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Autodidacte et bricoleuse, la Vaudoise Joanie Écuyer a éclos suite à sa participation à la Fashion Week de Vancouver. Rencontre avec une styliste touche-à-tout qui a fait de la «récup» son mantra.
Jade Albasini
«On a déjà produit tellement de textiles, alors il faut les réutiliser. Cela crée des défis artistiques», Joanie Écuyer à propos de l’«upcycling».
Julie de TriboletIl faut grimper jusqu’à l’atelier de CoCo Création, la marque de la Vaudoise Joanie Écuyer. Ses créations sont rangées dans sa maison, un chalet sur les hauteurs du Sépey (VD). Un treuil permet d’acheminer les tissus puisque le dénivelé est un peu vertigineux. C’est dans l’ancien grenier en bois qu’elle collecte les chutes de textiles: des étoffes comme des batiks indonésiens, des échantillons de vente ou encore des bouts de tissus de tapissiers.
A 35 ans, celle qui menait une carrière dans la danse et le théâtre s’est muée en créatrice couturière. Autodidacte et bricoleuse, elle a suivi une formation en ligne pendant la pandémie. «Réaliser des créations avec de la récup, c’était une évidence pour moi.» L’artisane commence par la maroquinerie, imaginant des sacs 100% «upcyclés». A Noël 2020, elle croule déjà sous les commandes. «Les gens flashent sur un objet et me demandent de confectionner exactement la même chose. Mais je tiens à faire des pièces uniques. Pour faire écho à la réalité. Deux chutes de vêtements ne seront jamais identiques. Et le sur-mesure coupe trop mon inventivité.»
D’expérience en expérience, elle se professionnalise. En 2022, alors qu’elle courait les marchés artisanaux locaux, sa touche est repérée par une chasseuse de talents au Canada. La coordinatrice de la Fashion Week de Vancouver cherche de nouvelles signatures et propose à la jeune femme de venir présenter sa première collection. «J’ai cru que c’était une intox au début!» sourit Joanie Écuyer. Pour participer à cette plateforme, les jeunes designers doivent investir plusieurs milliers de francs pour partager leur travail. «Tu paies un package pour rémunérer les mannequins, les coiffeurs, les maquilleurs, l’équipe technique, etc.»
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Le 22 octobre, elle signe 16 looks sur le podium canadien du rendez-vous mode. Habituée des arts de la scène, elle projette la dramaturgie de son défilé Anita comme une performance. Son focus? Les bordures, qu’elle associe à une zone de rencontre entre deux éléments, à la croisée de mondes qui s’entrechoquent. «J’ai beaucoup travaillé sur le patchwork en assemblant des matières, des couleurs, des imprimés et des motifs qui détonnent ensemble. Je dessine des idées, mais je pars souvent du textile, de ce que j’ai entre les mains.» La robe de mariée, clou de sa soirée, est composée de chutes d’échantillons blancs. Sa signature, ce sont des genouillères – souvenir de sa carrière de gymnaste à Macolin – qui deviennent des accessoires tendance.
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Sur place, ses créations ont été applaudies. La collection de la Romande apparaît dans plusieurs sélections, comme dans les magazines «Vogue Mexico» et «Vogue Korea». «Il faut que je prenne les bonnes directions en 2023, car mon parcours ne fait que commencer. J’ai envie de nouer des collaborations durables, comme avec Bijoux Amore Eterno, à Vevey, mais aussi d’améliorer la visibilité de mes pièces. Tout ce que je gagne aujourd’hui, je le réinvestis dans ma marque pour la faire évoluer.» Elle a rendez-vous en mars au Flying Solo, espace de découverte de la Fashion Week de Paris.
La styliste de CoCo Création, Joanie Écuyer, a installé son atelier dans son chalet sur les hauteurs du Sépey (VD).C’est là qu’elle confectionne ses créations «upcyclées».
Julie de TriboletLa styliste de CoCo Création, Joanie Écuyer, a installé son atelier dans son chalet sur les hauteurs du Sépey (VD).C’est là qu’elle confectionne ses créations «upcyclées».
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