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L'édito

Les démocraties plus fortes dans les crises

Stéphane Benoit-Godet constate, après ce week-end de votations fédérales, que la vie démocratique suisse reprend son cours. Malgré des joutes politiques parfois vives et des remontrances citoyennes, les démocraties surpassent de loin les régimes autoritaires. Mises à mal par la crise sanitaire ou la guerre, les démocraties tanguent mais ne coulent pas.

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votations fédérales en Suisse: Lex Netflix

Les résultats de la votation du 15 mai sur la modification de la loi sur le cinéma. Mais, peu importe les résultats, les opposants accusent le coup avec classe. Une belle preuve que la démocratie fonctionne. 

keystone-sda.ch

Quel est l’esprit du temps? En ce printemps 2022, nous nous relevons tout juste de la pandémie, la guerre en Ukraine fait rage et les perspectives économiques s’assombrissent. Pourtant, nous sommes toujours debout et pas en si mauvais état que prévu! C’est un des enseignements de cette époque turbulente qui ne ménage rien, ni personne. Regardez ce qui vient de se passer en Suisse après ce week-end de votations.

Peu importe les résultats, a-t-on envie de dire. On voit un opposant à la loi Netflix accuser le coup avec classe – Philippe Nantermod, impeccable dans un tweet où il félicite le camp adverse –, des initiants prêts à remettre à des jours meilleurs leurs envies de réformes, des idées acceptées, d’autres balayées. La vie politique suisse est ainsi faite: elle reprend son cours après chaque week-end de vie démocratique. Plus personne ne s’en étonne et, pourtant, cette sérénité politique paraît inimaginable en France, par exemple, où les résultats d’un scrutin se voient immédiatement contestés. Idem désormais aux Etats-Unis, où une bonne partie des électeurs républicains croient toujours au délire des élections volées de Donald Trump.

Ici et ailleurs, la démocratie fonctionne, parfois dans le bruit et la fureur, mais elle tient bon. Elle qui avait été décrite comme fragile pour gérer une pandémie au début de la crise s’en est mieux sortie que les systèmes autoritaires. La Chine prend un immense risque aujourd’hui en installant ce que les complotistes d’ici nommaient il y a peu une dictature sanitaire. Enfermer la population et la réduire au silence ne fonctionnera qu’un temps. Les habitants de Shanghai et d’ailleurs acceptent de limiter leurs droits politiques tant qu’ils sont assurés de voir leur niveau de vie s’améliorer. Mais si celui-ci venait à se dégrader à cause d’un ralentissement économique sévère, ils seraient demain dans la rue pour exiger un changement de régime.

C’est aussi une démocratie à l’est de l’Europe qui tient tête à la Russie autoritaire de Vladimir Poutine. Signe des temps, le pouvoir ukrainien, qui fait confiance à ses militaires, se montre beaucoup plus efficace sur le champ de bataille que le commandement vertical d’en face, dont les subalternes n’osent pas faire remonter au Kremlin les mauvaises nouvelles du front. En 2022, la démocratie redevient sexy, c’est une bonne nouvelle.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 18 mai 2022 - 08:33