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L'édito

L’acquis politique de la pandémie

Le rédacteur en chef, Stéphane Benoît-Godet, détaille le concept de «monde d'après», longtemps relayé par les tenants d'un changement du système. Or, ce changement s'est avéré vain... mais les raisons de positiver existent. 

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Terrasses

Le monde d'avant, la pandémie de coronavirus... reste à voir ce que nous réserve le monde d'après.

Valentin Flauraud

C’est un des paradoxes de la crise que nous a fait vivre la pandémie. Personne ne sait à quoi ressemblera le fameux monde d’après. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur la nouvelle ère qui succéderait à celle basée sur la surconsommation et des fondamentaux uniquement – et cyniquement – économiques. Tant de rêves ont été alors évoqués, quand ce ne sont pas des agendas révolutionnaires qui ont été mis à jour par les tenants du collectivisme ou du tout écologique. On allait voir ce qu’on allait voir.

Las. Le monde de maintenant semble avoir été décalqué sur les contours du précédent. Dès le premier déconfinement déjà, les files de voitures se sont allongées devant les McDonald’s, comme si la revanche du transport individuel associée à celle de la malbouffe avait sonné le glas des utopies nées pendant la crise. Aujourd’hui encore, beaucoup d’entre nous sont poussés à se faire vacciner non pas par un sentiment impérieux d’agir chacun à son niveau pour atteindre l’immunité collective, mais plutôt pour éviter de rater le prochain avion en partance pour les îles grecques.

Centre de vaccination Covid-19

Dans le Centre de vaccination de Palexpo de Genève, ce lundi 19 avril 2021, le staff médical prépare des doses de vaccins Moderna pour la vaccination des personnes contre le Covid-19.

Salvatore di Nolfi

Sommes-nous dès lors condamnés à retourner éternellement à nos vieux travers d’humains égoïstes et mesquins? Pas sûr! C’est là que le paradoxe se fait jour. Si personne ne sait à quoi ressemblera le fameux monde d’après, tout le monde a compris désormais que nous pouvons changer le monde maintenant. Combien de choses qui semblaient absolument impossibles en 2019 sont devenues monnaie courante en 2021? Fabriquer des vaccins ici, en Suisse? Fait. Mettre les pédiatres au chômage car il n’y a eu quasiment aucune gastro cet hiver? Fait. Recouvrir toutes les rues de Suisse romande de terrasses et voir des gens qui prennent l’apéro même par 10°C et sous le crachin? Fait, et avec bonheur en plus!

C’est à la fois un des grands acquis de cette crise et un des grands dangers qui doivent alerter la classe politique. A celle ou celui d’un parti ou d’un autre qui vous dira dans un futur proche «On ne peut pas, c’est trop compliqué», vous pourrez rétorquer: «On a fait face au coronavirus ensemble et on a voté pour des lois d’exception, alors oui, on peut le faire!» Ne reste plus désormais qu’à s’entendre sur un agenda politique.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 26 mai 2021 - 08:38