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L'édito

Le journalisme au cœur

Il a fait les grandes heures de «L’illustré». Arnaud Bédat s'est éteint à l’âge de 58 ans des suites d'une maladie. La rédactrice en chef adjointe Caroline Zingg qui a côtoyé Arnaud des années durant, rend hommage à un homme qui carburait à la passion.

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Arnaud Bédat

Enquêtes sur l’OTS, affaires Bertrand Cantat et DSK: Arnaud Bédat s'est illustré à de nombreuses reprises au cours de sa carrière.

Julie de Tribolet

Il ne fonctionnait qu’à la passion et ne se sentait bien que sur le terrain. Dès que l’actualité s’animait, Arnaud Bédat était sur le coup. Il aimait rencontrer, raconter, cerner la vérité, faire mieux et plus vite que les confrères-concurrents.

Lundi, l’église de sa «bonne ville de Porrentruy», comme il disait, était comble pour un adieu poignant à ce journaliste hors normes. Son ami Gilles Bouleau (présentateur star à TF1) lui a rendu hommage avec humour: «Chaque fois que j’arrivais quelque part, il y avait un gars plutôt rond, avec des yeux ronds et des lunettes rondes, des cheveux bouclés blonds, un Suisse, qui était déjà passé par là!» Doté d’un flair affûté, Arnaud Bédat était une sorte de Tintin (il était fan), canaille et gouailleur, cultivant ses amitiés avec une fidélité indéfectible, comme l’a souligné François Lachat, l’un des pères fondateurs du Jura, qui «s’est collé au discours», selon un pacte fraternel scellé entre eux deux.

Bien sûr, il y a eu les scoops retentissants: l’Ordre du Temple solaire, les affaires Cantat et Lagonico, que Daniel Pillard, ancien rédacteur en chef de «L’illustré», évoque avec émotion dans les colonnes du magazine (disponible en kiosque). J’ai eu moi-même le plaisir de travailler avec lui une vingtaine d’années. Ses nombreux appels au quotidien me faisaient vivre à distance ses aventures. Je voyais avec inquiétude l’heure tourner et mon réd’ chef s’arracher les cheveux en imaginant le coût de l’opération. Arnaud me rassurait d’un grand rire tonitruant: «Ne t’inquiète pas, ma petite Caroline, on va y arriver!»

Comme en 2011, lors du scandale Dominique Strauss-Kahn. Coup de fil immédiat de Vous-savez-qui: «Bon, il faut qu’on fonce en Afrique retrouver la famille et les photos de cette femme que DSK aurait agressée et raconter son histoire!» Et c’est ainsi que le visage de Nafissatou Diallo fera, en primeur mondiale, la couverture de «L’illustré». Lundi, c’est un message du pape «in personam», François l’Argentin, qui a salué la mémoire de son «ami Arnaud», lu en la bien nommée église Saint-Pierre, à Porrentruy.

A ta fille adorée, à ta famille et à tes proches, nous adressons nos plus sincères condoléances. Et nous te disons merci pour tout. 

>> Daniel Pillard, ancien rédacteur en chef de «L’illustré» rend hommage à Arnaud Bédat dans le numéro de cette semaine.

Par Caroline Zingg publié le 28 juillet 2023 - 09:00, modifié 28 juillet 2023 - 14:55