«Ce qui m’est arrivé ce jour-là m’a profondément marqué pour toute ma vie. Avant cette expérience hors du commun, j’étais déjà croyant, mais je n’étais pas sûr, à l’échelle d’un individu, qu’il était possible de communiquer avec une force spirituelle supérieure. Au fond, j’étais déiste, mais pas théiste, pour utiliser des termes philosophiques. Ce qui s’est passé m’a convaincu qu’une communication était possible.
A l’époque, celle de mon bateau solaire PlanetSolar, j’étais en couple avec une compagne que je surnommais Machu Picchu depuis un voyage ensemble dans les Andes. Elle m’avait littéralement porté jusque dans les nuages, m’avait soutenu pour réaliser ce projet alors que je n’étais qu’un simple ambulancier. Nous devions nous marier et fonder une famille à l’issue de ce tour du monde en bateau. Je suis donc parti naviguer deux ans. Et même si elle m’a rejoint à bord quelque temps lors de la traversée du Pacifique, même si nous nous téléphonions deux fois par jour, la durée de cette séparation a été trop longue pour elle. Elle avait été en couple avec un ambulancier, fonctionnaire de la ville de Lausanne, qui travaillait deux jours et deux nuits puis était en congé quatre jours que nous passions ensemble. Et la voici qui se retrouvait subitement avec un aventurier, un marin solaire, absent pendant quasiment deux ans...
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J’avais déjà perçu, durant son passage à bord, que quelque chose s’était érodé dans notre relation. Et quand je suis revenu en Suisse, elle avait décidé d’y mettre fin. Cela a été extrêmement dur pour moi, et pour elle aussi. Je pensais qu’elle reviendrait, mais ce ne fut pas le cas. Six mois après cette séparation, je me disais que je pouvais dès lors passer à une autre vie, que j’avais rempli mon contrat dans celle-ci en réalisant ce premier tour du monde en bateau solaire.
Attention! Il n’était pas question de mettre fin à mes jours. J’avais trop vu ce genre de drame en tant qu’ambulancier. Non, c’était une posture métaphysique. Je faisais une prière chaque soir demandant de pouvoir passer à ma vie suivante. C’était une manière d’apaiser ma tristesse. Il faut dire aussi que se retrouver sans personne après avoir vécu deux ans comme en famille avec les trois autres membres d’équipage, cela rendait ce changement extrêmement brutal.
Un soir, alors que je faisais cette prière sur mon balcon à Neuchâtel de manière plus insistante que les autres soirs, la foudre est tombée à 100 mètres dans la vigne au-dessous. Cela a été d’une violence indescriptible. J’ai été projeté à terre, les cheveux dressés, et je me suis relevé avec un acouphène. C’était comme si on me disait: «Maintenant, arrête de m’embêter avec tes histoires d’amoureux éconduit, ce n’est pas toi qui décide de la poursuite ou non de cette vie.»
Cette expérience m’a donné de la force et de l’énergie. Bien sûr, il peut s’agir d’une coïncidence, mais je m’autorise d’interpréter cet événement de manière mystique. Aujourd’hui, même en cas de coup dur, je suis convaincu qu’il faut profiter de cette vie-ci, qui se terminera bien un jour quoi qu’on fasse.»
L'avion solaire stratosphérique de Raphaël Domjan
«Le programme de l’avion SolarStratos a été perturbé par la pandémie, notamment parce que la tentative de record d’altitude aura lieu aux Etats-Unis. Je me prépare à Payerne pour mon autorisation de pilotage en solo. Et je fais attention à mon alimentation pour pouvoir entrer dans la combinaison!»