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L'édito

Le bonheur, s’y plonger, y travailler

Les suisses sont souvent considérés comme étant l'une des population les plus heureuses du monde. Mais le bonheur, ça s'entretient. Si pendant la pandémie, les fondements de notre cher système politique ont tremblés, la démocratie a tout de même triomphé. Nos institutions sont à l'image de notre bonheur, il faut en prendre soin sur la durée. Editorial.

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Le bonheur suisse

Les suisses sont souvent considérés comme étant l'une des population les plus heureuses du monde.

Andreas Eggenberger
Stéphane Benoit-Godet, rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet

Les Suisses ont une grande compétence, ce sont des gens heureux. Nous figurons régulièrement en tête de liste dans les classements à ce sujet. Nous en avons un peu honte, parfois. Comme être gentil et bienveillant, être heureux peut être assimilé à être bobet, bête, stupide, contemplatif, voire carrément crétin. D’ailleurs, on nous fait régulièrement le reproche de l’autre côté du Jura, «la Suisse, c’est sympa mais on s’y ennuie ferme». Rengaine bien connue. Il ne se passe jamais rien au pays du bonheur, n’est-ce pas? C’est vrai que les conflits sociaux, les tensions de classes, la haine qui s’exprime sur les murs comme dans les rues chez notre grand voisin fait envie (c’est de l’ironie).

En cette époque de guerre en Europe, nous souhaitons à tous les pays d’être un peu la Suisse. Mais celle-ci n’est pas installée dans la marmite de la sérénité pour l’éternité. Les tensions nées lors de la pandémie ont montré que tout pouvait rapidement basculer. Un cadre institutionnel fort et une classe politique respectée, des acquis qui ont montré sur la durée leur validité, ont été violemment attaqués. Ils ont même tremblé sur leurs fondements. La bonne nouvelle, c’est que la démocratie et la raison ont triomphé. Pour parvenir à une telle capacité de résilience, il faut continuer à travailler pour entretenir tout un fragile système d’équilibres, au moins aussi complexe qu’une montre dotée de grandes complications. C’est comme le bonheur, il n’est pas là par hasard, il faut en prendre soin.

Il existe en effet mille tactiques contre la déprime qui peut s’installer lorsque l’ombre de l’hiver s’étire. Chacun a les siennes mais toutes les bonnes recettes gagnent à être partagées. Il y a le lâcher-prise, le goût de la liberté de se laisser aller aux plaisirs simples qu’offrent la nature comme la culture, par exemple, des domaines où la Suisse a tant à proposer. Et il y a le travail qui consiste à rester aux aguets de tout ce qui nous rend joyeux, la félicité à portée de main. Et si vraiment rien n’y fait? Alors, il ne vous reste plus qu’à regarder des images de panda, l’animal le plus zen du monde dont on se demande toujours comment il peut survivre dans la vie sauvage tant il n’en a rien à fiche de rien mis à part sucer du bambou. 

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 4 janvier 2023 - 09:18