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Sorties culturelles 

Le petit guide des musées insolites

Ils nous ont manqué, nos 1255 musées suisses. Et si nous profitions de leur réouverture pour découvrir les moins connus d’entre eux, les plus amusants, les plus improbables?

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Musée de l'arbre

Au Musée de l’arbre, à Rapperswil (SG), quelques champignons de la plasticienne genevoise Sylvie Fleury, une des artistes suisses les plus connues au monde, ont poussé dans ce large parc où art et nature se répondent.

Martin Rütschi

• Le Musée de l’arbre à Rapperswil (SG)

 

Paisible et raffiné, ouvert depuis 2010, l’Enea Baum Museum (ou Musée de l’arbre) s’étend dans un parc somptueux de 75 000 m2, non loin du lac de Zurich. Unique au monde, il réunit avec infinie subtilité amateurs de jardins et passionnés d'art. Le musée présente une cinquantaine d’arbres de plus de 25 espèces, dont certains ont plus de 100 ans. Originalité: chaque arbre est placé contre un bloc de grès et l'espace est complété par des sculptures contemporaines d’artistes de renom, comme Sylvie Fleury ou Richard Erdman. Ce musée en plein air combine ainsi paysage, botanique, art, architecture, design. Il est inspiré par un architecte paysagiste d’exception, Enzo Enea. Présent en permanence dans une vingtaine de pays, ce Suisse a créé plus de 1000 jardins pour des spas, des hôtels, des musées. Réputé mondialement, il en a même installé devant les pyramides d’Egypte et a été employé par Tina Turner, le prince Charles ou la reine de Bahreïn. «Il ne s'agit pas de décoration, mais d'intégration, dit-il de son musée. A Rapperswil, nous ajoutons deux ou trois arbres par an. Chacun d'eux a une histoire unique, et je les aime tous.» 

>> Plus d'infos sur www.enea.ch


• Musée de l’immigration à Lausanne

 

Musée de l'immigration

Ernesto Ricou, maître de dessin à la retraite, gère le Musée de l'immigration de Lausanne (VD) depuis dix-sept ans avec une ferveur presque religieuse au nom de, dit-il, «la sauvegarde de la mémoire des migrants».

Marko Stevic

Dans une arrière-cour de l’avenue de Tivoli, la porte de ce qui fut un local de la voirie s’ouvre sur une pièce sans eau et sans chauffage, mais emplie du monde entier: des valises, des biographies de migrants, des prénoms inscrits sur les briques des murs. Et, au centre, un maître de dessin à la retraite helvético-portugais, Ernesto Ricou, qui porte cet endroit depuis dix-sept ans avec une ferveur presque religieuse au nom de, dit-il, «la sauvegarde de la mémoire des migrants». Il a donné des centaines de visites commentées, aux écoles, aux particuliers. Il faut l’appeler et il arrive vite depuis l’autre bout de la ville, à pied, et tout est gratuit. «Je ne dis jamais non, c’est si précieux. A la fin, j’applaudis toutes les personnes qui sont venues: vous nous faites vivre. Ici, c’est 30m2 d’humanité.» Il valorise les communautés avec ce qu’il appelle «l’école du musée», où un poète portugais comme Eça de Queirós voisine avec Ramuz, «ce pionnier» que le fondateur vénère. Mais dépêchez-vous: la maison va être démolie, les visites stopperont en mai ou en juin. On s’affaire pour trouver un nouveau local. L’ardent Ernesto est dans l’incertitude.

>> Ouverture sur demande. Tél: 021 218 98 15, 078 944 04 433


• Ecomusée du remuage à Colombire (VS)

 

Ecomusée du remuage

L'écomusée du remuage de Colombire (VS), créé en 1996 puis développé dès 2005, raconte la vie d’antan en restituant avec minutie le lieu de vie des anciens, leurs outils, leur mobilier. 

