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L'édito

Hommes-femmes, le rééquilibrage

Si, comme le dit Ovidie, les hommes sont aujourd'hui «paumés» vis-à-vis des femmes, c'est que l'éducation sexiste de ces derniers siècles est remise en cause depuis quelques années seulement. Les événements de ces dernières années tels que #MeToo ou l'affaire Weinstein en témoignent. Oui, un travail de rééquilibrage est en cours mais le processus sera long. La meilleure chose à faire est de tout reprendre de zéro dans le respect et la tolérance, pour qu'une vraie égalité se crée entre les sexes. Telle est la conviction de Stéphane Benoit-Godet. Editorial.

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 Si, comme le dit Ovidie,  les hommes sont aujourd'hui «paumés» vis-à-vis des femmes, c'est que des siècles d'éducation sexiste sont remis en cause en quelques années seulement.

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Stéphane Benoit-Godet, rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet

Ce sont des mots forts. Pour l’autrice Ovidie, les hommes de sa génération sont «paumés» vis-à-vis des femmes, «car ils ont grandi avec des certitudes et prérogatives qui sont remises en question». Cinq ans après le scandale Weinstein, qui déclenchera le mouvement «#MeToo», nous voilà à la croisée des chemins. Il y a eu une stupéfaction non feinte à l’époque: naïfs hommes hétéros que nous étions, nous n’avions – pour la plupart d’entre nous – aucune conscience de la gravité des phénomènes de sexisme et de harcèlement vécus par les femmes. La parole depuis s’est libérée. On a commencé à l’entendre et, aujourd’hui, toute une série de révélations et quelques rares décisions de justice font l’actualité.

Le mouvement «#MeToo» a-t-il connu des excès? Forcément, car il fallait une révolution pour réveiller une société complètement endormie. Ce n’est qu’une première étape. Il est par exemple trop tôt pour des hommes pour témoigner du harcèlement sexuel infligé par d’autres hommes: la société n’est tout simplement pas prête à les entendre. Elle les dévorerait tout crus en rejetant et en dénigrant leur parole comme elle l’a longtemps fait – et souvent continue de le faire – à propos des femmes. Ne parlons même pas des représentants des communautés lesbienne et trans qui – quand ils ou elles subissent des violences – auront encore moins de chances d’avoir une écoute compréhensive.

Reste la réalité de ce qui peut se passer dans l’intimité d’un couple, loin des généralisations: Johnny Depp qui gagne un procès contre Amber Heard, ce n’est pas la fin de l’ère «#MeToo». Mais plutôt le verdict d’un jury qui considère dans un cas précis qu’une femme a diffamé un homme. Que les deux, et surtout lui, soient des stars hollywoodiennes n’enlève rien à la banalité du cas: à la justice de faire son travail quand elle est saisie.

Plus largement, c’est désormais dans chaque pan de la vie – dans la loi, dans la rue et à la maison – que le travail de rééquilibrage doit se faire en faveur des femmes. Avec des choses aussi simples que la définition du consentement telle qu’établie par le législateur ou l’accès totalement libre à tous les recoins d’une ville sans crainte, comme la liberté de ne plus mettre de talons ou de soutien-gorge. Les gars, on va devoir revoir nos manières de faire et de regarder! Mais comme le dit ma nièce, qui se fiche bien (et gentiment) de moi: «Ça va, c’est pas trop dur, hein. Vous allez vous habituer.»

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 9 juin 2022 - 09:03