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Interview

«Laurent Baffie se pose des questions» ce week-end en Romandie

L’humoriste Laurent Baffie donne deux représentations en Suisse romande de son one man show «Laurent Baffie se pose des questions», ce vendredi 4 mars à Genève et ce samedi 5 mars à Lausanne.

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Laurent Baffie se pose des questions
Patrick Casté

- Vous vous présentez sur la liste du Parti animaliste pour les prochaines élections législatives françaises et pourtant vous écrivez sur votre compte Twitter que vous n’entrez pas en politique. Expliquez-nous la nuance… 
- Laurent Baffie: Les journaux ont titré: «Laurent Baffie s’engage en politique». Et j’ai fait un rectificatif: oui, je me présente bel et bien aux élections législatives dans le IIIe arrondissement de Paris, mais c’est seulement pour soutenir le Parti animaliste, qui m’a demandé de l’aider à mieux le faire connaître. Ce n’est pas un engagement politique, c’est juste un coup de pouce à une formation qui serait déjà contente, m’ont dit ses membres, de faire 1% grâce à mon aide. 

- Si par miracle, ou par sous-estimation de votre notoriété justement, vous étiez élu: vous assumeriez et vous intégreriez les bancs de l’Assemblée nationale?
- Mais je ne serai bien sûr pas élu, je ne serai pas député. Et je le répète, la politique, ce n’est pas du tout mon truc. Je déteste la politique. La politique, c’est caca, pour moi. La seule politique qui vaille, c’est de voter pour les animaux. Voilà. Parlons d’autre chose, je vous prie. 

- De la cause animale, par exemple? Cela vous vient d’où cette préoccupation?
- De ma passion depuis toujours pour la zoologie. J’adore les animaux. Et je constate que nous sommes en pleine sixième extinction massive des espèces. Quand j’étais jeune, il y avait des papillons, il n’y en a plus. Il y avait des abeilles, il n’y en a plus. Il y avait des moineaux, il n’y en a plus. J’en parlais d’ailleurs hier soir à un spécialiste avec qui je mangeais du panda. 

-...
- Ah! ma vanne fait un bide, visiblement. 

- On ne vous invite plus à la télévision justement parce que vous êtes connu pour sortir des énormités encore pires que celle-ci?
- Nuançons: ce sont seulement les rares émissions qui se déroulent en direct qui ne m’invitent plus, ou presque plus, parce qu’ils ont peur, en effet, que je dépasse les bornes. Je reste en revanche un bon client pour la télévision en général, mais parce qu’ils conservent le contrôle au montage. 

- Avez-vous quand même des tabous, des limites personnelles? 
- Mais bien sûr! Il y a des sujets tragiques sur lesquels je ne peux pas faire la moindre vanne. Je suis, malgré ma réputation, tout aussi sensible et empathique que la moyenne des gens. 

- Votre spectacle, «Laurent Baffie se pose des questions», ce n’est pas un simple copier-coller de votre livre qui a le même titre? 
- Le livre, ce n’est que 10% du spectacle. Ce n’est qu’un prétexte sur lequel je me suis appuyé pour écrire des sketchs originaux et pour faire de l’interactivité avec le public. Le contrat moral entre le public et moi est très simple: je dois le faire rire. Et visiblement, ça marche. 

Laurent Baffie se pose des questions
DR

- Rire, être heureux dans ce monde, c’est simple pour Laurent Baffie? Vous avez des trucs pour garder le moral? 
- Oui: les putes, la coke… Non, sérieusement, ce monde m’accable. J’ai quatre enfants et je ne peux pas être heureux quand je pense que mes gosses ne pourront peut-être pas avoir d’enfants eux-mêmes. Je ne peux pas être d’humeur légère quand la maison brûle et que tout le monde s’en fout. Je suis alarmé et alarmiste sur l’état écologique du monde. Je ne suis pas seul bien sûr à être conscient de cette tragédie en cours, mais je constate avec désolation que les gens de pouvoir ne prennent pas des mesures efficaces. Pour eux, leur principal souci, c’est la productivité, c’est faire tourner la machine. On va donc droit dans le mur. On a pu voir des changements au début de la pandémie: la nature avait repris un peu de couleurs quand les activités humaines ont dû être freinées. Mais ça n’a pas duré. Bon, je précise que je serai nettement plus drôle en spectacle, je vous le garantis. 

 

- Vous parlez d’écologie dans le spectacle? 
- Je parle de tout dans le spectacle, des animaux, du handicap, des enfants. Avec une forte interaction avec le public. Ce n’est jamais le même spectacle. Il dure deux heures, mais en Suisse, ça dure forcément huit heures… 

- On ne peut plus espérer vous revoir à l’écran dans des émissions aussi décalées, voire trash, comme «17e sans ascenseur» ou «Open Bar»? C’est fini, une telle liberté de ton? 
L’époque a changé. Les annonceurs sont devenus les vrais patrons des chaînes. On vit une époque où nos comiques préférés se sont fait assassiner. On vit une époque avec des réseaux sociaux qui vous clouent au pilori au moindre mot de travers. Il faut faire avec cette époque, sans regretter l’ancienne. Le monde a toujours changé. C’est comme ça. 

- Et vous arrivez à vous faufiler malgré tout entre les mailles du filet de cette nouvelle morale, plus sourcilleuse que jamais? 
- Non, je n’arrive à rien. Je vais me cacher, c’est tout. Mais quand on m’attaque en me traitant par exemple de misogyne, je réplique en écrivant un autre spectacle, qui s’appelle Soupe Miso, un spectacle sur la misogynie, qui fait salle comble actuellement. Un spectacle qui dénonce le sexisme tout en faisant rire. Les critiques sont dithyrambiques. Et c’est ça, ma meilleure réponse aux accusations de sexisme dont je suis bêtement et injustement la cible. 

Infos pratiques:
Vendredi 4 mars au Théâtre du Léman, Genève
Samedi 5 mars à la Salle Métropole, Lausanne
>> Billets: livemusic.ch.

Par Philippe Clot publié le 2 mars 2022 - 18:46