Hameau de Colombire

Niché à 1850 mètres, le long d’un bisse et au beau milieu du domaine skiable de Crans-Montana-Aminona, le hameau de Colombire est composé de mayens certes rénovés mais dont on s’est appliqué à garder les caractéristiques originelles. Créé en 1996 puis développé dès 2005, l’écomusée est son joyau. Il raconte la vie d’antan en restituant avec minutie le lieu de vie des anciens, leurs outils, leur mobilier. Il explique surtout le fameux remuage, soit le cycle annuel des déplacements effectués par les paysans d’alors, ces Valaisans nomades qui migraient de villages en alpages en faisant halte dans les mayens. Et ça remue un peu.

>> Plus d'infos sur www.colombire.ch


• Musée Einstein à Berne

 

Einstein Pressebilder 2015

Le Musée Einstein (BE) est intégré au Musée d'histoire de Berne et présente la vie et l'oeuvre d'Albert Einstein. 

Christine Moor/ Bernisches Historisches Museum

Intégré au Musée d’histoire de Berne, le Musée Einstein retrace la vie et l’œuvre du physicien allemand qui vécut à Berne de 1902 à 1909. Arrivé en Suisse, à Aarau, en 1895, Albert Einstein obtint la nationalité helvétique en 1901. Sur 1000 m2, d’innombrables pièces originales et documents écrits retracent le destin de celui qui révolutionna notre conception de l’Univers. Des films d’animation, des expériences et un voyage virtuel dans le cosmos permettent de saisir les bases de sa pensée. Les textes de l’exposition ainsi que l’audioguide sont en français. Les plus fervents admirateurs de ce génie pourront compléter la visite du musée par celle de l’appartement de la Krammgasse 49, où l’inventeur de la théorie de la relativité habita avec sa femme, Mileva, et leur fils, Hans Albert, de 1903 à 1905.

>> Pour en savoir plus: www.bhm.ch/musée einstein


• Musée des sorcières à Gränichen (AG)

 

Hexenmuseum Schweiz Gränichen

Le Musée des sorcières du château de Liebegg, près de Gränichen (AG), raconte l’histoire des sorcières du Moyen Age à nos jours, au moyen notamment d’archives d’enquêtes et de procès.

kostas maros/Hexenmuseum

Environ 10 000 personnes furent dénoncées, torturées, jugées et parfois condamnées à mort pour sorcellerie en Suisse entre le XVe et le XVIIIe siècle. La dernière victime de cette chasse aux sorcières se nommait Anna Göldi. Elle fut décapitée sur la place de Glaris le 18 juin 1782. Autant dire que ces malheureuses méritaient bien un hommage sous forme d’un grand musée. Celui du château de Liebegg, près de Gränichen, raconte l’histoire des sorcières du Moyen Age à nos jours, au moyen notamment d’archives d’enquêtes et de procès. Dans les dix salles, le visiteur découvrira les pratiques divinatoires et les remèdes peu conventionnels des sorcières, les superstitions qui ont traversé l’histoire suisse, ainsi que les costumes et objets de cet art. Hors des murs du château, un jardin de plantes de sorcellerie permet de se former à une inquiétante botanique. Les fans de Harry Potter seront bien sûr envoûtés. 

>> Plus d'infos sur www.hexenmuseum.ch


• Musée du vide à Saint-Gall

 

MUSEE DU VIDE

Le Musée du vide (SG) ne présente... rien! 

Gilgi Guggenheim / Museum of Emptiness

Ce Museum of Emptiness est sans doute le musée le plus snob de Suisse: il ne présente… rien! Un must pour les amateurs d’art conceptuel. Cette pièce vitrée d’un rez-de-chaussée proche de la vieille ville de Saint-Galll a été inaugurée en 2016 lors de la Nuit des musées. Les murs blancs et le parquet immaculé officient, selon ses concepteurs, comme «une sculpture architecturale accessible», qui «engage le visiteur à faire une pause face à l’abondance de l’offre». C’est aussi une plateforme qui lance des projets artistiques autour du concept de vide. Il faut annoncer sa venue via le site internet. Si ce vide ne vous suffit pas, Saint-Gall compte plusieurs musées conventionnels d’intérêt majeur, à commencer par la fabuleuse bibliothèque de l’abbaye de Saint-Gall, que tout citoyen suisse se doit d’avoir visité une fois, ainsi que le somptueux Musée du textile, broderies de Saint-Gall obligent. 

