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Santé

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), ce trouble qui touche une femme sur dix

Des poils indésirables au menton, l’absence de règles et la prise de poids: tout cela pourrait indiquer la présence d’un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Mareike Roth-Hochreutener, médecin-­chef, explique le cas et comment le traiter.

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Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)

En cas de SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), un nombre disproportionné de follicules est produit dans les ovaires.

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Augmentation de la pilosité, troubles du cycle menstruel et prise de poids


Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) compte parmi les troubles hormonaux les plus fréquents du monde. «Cette maladie est souvent sousestimée, explique le Dr Mareike Roth-Hochreutener, médecin-chef à la clinique d’endocrinologie reproductive de l’hôpital universitaire de Zurich (USZ). Les femmes consultent surtout pour des troubles du cycle menstruel, l’obésité, l’hirsutisme et l’acné.» Selon la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie, le SOPK survient chez environ 10 à 13% des femmes en âge de procréer. Le médecin souligne que les causes sont multifactorielles et que les troubles du métabolisme de la glycémie semblent jouer un rôle important.

Diagnostic selon les critères de Rotterdam


Le SOPK est diagnostiqué sur la base des critères de Rotterdam, qui comprennent trois caractéristiques principales. Au moins deux des critères suivants doivent être remplis: des troubles du cycle menstruel, des ovaires polykystiques (la patiente a trop de follicules sur les ovaires), une augmentation des hormones mâles dans le sang ou une augmentation de la pilosité corporelle. «Les troubles du cycle sont souvent masqués par la prise de contraceptifs, ce qui entraîne un nombre élevé de cas non déclarés et un sous-diagnostic», explique Mareike Roth-Hochreutener. Elle souligne que les femmes concernées ne sont, dans la plupart des cas, pas diagnostiquées de manière adéquate. «Souvent, les symptômes ne sont découverts qu’en cas de désir d’enfant inassouvi.» Elle ajoute que le faible niveau de sensibilisation parmi les gynécologues fait également que le SOPK n’est pas détecté. Le centre SOPK créé en 2021 à l’hôpital universitaire de Zurich s’efforce d’augmenter la sensibilisation au sujet. 

Manger sainement et faire beaucoup d’exercice


Le médecin-chef souligne l’importance d’un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée et une activité physique suffisante. Chez les femmes en surpoids notamment, une perte de poids peut atténuer les symptômes. Le traitement est adapté aux troubles individuels, de la régulation du cycle à la thérapie spécifique en cas de désir d’enfant. Les traitements médicamenteux, comme ceux à base de metformine, sont surtout utilisés en cas de résistance à l’insuline, «malgré les effets secondaires possibles comme les nausées, les diarrhées ou les vomissements», explique l’experte. «Il n’y a pas de recommandation diététique spécifique pour les femmes atteintes de SOPK; il est plutôt important d’avoir une alimentation saine et équilibrée. Une activité physique régulière combinée à un entraînement cardiovasculaire et à des exercices de musculation a également un effet positif.»

Effets psychologiques et risques à long terme


Le syndrome des ovaires polykystiques peut avoir des répercussions psychologiques importantes, «surtout lorsque les femmes doivent faire face à une surcharge pondérale ou à une augmentation de la pilosité corporelle», explique Mareike Roth-Hochreutener. «Dans certains cas, cela les conduit à développer une dépression ou des troubles anxieux.» Les risques à long terme en cas de SOPK non traité comprennent les maladies cardiovasculaires, les troubles métaboliques comme le diabète et un risque accru de cancer de l’endomètre ou des ovaires.

La recherche donne de l’espoir


Les recherches sur le complément alimentaire inositol et les médicaments pour la perte de poids offrent de nouvelles approches. «L’inositol semble agir aussi bien que la metformine, mais sans effets secondaires tels que les diarrhées et les vomissements», explique Mareike Roth-Hochreutener. Les approches interdisciplinaires, telles qu’elles sont pratiquées dans le centre SOPK, permettent une prise en charge globale par des professionnels de la gynécologie, de la médecine de la reproduction, de l’endocrinologie, de la dermatologie, de la thérapie sportive et de la diététique. La collaboration entre les différentes spécialités améliore la prise en charge des femmes atteintes de SOPK, confirme le médecin. Le centre SOPK de l’USZ montre comment une approche interdisciplinaire peut conduire à une meilleure compréhension et à une prise en charge plus complète. Car, selon Mareike Roth-Hochreutener, «les femmes se sentent prises au sérieux et soutenues, ce qui est décisif dans la gestion du SOPK».

Par Aline Spescha publié le 24 février 2024 - 07:13