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Témoignage

Bianca Sissing sur son désir de maternité: «Je regrette d’avoir attendu si longtemps»

Pendant des années, elle a mis de côté son désir d’enfant. Est-il trop tard maintenant? Si elle pouvait revenir en arrière, Bianca Sissing, 44 ans, ferait les choses différemment. Avec son partenaire, elle se bat aujourd’hui pour devenir mère.

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L’ancienne Miss Suisse Bianca Sissing

L’ancienne Miss Suisse Bianca Sissing (44 ans) travaille depuis dix ans en tant que professeure de yoga à Lucerne, dans son propre studio.

Thomas Buchwalder

Bianca Sissing est devenue célèbre du jour au lendemain, lorsqu’elle a été élue Miss Suisse, il y a vingt ans. Née d’un père suisse et d’une mère sud-africaine, la jeune femme est plus tard devenue prof de yoga et a ouvert son studio au centre de Lucerne. Ces dernières années, elle s’est faite plus discrète. Bianca Sissing a passé une période difficile dont elle a décidé aujourd’hui de parler ouvertement. 

- Bianca Sissing, vous souhaitez parler de votre désir d’enfant inassouvi. Pourquoi?
- Bianca Sissing: Il est vraiment important que les femmes ne mettent pas leur désir d’enfant de côté. J’ai fait cette erreur sans m’en rendre compte. Mon ex-mari m’a fait attendre les dix ans pendant lesquels nous avons été mariés. Il me répétait que ce n’était pas encore le bon moment pour avoir des enfants et j’ai accepté cette situation.

- Pourquoi?
- Je ne voulais pas mettre de pression, je ne voulais pas de stress. Je savais que j’étais en bonne santé, que j’avais encore le temps. Mais à la fin, ça s’est mal terminé pour moi. Je me suis retrouvée sans mari et sans enfants.

- Avez-vous dit clairement à votre partenaire de l’époque que vous vouliez des enfants?
- Dès le début. Avant même le mariage, je lui ai dit que c’était mon grand rêve.

- Quand avez-vous réalisé que quelque chose n’allait plus?
- A un moment donné, j’ai eu 40 ans. Je lui ai dit que je ne pouvais plus attendre, que je devais m’y mettre maintenant. C’est ce qui a provoqué notre divorce.

- Comment avez-vous vécu cet épisode?
- Un monde s’est effondré. C’était mon grand amour. Je me suis toujours sentie bien dans cette relation. Il n’y a jamais eu de grosses disputes. Après cela, j’ai été brisée en mille petits morceaux.

- Vous avez dû choisir entre votre grand amour et votre désir d’enfant…
- Oui, exactement. Mais à un moment donné, je me suis dit: «Est-ce que je veux rester dans cette situation?» La réponse a été: «Je décide pour moi.»

- Que conseillez-vous aux femmes qui vivent la même chose?
- Exprimez-vous! Ne pensez pas que vous avez encore du temps. Vous ne pouvez pas savoir si la machine va fonctionner. Et j’aurais dû me renseigner plus tôt sur les possibilités qui s’offraient à moi. Par exemple, il y a dix ans, j’aurais congelé mes ovules si j’avais été mieux informée. Mon gynécologue ne m’a jamais prévenue. Je trouve cela tragique. Le gynécologue devrait en parler avec ses patientes lorsqu’il sait qu’elles veulent des enfants et qu’elles ont un certain âge.

- Regrettez-vous d’avoir attendu si longtemps?
- Je le regrette tellement. J’ai attendu beaucoup trop longtemps. Je ne voulais pas passer pour une femme ennuyeuse auprès de mon mari mais j’ai fait une erreur. La fécondité des femmes est très limitée et si précieuse. Personne ne devrait jouer avec. Si un homme sait qu’il ne veut pas d’enfants, s’il change d’avis ou s’il a des doutes, il devrait en parler immédiatement avec sa partenaire.

Bianca Sissing

«Je veux sentir un bébé grandir en moi», Bianca Sissing.

