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Les Romands ont du talent

«Les vaches portent du cuir de vache!»

A la Sellerie du Catogne, à Martigny, Francine Vogt travaille le cuir pour en faire, notamment, des courroies de sonnettes dans la plus pure tradition valaisanne.

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Francine Vogt dans son atelier la Sellerie du Catogne

Dans l'atelier, à Martigny, Francine Vogt n'utilise de machine que pour les rivets. Le reste est fait avec des outils anciens.

Sedrik Nemeth

Lorsqu’on entre dans la Sellerie du Catogne, à Martigny, c’est d’abord l’odeur du cuir qui frappe. Il y en a partout: accroché au mur, empilé sous la table et entre les mains de l’artisane. «Pour une sonnette classique, il me faut environ quarante-cinq minutes.» Le chrono est lancé: Francine Vogt, 35 ans, fabrique la courroie en racontant son métier, qu’elle transmet aussi aux apprentis artisans du cuir au Centre d’enseignement professionnel de Vevey. Elle connaît les gestes par cœur à force de les répéter depuis ses 18 ans, âge auquel elle se lance dans la profession. «Je voulais un métier manuel, qui sorte de l’ordinaire. J’aime le fait de revaloriser la peau de l’animal.»

Diplôme en poche, la jeune femme originaire du val de Bagnes ouvre la Sellerie du Catogne en 2011. Elle tient la boutique seule pendant plusieurs années, en recrutant de l’aide temporaire lors de «la saison des sonnettes, au printemps, juste avant les inalpes». Depuis cinq ans, un collègue partage son atelier.

Petit à petit, la courroie prend forme. Des entailles sont faites pour fixer le cuir sur la sonnette, les décorations sont ajoutées, puis les clous pour maintenir le tout. «On sent tout de suite la qualité de vie qu’avait l’animal en travaillant le cuir. Il est plus doux, il a peu de défauts.» La matière utilisée par les artisans vient des déchets de tannerie, qui ont été valorisés et transformés en cuir. Francine Vogt ne travaille qu’avec du cuir muni d’un traçage fournissant des informations sur l’origine de l’animal. Toutes les parties sont valorisées, même les plus petites, qui peuvent servir aux réparations. «On ne jette quasiment rien. La poubelle sort très rarement d’ici avec du cuir dedans.» Comme promis, trois quarts d’heure plus tard, la sonnette est terminée. Cette courroie est brune avec la décoration noire, mais dans la tradition valaisanne, c’est surtout le «noir sur noir» qui est privilégié. Et toujours en cuir bovin, car «les vaches portent du cuir de vache»!

>> Pour en savoir plus: www.sellerieducatogne.ch 
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Par Sandrine Spycher publié le 4 septembre 2023 - 10:15