>> Plus d'infos sur  www.museumoe.com


• Musée de la machine à coudre et des objets insolites à Fribourg

 

MUSEE WASSMER OBJETS INSOLITES

Au Musée de la machine à coudre et des objets insolites (FR), environ 250 machines à coudre très sages voisinent avec 3000 curiosités.

Musée Wassmer

En vieille ville de Fribourg, il faut prendre rendez-vous pour investir ce morceau du passé. Une belle maison patricienne du XVIIIe siècle, où se trouvait autrefois la quincaillerie Wassmer, y accueille une profusion d’objets singuliers. Dans les très anciennes caves voûtées, quelque 250 machines à coudre très sages voisinent avec 3000 curiosités, aussi étonnantes que le premier frigo ou les premiers fers à repasser, jusqu’aux augustes ancêtres du caddie ou du youpala. «Nous sommes transportés dans un autre monde!» s’exclame un visiteur dans le livre d’or, saisi par tant d’habileté. Ne pas manquer la collection de nœuds papillons d’Edouard Wassmer, décédé en 2013 et fondateur de ce temple dédié à l’ingéniosité. 

>> Plus d'infos sur  www.museewassmer.com


• Musée du papier peint à Mézières (FR)

 

Musee papier peints Mézières FR

Le Musée du papier peint à Mézières (FR) se compose de douze chambres et salons tapissés.

UV Productions/Musee papier peints Mézières

Entre les années 1780 et 1830, la famille de Diesbach utilisa la technique du papier peint pour la décoration intérieure de son beau château de Mézières. Venue d’Angleterre, la pratique était en vogue dans les milieux aristocratiques. Il en reste un patrimoine unique en Europe, formidablement restauré dès 1994 par le Service des biens culturels du canton de Fribourg. Douze chambres et salons apparaissent ainsi tapissés, en autant de témoins des goûts et des mœurs d’une époque. Vivant, l’endroit accueille des concerts, des salons, des expositions contemporaines. Les artistes qui passent s’inspirent des ambiances et des matières qui ornent les murs.

>> Pour en savoir plus: www.museepapierpeint.ch


• Musée Ariana à Genève

 

MUSEE ARIANA GENEVE

A Genève, le Musée Ariana représente parfaitement l’époque révolue où le musée lui-même se devait d’être majestueux. 

Richard Powles Brown /Ariana Museum, City of Geneva

Nous avons sélectionné ce vénérable musée genevois pour deux raisons. Pour rappeler d’abord que, dans une ville, à côté des grandes institutions les plus fréquentées, il en existe toujours d’autres, plus discrètes, qui méritent toute notre curiosité. Et puis le Musée Ariana représente aussi parfaitement l’époque révolue où le musée lui-même se devait d’être majestueux. L’interminable chantier, à la fin du XIXe siècle, de cet écrin baroque, voisin direct du Palais des Nations, fut lui-même un véritable feuilleton. Impeccablement rénové il y a trente ans, l’édifice, doté d’une voûte étoilée et d’une colonnade torsadée extraordinaire, est dédié à la céramique et au verre. Les amoureux de la culture nippone profiteront aussi de l’exposition actuelle intitulée Chrysanthèmes, dragons et samouraïs, consacrée aux céramiques japonaises. 

>> Plus d'infos sur  www.ariana-geneve.ch


• Museum Burg Zug à Zoug

 

Museum Burg Zug

Le Museum Burg Zug (ZG) est l'un des musées historiques les plus amusants de sa catégorie. 

ROLF XAVER SCHMIDLI/Museum Burg Zug

Nous avons choisi ce musée d’abord pour son fabuleux bâtiment, un château digne d’un conte de fées, situé en lisière de la vieille ville de Zoug. C’est un des musées historiques les plus amusants de sa catégorie, aussi pour les enfants, notamment grâce à des écrans tactiles et différentes démarches participatives. Les passionnés du Moyen Age et d’objets anciens seront fascinés par l’exposition permanente qui présente une petite partie des immenses collections. L’exposition temporaire présentée actuellement et prolongée jusqu’au 15 août est consacrée au bon vieux temps où la neige était encore abondante et où les sports d’hiver étaient en plein essor. Elle aborde également le réchauffement climatique et ses conséquences pour le tourisme alpin. Grâce à des démarches interactives ludiques, les enfants peuvent s’amuser avec la neige, cet or blanc qui se fait de plus en plus rare. 

