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Le bec-en-sabot, un oiseau à l'allure de dinosaure

Le bec-en-sabot est un oiseau massif est imposant qui mène une vie paisible dans les zones humides d’Afrique équatoriale. Plus qu'un oiseau, il serait, selon des paléontologues, un dinosaure à part entière, le seul à avoir survécu à l’extinction massive d’il y a 66 millions d’années. Aujourd'hui, le bec-en-sabot figure dans les espèces protégées. Découvrez cet oiseau d'un autre âge qui se fait rare.

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le bec-en-sabot

«Balaeniceps rex»: Selon des paléontologues, les oiseaux sont des dinosaures à part entière, les seuls à avoir survécu à l’extinction massive d’il y a 66 millions d’années. Au fil du temps, certains dinosaures théropodes ont pris de plus en plus les caractéristiques des oiseaux tels qu’on les connaît aujourd’hui. On a retrouvé des fossiles apparentés au bec-en-sabot datant de l’époque du miocène (entre 5 et 23 millions d’années).

© Patrick Kientz / Naturagency
Bertrand Cottet

Il doit tout à son bec, même son nom! Imposant et massif, cet appendice de couleur jaunâtre ou rosâtre atteint 23 cm de large pour 10 de long. Ce bec a frappé les premiers naturalistes qui y ont reconnu la forme des fameuses chaussures en bois de leur époque. Sa forme est parfaitement adaptée à la pêche en eaux troubles, peu profondes et encombrées de végétaux. Au lieu de harponner sa proie comme le ferait un héron, ce grand échassier qui mesure de 100 à 120 cm pour 2,3 mètres d’envergure écope le plan d’eau à l’horizontale. Il extrait ainsi une véritable pelletée de matériaux où frétille le poisson qu’il convoite. Le crochet qui arme sa mandibule supérieure lui sert à pincer sa prise glissante, les bords tranchants à la découper. Son régime est principalement composé de poissons-chats, de protoptères (des poissons osseux), de carpes, de serpents aquatiques et de grenouilles.

bec-en-sabot

L’œil du bec-en-sabot possède une membrane nictitante. C’est une paupière supplémentaire transparente ou translucide qui recouvre le globe oculaire afin de le protéger et de l’humidifier tout en permettant une certaine visibilité.

© Patrick Kientz / Naturagency

Pour le rencontrer, il faut se rendre dans les parties orientales et centrales de l’Afrique tropicale. On le voit aux abords de lacs, de grands cours d’eau et de marais garnis de papyrus et de roseaux, comme le lac Victoria et le Nil Blanc. Lors de la saison de nidification, le bec-en-sabot devient très territorial et défend son nid contre les prédateurs et contre tout autre intrus. Il est par contre peu farouche envers les êtres humains, les laissant souvent s’approcher très près et se contentant de les fixer droit dans les yeux.

Depuis 2002, le bec-en-sabot est protégé et figure parmi les espèces dont il reste moins de 10 000 individus dans le monde. Sa population ne dépasserait pas 5000 individus selon les sources les plus alarmistes, à l’état sauvage comme en captivité. La destruction et l’assèchement de son habitat naturel se poursuivent inexorablement. En cause, le réchauffement climatique et la concurrence opposée par l’agriculture. Cette industrie recherche les mêmes terres que l’oiseau: une végétation dense, à proximité d’un point d’eau. Les zones de nidification restantes attirent aujourd’hui une population trop importante. Dans la confusion, tandis que chacun cherche sa place pour se désaltérer et chasser, bon nombre de nids sont piétinés et détruits, ce qui freine massivement le rythme des naissances de l’espèce. Comme si cela ne suffisait pas, l’oiseau continue à être traqué pour sa viande ou pour fournir les parcs zoologiques et ses œufs sont volés pour les vendre au plus offrant! 

Par Bertrand Cottet publié le 14 août 2022 - 08:49