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Hommage

L'incroyable destin de l'actrice Olivia Newton­-­John, révélée dans «Grease»

Elle est la fille d’un seul film, l’inoubliable «Grease», qui a fait d’elle une idole planétaire. On a vanté sa beauté, son tempérament. On a compati quand elle a révélé souffrir d’un cancer du sein, puis admiré sa ténacité face à la maladie, trente ans durant. Jusqu’à sa mort. Elle avait 73 ans.

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Olivia Newton­-­John

En 1980, Olivia Newton-John tourne «Xanadu», dont la musique, signée Jeff Lynne (Electric Light Orchestra), n’évitera pas l’échec du film en salle. Mais, sur le tournage, la star rencontre Matt Lattanzi, son premier mari, le père de sa fille unique.

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Blaise Calame

«Je ne suis pas l’innocente que l’on croit», confiait Olivia Newton-John à «Rolling Stone» en 1978, lassée de sa réputation de blonde chaste. La comédie musicale Grease et ses tubes indémodables, tel l’incandescent «You’re The One That I Want», vont la transformer. Tout de noir vêtue, les cuisses moulées dans un pantalon si serré qu’il était directement cousu sur elle sur le tournage, la prude Sandy allume Danny le «bad boy» (John Travolta). Mythique. Pour l’anecdote, la tenue sera vendue 405 000 dollars aux enchères pour financer la recherche médicale contre le cancer.

Arrivée aux Etats-Unis en tant que chanteuse en 1975, après des débuts en Australie, Olivia Newton-John doit une fière chandelle au producteur Alan Carr, au cinéaste Randal Kleiser et à John Travolta, certains de tenir avec elle «leur» Sandy. Agée de 28 ans à l’époque, l’actrice se voit mal incarner une lycéenne. Elle demande à tourner un essai – concluant – avec Travolta.

Grease

La rencontre électrique de Sandy et Danny, interprétés par Olivia Newton-John et John Travolta, dans «Grease» (1978), l’une des comédies musicales les plus populaires de l’histoire du cinéma.

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Il a d’ailleurs été l’un des premiers à réagir à son décès, sur Instagram: «Ma très chère Olivia, tu as rendu nos vies tellement meilleures. Ton impact a été incroyable. Je t’aime tant. […] Ton Danny, ton John.»

«Grease» a offert à Olivia Newton-John une métamorphose. La blonde virginale se mue en sexe-symbole torride, enchaîne avec «Xanadu» (1980), un nanar intersidéral devenu culte lui aussi, et sort un album au titre éloquent: «Totally Hot». Lui succède «Physical» (1981), son plus grand succès, vendu à plus de 2 millions d’exemplaires aux Etats-Unis. Son étoile sur le Walk of Fame est acquise.

Militante en faveur du bien-être animal, fondatrice de Koala Blue, une entreprise vendant des produits australiens à travers le monde, elle s’efface trois ans pour élever Chloe Rose, la fille qu’elle a eue avec l’acteur Matt Lattanzi, épousé en 1984. La vie est belle.

Cadette de quatre enfants nés à Cambridge, en Angleterre, Olivia Newton-John chérit ses sœurs Rona, Sarah et son frère Toby. Irene, la mère, est Allemande et la fille de Max Born, un ami d’Einstein, lauréat du Prix Nobel de physique 1954 pour sa contribution à la physique quantique. Les Born ont fui l’Allemagne nazie. Brin Newton-John, le père, ancien agent du MI5, a été impliqué dans l’arrestation de Rudolf Hess en 1941. Après le conflit, il dirige un collège de garçons, puis accepte un poste de prof d’allemand à l’Université de Melbourne en 1954. L’exil, puis le divorce.

Olivia, 11 ans, reste avec maman. Elle démarre sa carrière à 14 ans sous le pseudonyme de Lovely Livvy, forme un groupe de filles, les Sol Four, se produit en solo dans des radio et télécrochets. Elle gagne un voyage à Londres, où elle rentre avec sa mère en 1964. Premier single en 1966, premier album en 1970. En 1974, le titre «I Honestly Love You» la propulse en tête du hit-parade américain. La même année, elle finit quatrième du Concours Eurovision, remporté par le groupe Abba. Elle part aux Etats-Unis où la scène country va lui faire une (petite) place.

Olivia Newton­-­John

L’Australie, qui l’a adoptée, lui offre en 2000 un moment inoubliable lors de l’ouverture des JO de Sydney au côté du tennisman Patrick Rafter. 

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En 1992, son père décède. Peu après, on lui diagnostique un cancer du sein: mastectomie partielle, chimio, reconstruction. Elle réclame le dépistage systématique. Matt, son mari, la trompe avec la baby-sitter. Elle divorce. Aux Jeux de Sydney, elle chante et porte la flamme olympique. Tout un symbole. En juin 2005, son fiancé Patrick McDermott, caméraman, sort pêcher en mer et… disparaît. On le retrouve casé avec une autre en 2010, au Mexique. Rude.

Dans l’intervalle, elle a rencontré John Easterling, un homme d’affaires un brin perché. Ils se rendent dans la jungle péruvienne où ils sont initiés à l’ayahuasca. Révélation. «Cela a changé ma vie, confie-t-elle au «Guardian» en 2020. Sans cette expérience, je n’aurais peut-être pas épousé John (mariage célébré le 21 juin 2008 selon le rite inca à Cuzco, au Pérou, ndlr).» Son intérêt pour les plantes s’affirme. Elle est persuadée qu’un remède contre le cancer se cache dans la nature.

En 2013, le destin s’acharne. Olivia Newton-John perd sa sœur aînée Rona. Son cancer revient. Elle le met en échec. Quatre ans passent, mais il récidive fin mai 2017. «Là, j’ai senti que quelque chose n’allait pas», raconte-t-elle. Une tumeur s’est fixée sur sa colonne vertébrale. Opérée en 2018, la star est contrainte de réapprendre à marcher. Un chemin de croix.

Olivia Newton­-­John

Le 6 octobre 2019 à Sydney, elle pose lors d’un événement caritatif avec sa fille, Chloe Rose, et son second époux, John Easterling.

Sam Tabone

Le cannabis médical la soulage. Son mari, patron d’Amazon Herb Company, en produit. «Cela m’aide pour calmer les douleurs et l’anxiété, pour dormir aussi», avoue-t-elle. Sa fille Chloe Rose se lance à son tour dans ce business florissant, dans l’Oregon.

Lorsque les médias saluent sa pugnacité face à la maladie, en 2019, Olivia Newton-John nuance: «Je ne fais pas la guerre à mon cancer. Je ne me vois pas comme une combattante… Je n’aime pas la guerre. J’ai vécu cette épreuve trois fois déjà et je suis toujours là. J’ai de la chance.» Elle ajoute: «Le cancer n’est pas une condamnation à mort, c’est un voyage.» Le 8 août 2022, il s’est achevé dans son ranch proche de Santa Barbara. Olivia avait 73 ans.

Par Blaise Calame publié le 17 août 2022 - 08:45