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L'éditorial

Le look, enfin un thème politique

Stéphane Benoit-Godet aborde un sujet sensible: l'attention que l'homme ose porter à son image... Une cause qui avance.

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Look des politiques

Chacun dans leur style, les looks de l'ancien conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet (à g.) et de l'ancien premier ministre britannique Tony Blair ont fait réagir.

RTS / DR

Parlons de choses sérieuses. L’image des hommes pèse désormais lourd dans les débats, plus parfois que les programmes ou les idées. Ils sont devenus des femmes comme les autres et c’est un immense pas en avant pour la cause de l’égalité. Enfin on ose s’attacher à leur apparence plutôt que de les réduire à leur seule compétence, réelle ou supposée. Bien sûr, il y a encore des progrès à faire. Mais la cause progresse. Ironie? Pas sûr.

Ainsi, Tony Blair a enflammé les réseaux sociaux avec une nouvelle coupe de cheveux, entre druide fiévreux et chanteur de hard rock sur le retour. Même le New York Times – sûrement le meilleur journal du monde – s’est fendu d’un papier. Plus près de nous, quand Pierre Maudet vient sur le plateau du TJ papoter entre garçons à propos de son futur job, notre confrère relève sa barbe naissante: un côté rebelle? Le look veut désormais dire quelque chose.

C’est le problème à Berne, où les élus fédéraux ont tous la même allure: quinquas, costumés et gris du sol au plafond. Tout cela n’envoie aucun signal. L’arrivée de femmes, et en plus jeunes, en 2019 a fait un bien fou à la «cool attitude» de la Suisse. Mais il y a encore du boulot. D’ailleurs, sous quels atours se présentera le nouveau Christian Levrat, futur postier en chef? Bouc de chef des années 1970 ou plutôt rouflaquettes rassurantes pour remonter le cours du temps et rejoindre les rives du paradis perdu, c’est-à-dire l’ère d’avant Amazon? A vérifier, mais cela en dira long sur la suite des opérations.

Un qui n’a rien compris, c’est Urs Rohner, l’ex-président d’un Credit Suisse en déroute. Le pire banquier de la galaxie a mené sa dernière assemblée générale avec un costume à rayures de mafieux. On vous l’a dit, la cause progresse, mais tout le monde n’a pas encore les codes. Reste une mauvaise nouvelle. Si l’image devient enfin un aspect déterminant dans les cercles de pouvoir en Suisse, les hommes vont utiliser ce levier pour se mettre encore plus en avant. Et qu’ils soient compétents ou pas, ils feront tout pour obtenir encore davantage d’attention. Les femmes sont prévenues.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 3 mai 2021 - 16:24