Elle doit sa mauvaise réputation à son look d’animal mal léché, trapu et massif, au visage souvent balafré par les combats. En Afrique comme ailleurs, la hyène tachetée est perçue comme cruelle et bornée. Les mythologies locales en font un animal borderline et ambivalent, une incarnation de la puissance physique grossière et arbitraire, jusqu’à la démesure.
Mais cette silhouette de brute cache une efficacité redoutable et de grandes capacités d’adaptation. Tantôt chasseur habile et inventif, tantôt charognard, cet animal est, de tous les carnivores, celui qui métabolise le plus efficacement sa nourriture. La hyène tachetée est en effet capable de tout digérer: les os, la peau et même les charognes d’animaux abandonnées. Pourtant, ces exploits physiques ne doivent pas occulter ses grandes capacités intellectuelles et relationnelles. Parmi tous les carnivores, la hyène tachetée est certainement l’espèce la plus sociable. Leurs meutes regroupent toujours un grand nombre d’individus, parfois plus de 100, structurés par une organisation sociale complexe et différente de celle des autres carnivores. Leur société ressemble davantage à celle des babouins et des macaques qu’à tout autre animal.
En effet, la hyène tachetée possède un plus gros cortex frontal que les autres hyènes et que bien d’autres animaux. C’est la partie du cerveau qui gère le comportement social. Les chercheurs pensent d’ailleurs que leur intelligence se rapproche de celle des primates, et la surpasse même parfois. Une étude, publiée par le Live Science, réalisée par des anthropologues spécialistes de l’évolution des animaux, a démontré en 2009 qu’elles surpassent les chimpanzés lors des tests coopératifs de résolution de problèmes.
Deux par deux, des hyènes en captivité ont été soumises à cet exercice: elles devaient tirer sur deux cordes à l’unisson pour gagner une récompense sous forme de nourriture. Elles ont coopéré avec succès et appris rapidement les manœuvres à exécuter sans formation préalable. En revanche, les chimpanzés et les autres primates soumis au même test ont eu besoin d’une formation approfondie, et la coopération entre eux n’a pas été aussi facile à obtenir que pour les hyènes. Altruistes, les hyènes expérimentées ont spontanément aidé leurs congénères moins habiles à résoudre le problème. Une qualité qui, dans la nature sauvage, leur assure un grand avantage sur leurs adversaires!