Thomas Buchwalder

Fin 2019, Bianca Sissing se rend à Bali. Elle y fait la connaissance de Juan Carlos Russo, 45 ans, qui travaille comme professeur de yoga sur l’île indonésienne. «Quand je l’ai vue, je me suis dit: «C’est la plus belle femme du monde!» se souvient l’Espagnol. «Quelques mois plus tard, je suis retournée à Bali», dit-elle. Puis le covid est arrivé, les frontières se sont refermées. «Nous avons passé le «lockdown» ensemble. Et nous sommes tombés amoureux», dit Juan Carlos Russo. Depuis presque trois ans, ils forment un couple et vivent ensemble entre Lucerne et Bali.

- Bianca Sissing, lui avez-vous dit dès le début que vous vouliez des enfants?
- Bianca Sissing:
Oui, et tu étais ouvert à cette idée, n’est-ce pas?
- Juan Carlos Russo: Oui! J’ai déjà un fils de 6 ans avec mon ex-compagne. J’aime être père. Et j’aimerais bien donner un petit frère ou une petite sœur à mon fils.

- Vous vouliez tomber enceinte tout de suite?
- Bianca Sissing: Pas vraiment, c’est arrivé comme ça. Sans rien planifier. Mais j’ai fait une fausse couche après presque trois mois. Nous avons essayé et essayé encore et, un an plus tard, je suis de nouveau tombée enceinte! Et j’ai de nouveau perdu l’enfant.

- Comment cela s’est-il passé pour vous?
- Bianca Sissing: Cela a été traumatisant. Surtout la première fausse couche. J’étais chez moi, j’ai vu ce qui sortait de mon corps. Aujourd’hui encore, je ne sais pas comment l’exprimer. Une vie commençait à naître en moi et, tout à coup, elle a disparu. Après la deuxième fausse couche, je me suis demandé: «Qu’est-ce qui ne va pas chez moi? Toutes les femmes peuvent tomber enceintes, même celles qui ne le veulent pas, sauf moi.» Je trouvais cela injuste. Je me sentais très seule parce que personne ne parle des fausses couches. Quand nous, les femmes, grandissons, nous n’apprenons pas que c’est quelque chose qui arrive souvent.

- Comment s’est passée cette période pour vous en tant que couple?
- Juan Carlos Russo: 
Je pense que cette épreuve nous a rapprochés. Nous avons tous les deux réalisé à quel point nous voulions un enfant et nous avons cherché des solutions ensemble. 
- Bianca Sissing: Il m’a énormément soutenue, il a toujours été là pour moi.

Bianca Sissing et son conjoint Juan Carlos Russo

Bianca Sissing est en couple avec l’Espagnol Juan Carlos Russo depuis presque trois ans. Leur vœu le plus cher est d’accueillir un enfant.

Thomas Buchwalder

- Comment les choses ont-elles évolué?
- Bianca Sissing: Je me suis fait examiner par différents médecins. Tous m’ont donné la même réponse: j’étais tout simplement trop vieille. La qualité de mes ovules s’était dégradée et j’en avais trop peu. Il n’y avait plus d’espoir de tomber enceinte naturellement.

- Vous avez alors opté pour l’insémination artificielle?
- Bianca Sissing: Oui, l’été dernier. Nous nous sommes rendus dans une clinique de fécondation in vitro en Espagne. En Suisse, les prix sont tout simplement trop élevés. Les caisses maladie ne prennent pas en charge les coûts, ce que je trouve injuste.

- Comment s’est déroulée l’insémination artificielle?
- Bianca Sissing: J’ai dû me faire une injection d’hormones dans le ventre tous les jours à la même heure pendant deux semaines. Tous les deux jours, je devais me faire examiner. C’était une période intense et exigeante. J’avais parfois l’impression que ma tête allait exploser et j’ai vomi toute une nuit.

- Comment s’est poursuivi le traitement?
- Les médecins ont ensuite pu prélever un seul ovule sous anesthésie générale. Ils ont décidé de continuer avec celui-ci.
- Juan Carlos Russo: Un autre médecin a demandé plus tard pourquoi nous avions essayé avec un ovule seulement. En fait, les tentatives ont lieu avec trois ou quatre. 
- Bianca Sissing: Ça n’a pas marché. Nous avions investi tant d’argent et d’espoir, et puis tout a disparu. En un seul coup de téléphone.

