Il était une époque où, à l’école, c’était un peu comme dans les entreprises, on appliquait le management par la terreur. La personne qui enseignait était respectée, crainte, dans le meilleur des cas admirée, mais jamais vraiment aimée. Au fil des décennies, les notions de hiérarchies se sont émoussées, jusqu’à s’assouplir à partir de 1968. Depuis, en Europe, les méthodes d’enseignement et entrepreneuriales ont tâtonné entre modernisation et libéralisation – et non pas libération – de la pédagogie. Est-ce mieux ou moins bien qu’avant? Seuls ceux qui sont passés entre les mâchoires de ce temps révolu peuvent le dire, sans toutefois avoir vraiment le moyen de comparer.
Mais depuis le début des années 2000, un autre vent venu d’Asie souffle sur les méthodes d’apprentissage et de labeur. Pour supporter le poids du quotidien, de la charge mentale ou du stress, beaucoup se sont tournés vers le yoga et, par ricochet, la méditation. Aujourd’hui, les bienfaits de ces deux disciplines ne sont plus à démontrer. Et lorsque, en 2015, Benjamin Blasco et Ludovic Dujardin ont lancé en France l’application Petit BamBou, les bénéfices de la méditation de pleine conscience étaient admis depuis belle lurette dans les salles de classe des pays nordiques.
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Il aura fallu presque dix ans pour que cette méthode, alliée à la pensée positive, soit mise en pratique par une minorité de profs au pays de Ramuz. Nous en avons rencontré une à Martigny. Il s’agit d’Elena Lucciarini (pages 40 à 45) qui, comme elle nous le confie, «a commencé à penser à cette méthode alors qu’elle était perturbée par une classe turbulente qu’elle n’arrivait pas à maîtriser». Réflexe classique, ses collègues lui suggèrent alors de faire preuve d’autorité mais ce n’est pas sa manière de fonctionner. Elle cherche une méthode qui lui ressemble. Celle du sociologue Frédéric Lenoir, dont elle a suivi les cours de méditation et à laquelle s’ajoutera un programme de réduction du stress grâce à la pleine conscience, à Londres, lui semble adaptée.
Dès 2018, elle applique donc son savoir auprès de ses élèves et c’est un succès. Mais un succès d’estime uniquement, car ce chemin de sagesse qui diminue le taux d’anxiété et de stress chez les ados tout en favorisant leur concentration n’est toujours pas inscrit au tableau des hautes écoles pédagogiques de Suisse romande. Dommage, car la vie scolaire s’en trouverait tellement métamorphosée.
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