Repousser ses limites à chaque expédition. C’est ce que fait Sarah Marquis lorsqu’elle parcourt la planète comme d’autres se rendent au coin de la rue. Cette aventurière qui, de 2010 à 2013, a réussi l’exploit de traverser six pays pour relier à pied la Sibérie à l’Australie est avant tout une femme libre et ses périples sont des exploits tant physiques qu’émotionnels.
Et même si nous ne sommes pas dans les quelque 80 kilos de bagages qu’elle a poussés ou portés lors de sa dernière expédition de trois mois dans l’Outback australien, Sarah Marquis sait parfaitement nous entraîner dans ses épopées qui rappellent à chacun de ses pas combien la terre est précieuse et combien nous, humains, ne cessons de la faire souffrir. Pour des raisons de profit la plupart du temps.
Pour preuve, à des milliers de kilomètres des Aussies, il y a Théodule, à Zermatt. Un glacier qui, à l’heure du réchauffement climatique, se réduit comme peau de chagrin et sur lequel quelques esprits avides d’argent ont eu l’idée d’organiser les descentes hommes et femmes de la Coupe du monde de ski. C’est donc à coups de tractopelles, de dameuses et autres engins que cette langue de glace a été façonnée, reroutée, voire torturée pour permettre aux stars de la glisse de battre des records. Ce, malgré le fait qu’aucune autorisation n’ait été délivrée pour l’aménagement de deux tronçons. C’est au-delà du révoltant quand on sait que, en mars dernier, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous annonçait que si l’on persévérait à ce train-là, au 1er janvier 2030, nous atteindrions un point de non-retour. En clair, si nous continuons de mépriser la terre nourricière au profit de poignées de dollars, à la fin du XXIe siècle, la planète dans son ensemble se réchauffera de 3°C supplémentaires. Or si nous dépassons le plafond de 1,5°C de réchauffement, il y aura, dixit le fameux rapport du GIEC, une «intensification des précipitations liées aux cyclones, la disparition de 90% des récifs coraliens et de la moitié des glaciers, ce qui entraînera, entre autres catastrophes, de gros problèmes d’approvisionnement en eau potable».
Alors, à quand «un tourisme et une économie compatibles avec notre nature et nos paysages qui soient bénéfiques à la vie de la population locale»? Comme le demande le vert fraîchement réélu au Conseil national Christophe Clivaz. D’autres pays comme l’Islande, modèle du genre, l’ont fait avant nous. Il est grand temps de retrousser nos manches et de préserver notre jardin.