lui est difficile de se mettre en colère. Au repos, son pouls bat à 41. Et même lorsque parfois la situation devient stressante ou qu’il s’énerve, ses années d’entraînement lui permettent de s’apaiser rapidement. «Pour moi, la plongée est une école de vie.»

Fonction nécessaire ou reine des fonctions?

En Inde et en Chine, la respiration est considérée comme «la reine des fonctions corporelles», celle qui véhicule l’énergie vitale. En Occident, on tend plutôt à la voir comme une fonction nécessaire: l’oxygène entre, les cellules s’en alimentent, le dioxyde de carbone sort.

Les thérapies occidentales se subdivisent sommairement en deux écoles principales. L’une est la thérapie de respiration physiothérapique, où l’on se concentre sur la partie mécanique fonctionnelle du processus de respiration. C’est cette thérapie qui est utilisée le plus souvent en cas de maladie respiratoire. Mais Thomas Rothe déconseille de s’en remettre exclusivement à une thérapie respiratoire en cas de maladie. «C’est l’un des moyens auxiliaires servant à améliorer la qualité de vie. Cela ne suffit toutefois pas à soigner les affections des poumons.»

L’autre tendance thérapeutique est la thérapie de respiration non physiothérapique, qui s’adresse davantage aux aspects émotionnels. L’offre est extrêmement diversifiée. Certaines se pratiquent couché, d’autres debout, d’autres encore assis, avec contact physique ou non. Nombre de thérapeutes de la respiration pratiquent de longs entretiens préparatoires, d’autres se focalisent avant tout sur la respiration. Conclusion: il faut essayer, ressentir la forme qui nous convient le mieux.


Exercices respiratoires de tous les jours

En cas de stress ou d’énervement, des exercices respiratoires simples peuvent être d’un grand secours.

L’idée de base est de respirer si possible par le nez: ainsi l’air qui aboutit dans le corps est humidifié, purifié et réchauffé de manière optimale. En plus, la respiration nasale stimulerait la tension du corps et l’activité du diaphragme.

De manière générale. Parfois il n’y a nul besoin d’influencer activement la respiration. Il suffit de se concentrer consciemment sur sa respiration pour l’avoir peu à peu sous contrôle.

Se détendre devant l’ordinateur. Simplement se pencher en arrière et appuyer le dos au dossier. Inspirer lentement tout en relevant les bras. Puis expirer paisiblement et abaisser les bras. Répéter l’exercice jusqu’à ce que l’on se sente plus apaisé.

Contre la peur. Si la peur ou même la panique se diffuse, on peut essayer de réagir par la respiration consciente. S’asseoir tout droit, poser une main sur les poumons et l’autre sur le ventre. Inspirer profondément mais doucement par le nez, puis expirer violemment par la bouche.

Contre l’extrême tension. En inspirant, mobiliser autant de muscles que possible. Puis retenir son souffle un instant avant d’expirer lentement et de détendre simultanément les muscles.

Contre le stress. Se tenir droit et dresser les bras vers le haut. En inspirant, tendre les coudes et étirer le corps. En expirant, détendre les bras.


Nicole Krättli
Nicole Krättliist Multimedia-Journalistin und berichtet vorwiegend über gesellschaftspolitische Themen, Rechte von Minderheiten, Gesundheit und das Leben in einer digitalen Welt. Mehr erfahren
Par Nicole Krättli publié le 6 août 2019 - 09:09, modifié 18 janvier 2021 - 21:05