- Comment alliez-vous pendant cette période?
- Bianca Sissing:
Très mal. Je suis tombée dans un trou et j’ai fait une dépression. C’était trop. J’avais de terribles pensées d’automutilation et j’ai commencé à avoir peur de moi-même. J’ai dû suivre une thérapie. Heureusement, cette prise en charge m’a aidée.

- Et maintenant, qu’allez-vous faire?
- Bianca Sissing:
Nous continuons à essayer, mais de manière naturelle. Nous avons trouvé en Australie une spécialiste de la fertilité qui travaille avec des couples de plus de 40 ans. Elle examine l’ensemble du mode de vie, de l’alimentation à l’équilibre hormonal, du sang aux produits quotidiens, comme les cosmétiques et les produits d’entretien. Depuis septembre, je suis un programme personnalisé.

Bianca Sissing et son conjoint Juan Carlos Russo

Bianca Sissing n’a pas perdu espoir. «Je ne veux pas passer à côté de l’expérience de mettre au monde un enfant.»

Thomas Buchwalder

- En quoi consiste-t-il?
- Bianca Sissing: Je dois éliminer beaucoup de choses de mon alimentation, comme le gluten, le sucre, les produits laitiers, le pain et les pâtisseries, le café, le thé et le chocolat. J’ai recommencé à manger de la viande. J’avale de la viande rouge trois fois par semaine, après avoir été végétarienne pendant vingt ans. Je prends également de nombreux compléments alimentaires, une trentaine de pilules par jour: acides aminés, vitamines, magnésium, zinc, etc.

- Avez-vous l’espoir d’y arriver?
- Bianca Sissing: C’est difficile de rester positif. Au début, j’étais extrêmement motivée. En hiver, j’ai un peu perdu patience. Le 1er février, j’ai eu 44 ans, mon anniversaire le plus triste. Mais je m’efforce chaque jour de ne pas perdre espoir.

- Est-ce que l’adoption ou l’accueil d’un enfant placé seraient des options envisageables?
- Bianca Sissing:
Je n’y ai pas vraiment réfléchi.
- Juan Carlos Russo: Elle a une relation très étroite et affectueuse avec mon fils.
- Bianca Sissing: Exactement. Je le traite comme mon propre fils et j’apprécie d’être une belle-mère. Mais j’aimerais quand même avoir mon propre enfant. Je veux sentir un bébé grandir en moi. Je crois que cette expérience est tellement extraordinaire que rien ne peut la remplacer. Je pense que l’amour ainsi que le lien avec son propre enfant sont incomparables. Je ne voudrais pas manquer cette expérience dans ma vie.

- Ces montagnes russes pèsent-elles sur votre relation?
- Juan Carlos Russo: 
Je ne pense pas. Nous pouvons parler ouvertement de tout. C’est extrêmement important. 
- Bianca Sissing: Le sujet est toujours dans mon esprit. Et je suis très émotive. Quand je vois une femme enceinte, je me mets à pleurer. Ou maintenant, au carnaval de Lucerne, quand je vois des parents avec leurs enfants déguisés, cela m’émeut beaucoup.

- Pensez-vous parfois que ce souhait pourrait ne pas se réaliser?
- Bianca Sissing: 
Oui, c’est une grande question. Mais je ne suis pas prête à accepter cette éventualité. J’ai le sentiment si fort qu’il y a quelque part une âme qui veut me rejoindre. Qui veut que je sois sa mère. J’ai vu dans mes rêves que j’étais enceinte, que je serrais mon enfant dans mes bras. Cette idée est très présente.
- Juan Carlos Russo: Sa volonté est si forte, je l’admire pour cela. Et je l’aime tellement. Pour moi, même si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. 
- Bianca Sissing: J’ai déjà lu des témoignages de femmes qui ont fait le deuil de leur désir d’enfant et ont continué à vivre normalement. Et qui sont tombées enceintes à ce moment-là. Je suis encore incapable de renoncer à ce désir. 

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Silvana DegondaMontrer plus
Par Silvana Degonda publié le 18 mars 2023 - 07:10