Chevelures blondes, regards bleus perçants, jambes fuselées hissées sur des escarpins griffés. Physiquement, les sœurs Kimpel ressemblent aux jeunes femmes qui peuplent les médias sociaux. Comme d’autres influenceuses, leur présence virtuelle est un business florissant. A 41 ans, Barbara et Nicole comptabilisent à elles deux plus de 76 000 followers sur leurs comptes Instagram. Leur univers semble n’être que soirées de gala, cures détox dans des palaces, défilés de mode et escapades bucoliques avec l’acteur Antonio Banderas, le petit ami de Nicole depuis bientôt neuf ans. Il serait aisé de s’arrêter là, en rencontrant les jumelles. Deux femmes qui incarnent le milieu décrié des «it-girls» et affichent leur vie en photos sublimées sur les réseaux sociaux. Mais il y a plus ici que l’œil ne peut voir. Derrière les paillettes se cachent deux têtes bien faites, aux parcours atypiques.
Barbara et Nicole sont nées à Stuttgart d’une mère hollandaise et d’un père allemand, responsable Europe et Etats-Unis chez DuPont. Les fillettes ont longtemps mené une existence nomade, au gré des affectations de leur père. «C’est grâce à lui que nous avons atterri en Suisse, se souvient Barbara. Au fil des ans, Genève est devenue notre maison.» Grâce à cette vie cosmopolite, Barbara et Nicole parlent couramment cinq langues. Les déménagements successifs n’ont par ailleurs pas empêché les sœurs de mener de brillantes études. Barbara a une mineure universitaire en Health and Nutrition et un master en psychologie de l’Université de Californie. «J’ai travaillé pour une société de biotechnologie. Je m’occupais de lever des fonds, de développer des vaccins préventifs pour le VIH, la malaria…» De son côté, Nicole est titulaire d’un MBA et a commencé sa carrière dans une société de logiciels avant de bifurquer dans le domaine bancaire. «J’ai longtemps travaillé pour Merrill Lynch et Lombard Odier dans le «wealth management», mais ma passion a toujours été la santé. J’ai d’ailleurs écrit une thèse sur les alicaments.»
Nicole et Barbara pratiquent de longue date le jeûne intermittent. «Mais attention, on adore aussi le sucre! préviennent-elles. C’est dans notre ADN hollandais. Mener une vie saine ne signifie pas renoncer aux pâtisseries. On est accro au chocolat suisse!» Nicole est d’ailleurs actionnaire de Tercer Acto, un groupe de restaurants créé par Antonio Banderas qui propose une cuisine italienne et espagnole généreuse. «Avec ma sœur, on a aussi pour projet d’ouvrir un coffee shop dans le même esprit que Starbucks, en plus sophistiqué», confie-t-elle. Aura-t-on la chance de goûter à leur café en Suisse? «Dans un premier temps, on ouvrira à Malaga. Par la suite, on aimerait créer une chaîne et ouvrir des cafés à Paris et, pourquoi pas, à Genève.»
Si le projet se concrétise, cela ne sera pas la première fois que les sœurs collaborent. En 2019, elles ont lancé leur marque de vêtements et de sacs à main, Baniki. «Barbara est ma meilleure amie», observe Nicole. «On s’appelle dix fois par jour, renchérit Barbara. Travailler ensemble, unir nos forces, est une évidence.» Quid de la rivalité intrafamiliale? Existe-t-il, dans ce duo, des moments teintés de jalousie inhérents au fait d’être sans cesse comparées l’une à l’autre? «Bien sûr, il y a parfois de la compétition, répond Barbara. Quand une fait quelque chose, l’autre veut faire pareil. Mais cette rivalité n’est pas négative. Elle génère de l’émulation et de l’admiration mutuelle. La gémellité fascine les gens. Beaucoup nous observent comme des animaux de zoo. Même s’il est difficile de nous différencier, chacune de nous a sa personnalité propre, son individualité.»
Côté vie privée, être en couple avec une célébrité n’est pas de tout repos. «On me réduit souvent à «la femme de», déplore Nicole. Les gens pensent que j’ai la vie facile, que j’aime ce qui brille. Ils ne voient pas que je suis travailleuse, que j’offre un soutien philanthropique à plusieurs associations. Comme tous les artistes, Antonio est absorbé par ses projets et je mène une vie très indépendante. C’est indispensable pour vivre aux côtés d’une star.» Dans ce couple, c’est d’ailleurs Banderas le plus chanceux. «Ses ex étaient des actrices pas très stables. Etre avec une fille «normale», qui n’a aucun vice, qui n’a pas de sautes d’humeur, lui apporte beaucoup de sérénité.» Selon Banderas, Nicole lui a sauvé la vie deux fois. «La première fois, c’était quand il était au plus bas, en plein divorce d’avec Melanie Griffith. Je lui ai redonné la joie de vivre. Puis, en 2017, il a été victime d’une attaque cardiaque. J’ai eu le réflexe de lui mettre de l’aspirine sous la langue.» Le couple projette-t-il de se marier et d’avoir des enfants? «Antonio a déjà été marié deux fois. Il est père, il a vécu tout ça. Ce n’est plus sa priorité. Même si je suis très famille, je suis aussi heureuse ainsi. Signer un bout de papier ne signifie par ailleurs plus grand-chose. De nombreux couples se marient et finissent par divorcer quelques mois plus tard.» Et de conclure: «Se choisir chaque jour, être heureux de partager des moments ensemble, est un gage de longévité, bien plus qu’un contrat.»