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Le vestiaire idéal signé KA/NOA

La marque suisse de vêtements 100% made in Italy vient de fêter ses cinq ans. Créée par Bruno Grande et Valérie Servageon Grande juste avant le Covid, elle a su réunir autour d’elle les amoureux des vêtements intemporels, à la qualité irréprochable. Après avoir ouvert une boutique à Lausanne, le couple s’est implanté à Genève, Crans-Montana, Verbier, Zurich. Récit d’une success story.

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KA/NOA
Darrin Vanselow
Isabelle Cerboneschi

KA/NOA, c’est le nom choisi par Bruno Grande et sa femme Valérie pour baptiser la marque de prêt-à-porter masculine qu’ils ont lancée il y a cinq ans. Il est composé des premières lettres des prénoms de leurs deux enfants: Kaia et Noah. Et par un curieux hasard, il correspond à un prénom d’origine haïtienne qui signifie «celui qui a l’esprit libre».

Bruno Grande était consultant dans le cadre de restructurations industrielles, son épouse travaillait dans le domaine de la communication et du marketing. Les vêtements, ce n’est pas un retour aux sources, même si Pietro Grande, le père de Bruno, avait une passion: la couture. «Il a taillé la veste de ma première communion! Il faisait des costumes pour ses amis mais il avait un autre métier: il travaillait pour le groupe Fiat et était tapissier d’intérieur.», explique Bruno Grande. 

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«Je voyageais 250 jours par année, poursuit-il et mon rêve était de pouvoir préparer ma valise en cinq minutes. C’est pour répondre à mes propres besoins que j’ai créé cette marque. Je voulais créer de beaux vêtements qui s’accordent ensemble et traversent les saisons. Ils sont sobres mais ne passent jamais inaperçus: la coupe, la matière, les détails font la différence.» C’est ainsi qu’est né tout un vestiaire idéal pour un homme en déplacement, qui comprend à la fois une veste ne pesant pas plus de 300 grammes, un pantalon infroissable, une veste en laine bouillie qui sèche en un éclair, ou encore la chemise Conrad, une invention avec le col inversé, que l’on peut mettre sous un pull.

Italien originaire du Piémont, terre du Slow food, Bruno Grande a choisi de faire de la slow fashion, du 100% made in Italy du fil à l’étiquette, y compris les T-shirts. La durée de vie d’un vêtement KA/NOA dépasse très largement celle d’une ou de plusieurs saisons. Ce concept a immédiatement plu car il comblait un besoin. Après l’ouverture de la première boutique de Lausanne, d’autres ont suivi: Genève, Zurich, Verbier, Crans-Montana. Le modèle de croissance sur lequel table le couple passe par l’accroissement de la clientèle. «Nos clients ont souvent envie d’une nouveauté afin de l’associer à des pièces qu’ils possèdent déjà, mais nous assumons aussi le fait que certains sont ravis de ce qu’ils ont et qu’on ne les reverra pas dans l’immédiat», souligne Valérie. «Nous n’avons pas un gros business online parce que nous souhaitons que les gens touchent nos vêtements, poursuit-elle. Nous vendons en ligne à des clients qui nous connaissent. Nous les conseillons comme s’ils étaient en boutique et nous construisons cette relation au fil du temps.»

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Travailler en famille a un impact non seulement sur les affaires mais aussi sur les relations au sein de la structure familiale. «Le fait d’avoir donné le nom de nos enfants à cette aventure est une responsabilité supplémentaire. Mais c’est aussi un sujet de discussion avec nos clients qui nous demandent: pourquoi KA/NOA? Qu’est-ce que ça veut dire?» confie Bruno Grande. «Ce projet nous permet de transmettre certaines valeurs à nos enfants. Ils viennent se faire un peu d’argent de poche chez papa et maman. Noah fait des études à HEC et venir au bureau lui permet de confronter ses connaissances à quelque chose de concret. Quant à Kaia, qui apprend l’économie et le droit au gymnase, cela lui permet aussi de s’ancrer dans la réalité. Ils sont venus avec nous en Italie visiter les fournisseurs, ils ont vu comment on fabriquait un tissu, comment on construisait un pantalon, une poche, comment on cousait les boutons à la main et cela leur a donné le respect du produit. Je ne peux les empêcher d’acheter de la fast fashion mais ils comprennent aujourd’hui la différence. Ils savent que s’ils paient un t-shirt 9 francs, il y a une réalité socio-économique peu reluisante derrière. Tandis que lorsqu’ils achètent un T-shirt à 168 francs chez nous, même s’ils ont droit à un «prix famille», ils sont conscients qu’ils doivent y faire attention car ce sont de «beaux habits», explique Valérie. Impliquer leurs enfants dans l’affaire, c’est aussi leur conférer la valeur de l’entrepreneuriat. «Ils nous voient travailler et ils ont le respect du travail. Nous leur disons que s’ils ont un rêve, et s’ils travaillent, ils peuvent y arriver ou pas, mais en tout cas ils peuvent essayer. Nous les encourageons à trouver leur voie», poursuit Bruno.

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Afin de convaincre les bons fournisseurs, le couple a passé beaucoup de temps en Italie. «En Suisse, on fait confiance. En Italie, tout est basé sur la méfiance. Or le fait que notre famille ait visité des entreprises tenues par d’autres familles, cela a créé un lien de confiance. On a visité des usines, puis on a fini à la cave à boire des verres», explique Bruno Grande en riant. 

Cet état d’esprit de partage, on le retrouve dans la boutique de Lausanne. Le jour de notre rencontre, un client discutait de certains détails d’une veste. Une heure plus tard, il était toujours là. «Il vient quasiment tous les jours», explique Valérie. Et il est incollable sur le sartorialisme au masculin. Ils sont nombreux comme lui, à passer non seulement pour acheter, mais se retrouver dans un lieu qui leur ressemble, où on ne les prend ni pour des cintres, ni pour des portefeuilles. Le couple a non seulement créé une marque de vêtements intemporels, mais aussi il a drainé autour d’eux une communauté qui s’apparente à un club. «Nos clients sont attachés à la marque, souligne Valérie Grande. Au début il s’agissait de nos amis, puis nos clients sont devenus des amis.»

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L’un d’eux est l’acteur américain Patrick Dempsey. «C’est un ami et un client qui commande et règle ses achats en ligne, relève Bruno Grande. Il nous fait aussi des suggestions et nous avons créé un jean pour lui. C’est un vrai échange. Il m’a appelé un jour, tandis qu’il tournait la série Devils à Rome: il n’aimait pas les vêtements choisis par le costumier qu’il trouvait trop basiques pour le personnage de banquier influent qu’il incarnait. Il m’a demandé de venir j’ai appelé un tailleur et on lui a fait trois costumes sur mesure en deux jours. Il était ravi.» «C’est une relation très amicale, poursuit Valérie Grande.  Il est venu passer un Noël à Crans avec ses enfants et le 28 décembre, il a voulu venir travailler à la boutique pour vivre l’expérience de la vente. Il est resté une demi-heure, c’était l’émeute dehors, il n’y avait personne dedans, et on lui a demandé de rentrer à l’hôtel se changer (rires).»
 

Par Isabelle Cerboneschi publié le 27 décembre 2022 - 09:02