«Après avoir écrit ce post, j’ai mis du temps à cliquer sur «envoyer». Pourquoi l’avoir fait malgré tout? Je fais partie d’une communauté internationale qui m’a incitée à partager mon histoire dans le cadre d’une initiative intitulée «This Little Girl Is Me» («Je suis cette petite fille») qui vise à inspirer les jeunes femmes et à leur donner confiance en elles.
Après avoir finalement publié mon texte, j’ai reçu des centaines, puis des milliers de notifications. Au-delà des likes, ce sont les commentaires qui m’ont le plus touchée. Tous ces témoignages de gens qui m’ont raconté leur histoire m’ont fait comprendre que l’on était souvent loin d’imaginer le parcours des personnes qui nous entourent. Je suis heureuse d’avoir dépassé ma peur, ça m’a apporté beaucoup d’opportunités en Suisse, mais également à l’international, où des entreprises renommées m’ont demandé de venir raconter mon histoire.
Je suis née d’une mère fribourgeoise et d’un père algérien. Ils avaient tous les deux la petite vingtaine. Six mois après leur rencontre, ma mère est tombée enceinte. Je n’étais pas un enfant désiré et la grossesse n’a pas été facile. A ma naissance, ma mère était désemparée. Très vite, mon père est parti et ma mère m’a confiée à une pouponnière à Fribourg dirigée par une communauté de sœurs. J’y suis restée jusqu’à mes 7 ans. Des années de bonheur dans une deuxième famille. C’était un endroit magique, les sœurs étaient drôles, douces, aimantes. Ce sont elles qui m’ont donné les piliers qui font de moi la personne que je suis aujourd’hui. Elles m’ont inculqué des valeurs qui me sont chères, comme la bonté, l’optimisme à toute épreuve et l’ouverture à la diversité. Je ressens énormément de gratitude et nous avons gardé contact jusqu’à leur décès.
A l’âge de 7 ans, je retourne chez ma mère. Les années qui ont suivi n’ont pas été toutes roses. A 17 ans, je quitte la maison et termine mon école de commerce, en vivant dans une chambre à Lausanne. A cette époque, un curé connu à la pouponnière m’a offert une année d’internat à l’Institut Florimont pour que je puisse y faire une maturité. Mon diplôme en poche, j’ai fait plein de petits boulots. J’ai même vendu des aspirateurs! Dans ma tête, c’était évident que ces jobs ne seraient qu’une étape.
A 22 ans, j’étais vendeuse dans une boutique à Lausanne. C’est à cette époque que j’ai fait la connaissance d’une femme qui était employée dans une agence de placement. Un jour, elle m’a dit: «Vous n’avez jamais pensé à travailler dans le recrutement?» C’est grâce à elle qu’a débuté ma carrière dans ce domaine. S’ensuit une expérience de plusieurs années dans le secteur financier en Suisse, mais également à l’étranger. C’est finalement en 2009 que je deviens entrepreneuse et crée ma première société, puis la deuxième en 2016 et mon association à but non lucratif en 2018. Avec le recul, je suis reconnaissante de chacune de ces expériences que j’ai vécues, puisque ce sont elles qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui.»
Nathalie Brodard est fondatrice et CEO des entreprises Brodard Executive Search et Brodiance ainsi que de l’organisation à but non lucratif Hire Me I’m Fabulous. En 2021, elle fait son entrée dans le prestigieux club du Forum des 100.