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Jean-Claude Drouot: «Ils cherchaient un archange et j’étais un archange déchu»

Inoubliable Thierry la Fronde dans la série culte des années 1960, Jean-Claude Drouot a fait, par choix, carrière au théâtre. Il revient au cinéma à 83 ans avec un talent et une authenticité rares. L'acteur d'origine belge nous raconte son parcours.

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Jean-Claude Drouot

Après une carrière au théâtre, Jean-Claude Drouot revient au cinéma à 83 ans.

Gildas Valais

«A l’époque, on parlait de distribution, pas de casting. En 1962, je m’étais présenté parmi 500 prétendants pour un projet médiéval mystérieux. La réalisation tentait de dénicher, en vue d’une série télé, son héros: Thierry la Fronde. J’avais 24 ans et je répétais mon tout premier spectacle, «Oreste», la tragédie grecque d’Euripide. Robert Guez, le metteur en scène du feuilleton, avait une idée précise de son personnage. «Je cherche un archange, vous êtes un archange déchu», m’a-t-il dit au début. J’avais le cheveu noir et l’œil brun, et cela ne m’avait pas contrarié.

Le soir de la première, Guez est venu me voir sur les planches. A l’entracte, il m’a confié: «Si ça vous intéresse, je fais passer des bouts d’essai demain.» J’y suis allé après quatre heures de sommeil. Sept autres candidats étaient convoqués, tous blonds aux yeux bleus ou verts. Parmi ces archanges, j’étais le petit cygne noir. Et cela a totalement perturbé l’idée qu’ils se faisaient du courageux Thierry.

Il y avait de beaux mecs, dont Jean Sobieski. Polonais, peintre, comédien, il était l’amant de Dalida. Moi, je n’avais pas l’œil bleu, mais l’âme bleue. Je l’ai toujours. Une semaine après, alors qu’il ne restait plus que Sobieski et moi, j’ai été choisi. Aux rushs, on m’a glissé: «Ce sont les femmes qui ont tranché.» A quoi ça tient...Thierry la Fronde était le jeune homme que j’étais, pas une composition. Je donnais suite à mes jeux d’enfance.

Je me souviens d’une interview pour la chaîne catholique Radio Notre Dame. Une auditrice souhaitait connaître la couleur de mes collants de danse de chez Repetto (rires). Je les portais avec une coquille. Mes fesses bien tenues avaient dû alimenter des convoitises. Jeune premier, je faisais la une de tous les magazines. J’avais eu une proposition de contrat de cinq ans plus deux grands films. A ma demande, cela a été ramené à deux ans, pas plus (52 épisodes entre 1963 et 1966, ndlr). Lorsque j’ai annoncé que c’était fini, la presse s’en est émue.

Malgré l’immense succès, je n’étais pas dans l’appât du gain. Un soir de 1965, dans la période de grande présence du feuilleton, invité à l’Olympia pour le show magistral de Sammy Davis Jr., j’étais, avec Claire, ma femme, assis à côté de Marie Laforêt et de Jacques Brel. A la fin, Jacques m’a dit: «J’ai vu ton premier film, «Le bonheur», d’Agnès Varda. Ça, c’est bien.» J’allais donc éviter un piège: rester prisonnier d’une série culte et de son personnage.

Thierry la Fronde, ses six compagnons, la belle Isabelle, la musique du générique de Jacques Loussier sont restés intacts dans la mémoire des enfants d’alors, devenus des adultes. Et moi, après des films américains avec Kirk Douglas ou «Les gens de Mogador» à la télé, j’ai été et je reste avant tout un homme de théâtre.» 


Son actu

Inconsolable après la mort de sa femme dans «Monsieur Constant», film d’Alan Simon à voir dès le 8 février, Jean-Claude Drouot joue vrai, entre tendresse et larmes. On retrouve avec un bonheur égal Cali, Danièle Evenou et la jeune Gabrielle Pélissier. Merveilleux!

Par Didier Dana publié le 24 janvier 2023 - 09:03