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Biodiversité suisse

Le lérot élu animal de l’année 2022

Il vient de sortir de son hibernation. Le lérot, ce petit rongeur nocturne cousin du loir, doit attirer notre attention sur la disparition inexorable des forêts naturelles suisses.

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Grâce à sa capacité d’adaptation, le lérot a pu survivre au recul de son habitat traditionnel, les sous-bois, les bosquets et les haies sauvages. Ces milieux disparaissent au profit d’un paysage plus contrasté avec, d’un côté, la prairie et, de l’autre, la forêt. Mais il a trouvé un habitat de substitution dans les paysages cultivés traditionnels avec de grands jardins, des pâturages boisés et les vastes vergers.

(c) Martin Grimm / BIA / Biospho

On le surnomme le «bandit masqué». Avec ses yeux cerclés de noir jusqu’aux oreilles et le pinceau noir et blanc au bout de sa queue, ce petit mammifère de la famille des gliridés est aisément reconnaissable parmi les autres rongeurs. Ce petit cousin du loir, plus massif et mieux connu, sort en avril de sa profonde hibernation pour entamer une longue et intense période d’activité.

Théoriquement, on peut en apercevoir dans toute la Suisse. Son aire de répartition naturelle se situe à environ 1400 mètres d’altitude: les forêts naturelles qui regorgent de bois mort, de cavités dans les arbres, de zones rocheuses et de buissons. Au XIXe siècle, le lérot était encore présent en nombre dans toutes les régions de notre pays. Il était même plus répandu que le loir. Mais, depuis quelques décennies, avec la raréfaction de son habitat naturel, sa population subit une forte diminution.

Dans un paysage presque totalement géré par l’être humain, la proportion de vieux arbres et de bois mort est devenue beaucoup trop faible. Il existe bien des réserves où la nature a vraiment la priorité, mais elles n’occupent qu’un faible pourcentage de la surface forestière. Fin 2018, à peine 6,3% de la surface forestière suisse était protégée au sein de réserves forestières. D’ici à 2030, ce chiffre devrait passer à 10%. Un progrès bien timide, car, pris dans l’autre sens, cela signifie que neuf dixièmes de la surface forestière resteront encore sans protection! A tel point que l’animal tente, depuis quelques décennies, de coloniser un autre territoire: les campagnes de plus basse altitude, où il a élu domicile dans les vergers, les haies et même les granges ouvertes au vent.

Mais le succès de cette tentative d’adaptation n’est pas garanti. Avec l’intensification de l’agriculture au cours des dernières années, ce nouvel habitat diminue drastiquement lui aussi. Résultat: le lérot disparaît peu à peu, aussi bien en Europe qu’en Suisse. Le rongeur figure désormais sur la Liste rouge mondiale des espèces menacées (catégorie presque menacée). En Suisse, on constate désormais des lacunes importantes dans son aire de répartition, ce qui fait réagir Pro Natura: en l’élisant animal de l’année 2022, l’association de protection de la nature fait de lui le symbole du combat pour la sauvegarde des forêts sauvages et des paysages ruraux naturels.


Animal de l’année 2022

Pour préserver le lérot, qu’elle a élu animal de l’année, Pro Natura assure la protection d’environ 40 réserves de forêt naturelle dans toutes les régions de Suisse. L’association a aussi lancé l’action «Sur les traces du lérot», qui durera jusqu’à octobre 2023. Son but est d’identifier les petits mammifères qui rôdent autour des maisons: le lérot, mais aussi le loir ou le muscardin. Pour y participer, il suffit de bricoler un tunnel à empreintes (un dispositif astucieux et simple pour relever les empreintes des petits mammifères) et de le placer tout près de chez vous.

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Pour préserver le lérot, qu’elle a élu animal de l’année, Pro Natura assure la protection d’environ 40 réserves de forêt naturelle dans toutes les régions de Suisse.

(c) Jean-Claude Carton / Biospho

>> Toutes les informations sur www.pronatura.ch/fr/sur-les-traces-du-lerot

Par Bertrand Cottet publié le 23 mai 2022 - 09:03