«La rentrée, c’est une étape concrète qui nous montre que l’on devient grande, que l’on prend une année de plus. Et comme tous les enfants, je pense, j’aimais devenir grande. Mais, alors que j’allais à l’école à pied, tout a changé lorsque je suis passée au collège, aux environs de 12 ou 13 ans: on devait prendre le train! C’était toute une histoire, un peu stressante mais excitante. Mais bon, mon frère Patrice avait sauté le pas une année avant, donc je savais que ça se passerait bien.
D’une certaine manière, le train donne une liberté, une indépendance vis-à-vis de nos parents. Et il nous est arrivé de ces histoires, dans ce train… Comme ce jour où j’étais toute fière d’avoir attrapé un orvet, que je voulais montrer à mon prof de sciences… et à mes copines dans le train. Sauf que, quand j’ai voulu le dévoiler avec elles, il s’est échappé de la boîte à chaussures dans laquelle je l’avais mis. Quelle panique! Nous avons averti le contrôleur, mais ne l’avons jamais retrouvé (rires).
La rentrée, c’est aussi la préparation à ces premiers jours d’école. Je me rappelle avec délice ces sorties pour acheter les fournitures à la papeterie de M. Busenhart, le choix des fourres de cahiers, qu’il fallait absolument avoir différentes de ma sœur et de mon frère, puis des séances de doublage de ces mêmes cahiers. D’autant plus que j’aimais l’école, donc je me réjouissais de recommencer. La rentrée, ce sont de jolies rencontres, comme ce garçon connu au début du collège à Payerne. Nous nous étions tout de suite repérés comme fans de Fribourg Gottéron et, en tant que seuls Fribourgeois dans cette classe vaudoise, cela nous a rapprochés.
La rentrée, c’est aussi, en tant que parent, l’occasion de revivre certains moments avec nos enfants. Cette fameuse étape des fournitures et du doublage des cahiers, nous l’avons rendue encore plus joyeuse avec mes deux filles, qui ont aujourd’hui largement fini leur scolarité. Quelques jours avant la date fatidique, nous prenions le bateau à Portalban pour aller à Neuchâtel, la «grande ville», y passer la journée, acheter ce dont elles avaient besoin et profiter d’un jour de vacances, en somme. Mon mari et moi nous sommes rencontrés lors de nos études à Neuchâtel, c’était aussi une sorte de clin d’œil.
La rentrée, cette année, c’est très différent pour moi. C’est ma première en tant que conseillère d’Etat. Tout a été préparé depuis des semaines, mais il y a tout de même une légère appréhension, avec 45 000 élèves sous ma responsabilité. C’est pour cela que je remercie chaudement l’ensemble du corps enseignant pour son travail dévoué et essentiel, formidable.
Ce moment particulier, finalement, reste une fête. Car même entre les larmes de quelques tout jeunes enfants, on y déniche une joie d’avoir découvert un nouveau monde, une nouvelle voie. La formation d’une personne n’est jamais facile et la rentrée scolaire est la première étape d’un long chemin dont nos élèves peuvent être fières et fiers.»
Une ministre de terrain
Sylvie Bonvin-Sansonnens est conseillère d’Etat fribourgeoise chargée de la Formation et des Affaires culturelles. Journaliste, bergère d’alpage, exploitante agricole, éleveuse de chevaux… elle a pratiqué plusieurs métiers avant d’être élue en novembre dernier au Conseil d’Etat fribourgeois.