Depuis sa venue au monde, le lundi 6 mai, le petit Archie Harrison Mountbatten Windsor, fils de Meghan et Harry, illumine la monarchie britannique et l’éclaire d’un jour nouveau. «Love, love, love», chanteraient les Beatles à son royal sujet. L’arrivée de ce bambin né sous le signe du Taureau bouscule les habitudes protocolaires, mais sans écorner ni froisser personne. Avec lui, l’amour domine et se lit sur les visages. Ceux de ses parents et, plus inhabituel, celui de la reine, si peu encline à dévoiler ses sentiments. En marge, la planète entière s’interroge. Mais pourquoi avoir choisi de l’affubler du diminutif d’Archibald?
Parmi les figures populaires portant ce prénom, il existe un Américain (comme Meghan) roux (comme Harry): Archie Andrews, personnage de bande dessinée créé en 1941, teenager en baskets et bomber dont les historiettes se déclinent en huit cases. Son côté cool n’est pas sans rappeler Harry.
L’autre piste est d’ordre à la fois généalogique et sentimental. Archie nous mène à Diana Spencer, feu la reine des cœurs. Au XVIe siècle, sous Henri VIII, l’un de ses ancêtres s’appelait en effet Archibald Douglas. Ce prénom serait-il une façon de dire l’attachement à Lady Di, adorée mais terriblement absente? Harry, son cadet, vient de vivre la plus belle émotion de son existence, mais ne peut hélas pas la partager avec elle.
Il a fait savoir son désarroi jeudi 9 mai, trois jours après la naissance de son fils, alors qu’il venait de quitter femme et enfant pour se rendre à La Haye, aux Pays-Bas. Il participait au lancement du compte à rebours des Invictus Games de 2020. Cette compétition sportive dont il est l’instigateur associe vétérans, soldats blessés ou handicapés. Au cours de la visite, il a glissé qu’Archie avait passé les vingt-quatre premières heures de son existence à dormir. Puis, au hasard d’une balade à vélo, le duc de Sussex a confié au vétéran Dennis van der Stroom combien sa maman lui manquait.
Le militaire en question va lui aussi devenir papa. Comme Harry, cet homme est orphelin de mère. «Nous avons évoqué notre expérience commune, a fait savoir le soldat au magazine américain People. Il m’a confié que "perdre une maman est comme ne plus se sentir en sécurité (…) Tout s’effondre." Il a parlé à de nombreuses personnes qui ont perdu un membre de leur famille et m’a dit "qu’il se sentait moins seul lorsqu’il entendait leur histoire.»
L’autre Archie de Meghan
La figure maternelle, centrale et apaisante, était célébrée dimanche dernier chez les Windsor comme partout ailleurs. Meghan l’a rappelé à l’occasion de sa première Fête des mères. La duchesse a posté une photo intime sur l’Instagram officiel Sussexroyal, montrant les pieds minuscules de son tout-petit. Cette phrase accompagne l’adorable cliché: «Hommage à toutes les mères – passées, présentes, en devenir, et celles disparues, mais dont le souvenir restera à jamais.» Une façon d’honorer la mémoire de Lady Di sans toutefois oublier l’autre grand-mère d’Archie, Doria Ragland. Hasard ou pas, Meghan et sa mère avaient autrefois adopté un chat qui répondait au sobriquet d’Archie. Tiens, tiens...
Plus sérieusement, à travers cette naissance, Doria Loyce Ragland est devenue, elle aussi, un personnage central dans la mosaïque familiale. Le journaliste Grant Tucker du Sunday Times qualifie même de «tournant» la photo sur laquelle figure cette Afro-Américaine au château de Windsor au moment où Archie est présenté à la reine.
Tucker rappelle que «lors de son accession au trône, les vestiges de l’Empire britannique faisaient encore des ravages sur le continent africain». La présence de Mrs. Ragland, descendante d’esclaves, alors que s’approche la monarque de l’enfant métissé est bel et bien un cliché historique.
Réalisé par le portraitiste et photographe de mode Chris Allerton, le vivant tableau montre Elisabeth II en mamie radieuse. Pas dénuée d’humour dans le privé, elle est peu expansive lors de ses apparitions officielles. La voilà attendrie, spontanée. Tellement humaine, intime. Elle sourit avec une curiosité mêlée de tendresse. Elle mesure combien le bonheur de son petit-fils est important et sait mieux qu’aucun autre pourquoi cette naissance le bouleverse. Diana, encore elle!
Harry, tout à sa joie en annonçant, lundi 6 mai, publiquement la venue au monde de son enfant, a ajouté de la fierté, deux jours plus tard. Il s’est avancé avec Archie dans les bras au côté de Meghan. Cette dernière en hauts talons, visage et ventre ronds, a fait bonne figure dans l’immense St George Hall, cette pièce néogothique remise à neuf après le terrible incendie du château en 1992. Leur apparition a ému. Les paroles échangées, les gestes empreints d’une infinie délicatesse donnaient à voir des émotions vraies malgré les caméras. «C’est incroyable, magique. J’ai les deux meilleurs hommes du monde, je suis réellement heureuse», a commenté la duchesse.
Depuis une semaine, avec «baby Sussex» souffle un vent de modernité et d’authenticité. Une touche de normalité dans un monde codifié à l’extrême. Le couple ne laisse évidemment rien au hasard. Meghan n’est pas ex-comédienne pour rien. L’Américaine maîtrise sa com'. Elle a annoncé le sexe et le prénom de son enfant sur Instagram. Une première. Alors, si Archie ancre encore plus la famille royale dans l’ère du numérique, sa naissance lui redonne une âme et révèle la noblesse de ses sentiments.
Chute de pression
Le couple, faut-il le rappeler, a imposé le timing. Exit l’image de la maman maquillée, coiffée sur les marches de la clinique face à une meute de photographes et une jungle de caméras quelques heures après son accouchement. Cette épreuve subie – malgré les sourires de circonstance – est d’une violence inouïe. A leur façon, Harry et Meghan ont fait baisser la pression et donné plus de temps à leur bonheur. Parce qu’ils ont su remettre le respect de la vie au centre de tout.
En cela, et quelles que soient les raisons du choix de son prénom, Archie le bienheureux est de la graine de révolutionnaire. Son arme puissante s’appelle l’amour. Cette floraison du cœur.