>> Plus d'infos sur  www.burgzug.ch



Et encore...

• Un musée à l’Hôtel de Ville de Crissier (VD)

Musée Hôtel de ville Crissier_

Le chef étoilé Frank Giovannini a installé un musée au sous-sol de l'Hôtel de Ville de Crissier (VD). 

Julie de Tribolet

«Tout ça, c’est le passé», lance Frédy Girardet, en découvrant menus et trophées, vaisselles d’autrefois et souvenirs de célébrités, comme Dalí, qui se sont attablées ici. En primeur, Franck Giovannini l’a invité à visiter le petit musée qu’il a trouvé le temps d’installer (merci le covid!) au sous-sol de l’Hôtel de Ville de Crissier: «Depuis longtemps, je me disais que ce serait génial d’avoir un endroit qui raconterait l’histoire de la maison.» Le résultat rend hommage aux chefs qui se sont succédé ici et qui ont fait de ce restaurant un lieu mondialement connu, à l’excellence qui défie le temps (19/20 et 3 étoiles depuis des décennies). A déguster sans modération, donc, tout en sachant qu’un repas ici dure plusieurs heures... Reste donc à savoir quand!


• Le manga au Musée olympique à Lausanne

Musée olympique de Lausanne

Accueil sur place des mascottes Miraitowa et Someity. Baignées dans l’esthétique manga, elles sont la parfaite déclinaison de l’imaginaire «kawaii», où tradition et modernité s’associent, redéfinissant la culture japonaise.

Catherine Leutenegger Photograph

Du 18 mars au 21 novembre, le Musée olympique, à Lausanne, met à l’honneur les JO de Tokyo avec Sport x Manga, une exposition réalisée en collaboration avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Il aura fallu patienter un peu, pandémie oblige, pour que Lausanne prenne les couleurs des Jeux olympiques de Tokyo! Le Musée olympique a enfin pu ouvrir ses portes au public pour s’immerger dans la culture de l’hôte des JO d’été, celle du Pays du Soleil levant. A noter que l’excursion commence déjà dans les jardins du parc olympique avec une allée de portiques librement inspirés des torii des temples shintos. Place ensuite à une exposition inédite qui réunit de nombreux auteurs et éditeurs japonais autour des mangas de sport. De nombreuses surprises attendent les curieux et curieuses, dont des photomatons pour créer des souvenirs personnalisés avec des kaki moji (les mots intégrés aux dessins des mangas).

Manga «Yawara»

Dessin tiré du manga «Yawara!» d’Urasawa Naoki sur le destin d’une championne de judo.

Yawara!

D’où vient le lien entre le sport et les mangas? Le manga de sport apparaît à l’issue de la Seconde Guerre mondiale et joue un rôle de premier plan dans la promotion des pratiques sportives au Japon. La grande majorité des mangakas, les auteurs de bandes dessinées nippones, ont narré une histoire qui prenait vie dans l’univers sportif. De vraies icônes de la BD y sont nées. Certaines grandes légendes du sport y ont d’ailleurs trouvé un écho direct à leur carrière.

Nouveauté. A l’occasion de Tokyo 2020, de nombreux mangakas ont créé des mangas sur les sports paralympiques et les paralympiens. Sur place, l’espace Découverte propose d’en parcourir, ainsi qu’une centaine d’autres ouvrages.

Infos pratiques: Musée olympique, quai d’Ouchy 1006 Lausanne; ouvert de 10h à 18h, fermé les lundis, sauf lundi de Pâques ou événements spéciaux, à voir jusqu’au 21 novembre 2021; Tarifs entrée: 20 fr./14 fr. et gratuit jusqu’à 15 ans.

>> Voir le site internet: www.olympic.org/museum

Par Philippe Clot et Marc David publié le 1 avril 2021 - 10:20